De nouvelles wilayas en Algérie

Algérie - Des grandes daïras vont devenir des wilayas déléguées, a annoncé jeudi, à l’APN, Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales.

On attendait -comme c’est la coutume à chaque fois que l’on évoque un nouveau découpage administratif- l’annonce de la création de nouvelles wilayas, on a plutôt celle d’une structure intermédiaire entre la daïra et la wilaya.

Ces grandes daïras vont donc faire une sorte de transition avant de devenir des wilayas à part entière. Le ministre de l’Intérieur n’a pas donné d’indication nominative sur les grandes daïras qui changeront de statut mais il a livré quatre critères qui permettent d’en circonscrire le nombre.

En réponse à une question orale d’un député, le ministre de l’Intérieur a annoncé que le projet de nouveau découpage administratif sera bientôt au Conseil de gouvernement et que les nouvelles «wilayas déléguées» seront constituées sur la base de critères d’éloignement géographique, de densité de la population, du nombre de communes et enfin un critère plus directement politique dit de souveraineté.

A la faveur des exemples choisis pour illustrer la pertinence des critères choisis, certaines de ces nouvelles «wilayas déléguées» sont déjà connues.

C’est le cas par exemple d’Aïn Salah dont l’éloignement du chef-lieu de wilaya de plus de 700 km explique aisément le critère territorial.

L’exemple est cependant trop «évident» et ne permet pas de dire à partir de quelle distance on considère que le critère de l’éloignement est suffisant pour justifier la création d’une wilaya déléguée.

Mais si l’on reste dans l’ordre de grandeur cité, cela signifie clairement que les nouvelles «wilayas déléguées», créées au nom du critère de l’éloignement géographique du chef-lieu, seront strictement limitées au sud du pays. C’est-là, effectivement, où les distances sont significatives.

Au nord, ce sera plutôt la densité de la population et le nombre des communes qui joueront dans la création de ces wilayas déléguées.

Alger, Constantine et Oran sont «inévitablement concernées» mais aussi Annaba, Sétif, Batna peuvent se prévaloir de ce critère de densité de la population. Le ministre a relevé que certaines daïras comptent plus d’un million d’habitants alors que la moyenne se situe entre 400.000 et 500.000 habitants. Pour le nombre de communes, Médéa et Béjaïa, citées en exemple, savent qu’elles auront une «wilaya déléguée».

Eviter l’emballement ?

Le dernier critère, dit de souveraineté, concerne les régions frontalières avec le Mali et Bir El-Ater à la frontière avec la Tunisie. Ce critère, a indiqué, le ministre se justifie par «les relations avec les pays voisins, l’échange commercial et la sécurité».

Il faut se demander si l’application de ce critère sera valable que dans les deux cas cités par le ministre. Car, les soucis de sécurité au niveau des frontières, dans un pays aussi vaste que l’Algérie, font que l’argumentaire développé est aussi valable pour Maghnia, In-Guezzam, Djanet...

La création d’une wilaya ou d’une wilaya déléguée impliquant une présence plus grande de l’Etat, cela équivaut aussi comme un message politique au voisinage. Si on n’a pas une idée exacte sur l’identité des daïras qui seront promues au rang de «wilayas déléguées», on peut se demander pourquoi le gouvernement ne décide pas de sauter le pas immédiatement pour en faire des wilayas à part entière?

Apparemment le ministre avance un aspect matériel et organisationnel, le statut de «wilaya déléguée» permettant de créer en douceur les conditions d’un passage vers le statut de wilaya. Mais on peut se demander s’il ne s’agit pas aussi de «contrer» la demande et d’éviter un emballement en matière de création de nouvelles wilayas.

La «rumeur» écrite voulait, en effet, que le nouveau découpage donne naissance à quinze nouvelles wilayas. Si l’on se contente de la création de wilayas déléguées, on en restera à 48 wilayas. En attendant que les wilayas «déléguées» deviennent des wilayas, tout simplement.

Par M. Saâdoune - Quotidien d'Oran