Téhéran propose à la France d’enrichir de l’uranium en Iran
Iran - Alors que se poursuivent les contacts entre le négociateur iranien Ali Larijani et le diplomate européen Javier Solana, Téhéran surprend en proposant à la France de «créer un consortium pour la production en Iran d’uranium enrichi», pour sortir de la crise du dossier du nucléaire.
«La meilleure solution pour dissiper les inquiétudes au sujet des activités nucléaires iraniennes n’est pas de demander la suspension de ces activités», a déclaré le directeur adjoint de l’Agence iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Saïdi.
«Nous avons une idée, c’est que la France crée un consortium avec les sociétés françaises Eurodif et Areva pour faire de l’enrichissement de l’uranium en Iran, et, ainsi, ils pourront surveiller étroitement nos activités», a poursuivi ce responsable.
Cette proposition reprend, mais en identifiant cette fois un partenaire, celle émise il y a un peu plus d’un an par le président Ahmadinejad. Il avait annoncé à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2005 que Téhéran était «prêt à s’engager dans un partenariat sérieux avec les secteurs privé et public d’autres pays sur le programme d’enrichissement de l’uranium en Iran».
Cette offre avait reçu à l’époque un accueil froid, notamment de la France. Elle intervient cette fois alors que les Occidentaux envisagent d’adopter des sanctions contre l’Iran s’il persiste à ne pas se plier à l’exigence du Conseil de sécurité.
Le sous-secrétaire d’Etat américain Nicholas Burns négocie actuellement les éléments d’une liste de mesures contraignantes avec ses homologues des cinq autres puissances impliquées dans le dossier (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).
Pendant ce temps, Ali Larijani et Javier Solana ont décidé de poursuivre leurs contacts pour tenter de trouver une issue à la crise. Solana a averti que le temps restant pour obtenir des Iraniens qu’ils suspendent tout enrichissement de l’uranium «n’était pas illimité».
En réaction, la France a écarté cette proposition iranienne en soulignant que le «canal de dialogue» devait passer par le diplomate européen Javier Solana. «Il faut que les Iraniens suspendent leurs activités d’enrichissement, c’est sur ce point que nous attendons une réponse iranienne.
S’il y a une réponse positive des Iraniens sur ce point-là, il pourra y avoir des négociations où chacun sera libre d’apporter les propositions qu’il souhaite», ont déclaré le ministère des Affaires étrangères français. La proposition iranienne est «une offre inédite, et, d’une certaine façon, elle nous a surpris».
De son côté, Javier Solana a jugé «intéressante» la proposition iranienne de faire surveiller par la France l’enrichissement de l’uranium en Iran, tout en soulignant qu’elle avait besoin d’être «analysée».
Par Moumène Belghoul et agences - La Tribune
|