Le Maroc au pied du mur
Maroc - Après l’adoption par la commission onusienne de décolonisation de la résolution reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, le palais royal alaouite semble être dans le désarroi et s’engage ainsi dans une fuite en avant sans issue au vu de la légalité internationale. Comme si l’abstention de la France, de l’Espagne et du Portugal allait modifier la tendance lourde de l’histoire. Il ne s’agit pas d’une terre située sur la Lune, mais d’un territoire habité par des populations qui aspirent à l’affranchissement, à la liberté et à la souveraineté.
Ce territoire est occupé au nom d’un royaume mythique, au nom d’une volonté expansionniste, au nom du déni du droit humain et des peuples à l’autodétermination. Ce qui est étrange et paradoxal dans l’attitude aventuriste du Maroc, c’est son occupation illégitime d’un territoire qui n’a jamais été le sien au nom du même mythe que celui que s’est fabriqué Israël pour occuper la Palestine.
Le Maroc réfute les référents mythiques d’Israël et défend les siens. Le Maroc, n’a-t-il pas envoyé des troupes pour soutenir la coalition en 1991, pour combattre l’Irak qui a envahi le Koweït. L’Irak avait estimé alors que le Koweït faisait partie de son territoire avant que les Britanniques ne divisent le pays pour créer un Etat satellite. La Syrie pourrait invoquer les mêmes arguments pour annexer le Liban et la liste est longue des pays dont la géographie a été modifiée par le colonialisme et les aléas de l’histoire.
Au-delà de ces aspects qui n’ont aucune assise historique ou juridique pour occuper un territoire au nom des mythes, le Maroc avait accepté en 1975 le partage du Sahara occidental avec la Mauritanie. Ensuite, le Maroc a érigé un mur qui divise le Sahara occidental en deux parties, orientale et occidentale, occupant la partie économiquement «utile» et abandonnant la partie ouest désertique.
Si la Maroc avait la conviction que le Sahara occidental était historiquement marocain, il n’aurait jamais laissé ce territoire aux Espagnols. Les Marocains auraient combattu l’occupant comme ils ont combattu les occupant français entre 1912 et 1956. A défaut, le Maroc n’aurait jamais accepté de partager ses territoires avec aucun autre pays. Enfin, le Maroc n’aurait jamais scindé sont territoire en deux entités, l’une sous son contrôle et l’autre laissée pour compte.
En fait le Maroc s’est comporté exactement comme un occupant illégitime d’un territoire qui ne lui appartient pas et qui ne lui appartiendra jamais. Mieux encore, en 1992, il a négocié avec le Front Polisario et a signé les accords de Houston devant aboutir à l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
En 1994, lorsque le Maroc s’est rendu compte que le pays voisin qui apporte un soutien indéfectible au Polisario et à la RASD, était dans une situation de crise profonde et que l’Etat algérien vacillait, il a décidé d’exploiter l’attentat de Marrakech pour envenimer ses relations avec l’Algérie et renier du même coup, ses engagements internationaux.
Car en fait, le Maroc a compris que s’il y a référendum, c’est l’indépendance qui l’emporterait et ce, en dépit de tous les subterfuges et fraudes possibles auxquels il aurait eu recours.
Le Maroc a même bradé ses richesses halieutiques et celles du Sahara occidental pour soudoyer des lobbies de pression en France, en Espagne et au Portugal et ailleurs afin de priver les Sahraouis de leur droit. Enfin, le Maroc ne fait que perdurer les misères des Sahraouis car, il est désormais clair que les peuples en lutte auront, tôt ou tard, le dernier mot.
Par Abdelkrim Ghezali - La Tribune
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