Liban : L’opposition libanaise réclame la chute du gouvernement Siniora
Liban - Le bras de fer opposition-gouvernement Siniora transposé dans la rue beyrouthine semble s’éterniser avec le durcissement des positions des différents protagonistes. Pour les manifestants plus déterminés que jamais, il n’y a pas d’autre issue que la chute du gouvernement actuel.
Un gouvernement peu représentatif de la réalité libanaise et qui ne daigne pas particulièrement ouvrir le champ d’activités à l’opposition dans un pays plus que jamais fragilisé depuis l’assassinat de Hariri suivi par le retrait syrien et ses conséquences sécuritaires et l’agression israélienne de l’été dernier. L’opposition n’accepte pas, avec juste raison d’ailleurs, que les décisions vitales pour l’avenir du pays se «prennent ailleurs». Et la contestation ne semble pas fléchir pour le moment. On parle même de la préparation d’un rassemblement exceptionnel dans l’histoire du Liban durant les prochains jours. «Ceux qui misent sur notre reddition se font des illusions», a lancé le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah, jeudi dans son discours retransmis sur un écran géant installé dans le centre de Beyrouth, où étaient rassemblés des milliers de manifestants.
En sit-in depuis une semaine dans la capitale libanaise pour obtenir la chute du gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora, ces manifestants se préparent même à passer à une seconde phase et durcir leur mouvement. Les chefs de file de l’opposition ont appelé à une nouvelle manifestation, demain, dans le centre de la capitale, avant de recourir à d’«autres moyens de protestation» pour faire valoir leurs droits constitutionnels. L’opposition, qui n’a pas précisé la nature de ses actions futures, demande le départ d’un gouvernement qu’elle juge illégitime et qui s’est caractérisé par une nette politique d’exclusion. Notamment après ses positions contre un éventuel gouvernement d’union nationale et contre des élections anticipées, comme l’a maintes fois réclamé l’opposition. Cette dernière semble décidée à avoir gain de cause. Une première manifestation avait rassemblé des centaines de milliers de personnes dans le centre de Beyrouth, le 1er décembre.
Depuis, des milliers de manifestants participent au sit-in illimité devant le Sérail, siège du gouvernement pour faire aboutir leurs revendications. Le chef du Courant patriotique libre, le général chrétien Michel Aoun, un des piliers de l’opposition et vieux routier de la politique au pays du Cèdre, a promis une «escalade de la pression populaire» si le statu quo perdurait. En effet, le camp de «la majorité» table sur un essoufflement de la contestation pour imposer son agenda à une opposition qu’il sait représentative. Fouad Siniora, mis à mal par cette périlleuse épreuve, feint de jouer l’apaisement en réitérant son appel au dialogue pour sortir de la crise.
«Nous savons tous qu’aussi longtemps que puisse durer la crise, les Libanais devront s’asseoir ensemble» pour la résoudre, a déclaré Siniora devant ses partisans. Mais Siniora semble oublier que la solution se trouve également dans son camp qui détient le pouvoir de la décision. Si, bien entendu, cette dernière n’est pas prise à Washington ou à Paris. L’armée libanaise, qui semblait jusque-là s’accommoder d’une neutralité saluée par Hassan Nassrallah lors de son discours, a déployé près de 20 000 hommes à Beyrouth, renforcés par des centaines de véhicules blindés et de chars. Les journées qui s’annoncent pourraient être décisives, voire capitales pour l’avenir du pays.
Par Moumene Belghoul - La Tribune, le 9 décembre 2006.
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