Algérie : Rencontre Gouvernement-Walis
Algérie - Le président de la République a fustigé hier, sans le nommer, le chef du MSP et ministre d’Etat, Aboudjerra Soltani, en affirmant que tout responsable qui «prétend détenir des preuves» de cas de corruption doit les soumettre à la justice, sinon, dans le cas contraire,
«il sera lui-même poursuivi».
Une déclaration qui prend les allures d’une remise à l’ordre, adressée au chef du MSP qui a prétendu dernièrement détenir des dossiers de corruption impliquant de hauts responsables, tout en refusant de révéler des noms.
Le président de la République, qui s’exprimait à l’ouverture de la rencontre gouvernement-walis, a estimé à ce propos, que «toute personne qui dit avoir des dossiers ou des preuves (de corruption) doit les soumettre impérativement et sans retard à la justice, sans attendre l’aval de quiconque et sans que cela ne prenne l’allure d’un règlement de comptes ou de calomnies«.
Et d’ajouter: «Je donnerais des instructions à la justice pour que tout responsable prétendant détenir des dossiers, apporte des preuves ou, alors, il sera lui-même poursuivi en justice». Soulignant que la lutte contre la corruption concerne toute la société, le chef de l’Etat a affirmé que l’image de l’Algérie ne saurait faire l’objet d’un quelconque marchandage. «Je prends à témoin, devant vous, le peuple algérien, pour affirmer que celui qui détient des preuves de (cas) de corruption doit les soumettre à la justice et si cette dernière se révèle incapable, je la dénoncerais devant le peuple algérien», a-t-il martelé sous les applaudissements nourris de l’assistance.
Ce recours à la justice «doit être fait par devoir et également par égard aux droits des citoyens», a-t-il relevé. La liberté de la presse en Algérie «donne la possibilité à chacun de s’exprimer, mais je ne saurais accepter qu’un citoyen, quel que soit son statut, utilise la réputation de l’Algérie comme fonds de commerce», a affirmé le président Bouteflika. Le chef de l’Etat a déploré, par ailleurs, le fait que «certains se complaisent dans le recours à des chaînes de télévision arabes qui veulent nuire à l’image de l’Algérie», rappelant, à cet effet, «le travail titanesque accompli par l’Algérie, depuis 1999, pour recouvrer sa crédibilité», qui ne doit en aucun cas, a-t-il dit, «être ébranlée par des déclarations irresponsables».
«Nous avons suffisamment d’ennemis à l’étranger qui voient d’un mauvais oeil l’ambitieux programme de développement que nous sommes en train de mettre en oeuvre et qui a justement besoin de la crédibilité de l’Algérie», a-t-il encore souligné. «Celui qui veut faire de la politique, qu’il le fasse, mais en dehors des cercles officiels», a déclaré le président Bouteflika, ajoutant que «la réussite personnelle ou politique ne peut, en aucun cas, se faire au dépens de l’intérêt national». «Que cela soit clair pour tous», a-t-il averti.
Emboîtant le pas au président de la République, le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a, de son côté, lancé le même appel, en demandant à toute personne qui a en sa possession des informations et des dossiers sur la corruption de saisir la justice.
«Il s’agit de demander à tous ceux qui ont des informations et des dossiers sur la corruption de joindre directement sans aucune autorisation, les procureurs de la République et les procureurs généraux», a déclaré M. Belkhadem en marge des travaux de la réunion gouvernement-walis, qui a entamé ses travaux, hier, à Alger.
«S’il y a des déclarations, il y a une action de justice», a ajouté le chef du gouvernement.
D’ailleurs, le parquet de la République s’est auto-saisi suite aux déclarations publiques de Aboudjerra Soltani relatives à des cas de corruption. Une information confirmée, hier, par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Tayeb Belaïz. Sollicité par l’APS pour savoir si le parquet s’est auto-saisi suite à des déclarations sur des cas de corruption, le ministre de la Justice a répondu: «Bien sûr, le parquet de la République représente la société. Il peut s’auto-saisir et c’est à lui que revient la décision d’apprécier», a souligné M. Tayeb Belaïz.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, a précisé que si des personnes ont «des dossiers comme elles le prétendent, elles doivent les remettre à la justice; dans le cas contraire, elles se rendront coupables du délit de non-dénonciation ou d’outrage à corps constitué». Le ministère public est «donc libre de déclencher l’action publique sauf dans des cas bien précis lorsque le législateur impose une plainte au préalable» comme c’est le cas dans les affaires de diffamation, a encore expliqué le ministre de la Justice.
Le président du MSP (Mouvement pour la société de la paix), M. Aboudjerra Soltani, également ministre d’Etat sans portefeuille dans le gouvernement actuel, avait déclaré la semaine dernière à la presse qu’il détenait des dossiers de corruption impliquant de hauts responsables et qu’il se réservait le droit de les rendre publics au moment opportun.
Par H. Barti - Quotidien d'Oran, le 10 décembre 2006.
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