Algérie : Bouteflika en défenseur d'un choix économique
Algérie - «Notre économie tout entière évolue actuellement autour d’un centre de gravité qui s’appelle le pétrole, ressource non renouvelable.» C’est le propos du président de la République, hier, devant les walis réunis, au palais des Nations, Club des Pins. Le chef de l’Etat a copieusement parlé des hydrocarbures à la faveur de cette rencontre et a évoqué l’amendement de la législation pétrolière intervenu fin 2006. Il a rappelé que l’Etat était revenu sur la première mouture de la loi sur les hydrocarbures pour permettre aux générations futures de bénéficier d’une part des richesses nationales.
Abdelaziz Bouteflika reprend ainsi l’exposé des motifs de l’ordonnance portant modification de la loi sur les hydrocarbures, votée elle, en 2005. L’ordonnance dont il est question rétablit, ou presque, le régime de partage de la production; elle accorde au groupe Sonatrach le droit de prendre la majorité dans les permis d’exploitation attribués aux compagnies pétrolières étrangères. Si elle arrange les affaires de Sonatrach, l’ordonnance n’en a pas moins provoqué des réactions hostiles dans le carré de ceux qui voulaient une libéralisation plus poussée dans le secteur pétrolier en Algérie, à la manière de ce qui a été fait dans certains pays en voie de développement.
Le président de la République, critique envers des options exagérément libérales, favorables beaucoup plus aux marchands qu’aux investisseurs, semble avoir été circonspect pour ce qui est des hydrocarbures, secteur attractif sans la nouvelle législation. L’ordonnance dont il s’agit, et dont il serait l’artisan, personne ne s’y attendait. Elle colle en tout cas, à un choix économique défendu par le chef de l’Etat, dans une perspective qui ne serait pas forcément le résultat d’un secteur des hydrocarbures très abouti, très ouvert. Le président de la République veut ainsi, et il n’est pas le seul à le demander, des secteurs de substitution au pétrole, inscrits dans le futur.
Est-ce réalisable? Il dira à ce sujet : «Je veux partager avec vous, à l’adresse des walis, l’angoisse qui est la mienne devant cette responsabilité. Il est clair que le pays peut garantir à la génération actuelle, une vie normale, sinon décente, il est moins sûr de l’affirmer pour les prochaines générations», a-t-il souligné. Pour le chef de l’Etat, quelles que soient les décisions ou les initiatives prises, elles ne sauraient être pertinentes, ni valides que dans la mesure où le pays s’engage résolument dans l’édification d’une véritable économie de substitution à celle des hydrocarbures. De même, a-t-il ajouté, l’accroissement de nos exportations d’hydrocarbures fait monter de manière spectaculaire le taux de croissance économique du pays, alors que la réduction de ces exportations a une incidence directe négative sur le taux de croissance.
Par Youcef Salami - La Tribune, le 10 décembre 2006.
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