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Algérie : Le gaz, les Espagnols et le nucléaire algérien

Chakib KhelilJeudi, sur les ondes de la chaîne II de la radio nationale, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a abordé les questions d'actualité.Le Medgaz dans l'impasse.

Le gazoduc algéro-espagnol, actuellement en chantier, risque de ne pas traverser la Méditerranée. Le projet est, en effet, entré dans une nouvelle phase de turbulences, après le refus de Sonatrach des conditions espagnoles pour l'exercice de ses droits de vote en tant qu'actionnaire majoritaire dans la société Medgaz, chargée de concrétiser le gazoduc.

Jeudi, sur les ondes de la chaîne II de la radio nationale, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a lancé de nouvelles attaques contre les Espagnols sur les deux dossiers qui alimentent les tensions entre les deux pays: le Medgaz et la hausse des prix du gaz livré par Sonatrach à Gas Natural. Sonatrach a introduit un recours, le 8 juin auprès de la Commission nationale de l'Energie espagnole et du gouvernement espagnol pour jouer librement son rôle d'actionnaire majoritaire dans la société Medgaz.

Un délai d'un mois est accordé aux Espagnols pour répondre et lever les conditions imposées à Sonatrach en échange de l'augmentation de 20% à 36% de ses parts dans le Medgaz. Des conditions jugées contradictoires et contraignantes par le ministre. «Les Espagnols autorisent Sonatrach à commercialiser sur leur marché seulement un milliard de m3 de gaz de sa part dans le Medgaz qui est de 3 milliards de m3. Que va-t-elle faire du reste d'autant que Sonatrach est obligée d'acheminer au moins 80% de cette quantité?

On veut bien une réponse à cette question», a dit le ministre. Et si les Espagnols campent sur leurs positions, l'Algérie prévoit d'autres actions pour obtenir gain de cause. Le ministre n'a pas donné de détails, mais il a fait remarquer que Sonatrach a les bonnes cartes pour négocier. D'abord, la compagnie nationale a décidé de limiter sa participation au financement du projet à seulement 26% au lieu de 36%, en attendant l'aboutissement de son recours. «Les contrats de vente de gaz ne sont pas encore finalisés entre Sonatrach et ses partenaires dans le Medgaz.

Sans Sonatrach, le Medgaz ne signifie rien», a expliqué le ministre. Autre carte importante, l'application par l'Algérie de la règle de réciprocité. «Les sociétés espagnoles travaillent librement, sans aucune restriction dans notre pays, dans la production et l'exploration du pétrole. Les sociétés espagnoles ont obtenu 30% des contrats de dessalement d'eau de mer», a relevé M. Khelil qui n'a pas fait état de mesures de restrictions contre les entreprises espagnoles. Un éventuel échec du Medgaz aura, sans doute, des conséquences graves sur l'approvisionnement en gaz du marché espagnol et compromettrait les objectifs de l'Algérie de porter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 en 2010.

«L'Algérie ne va rien perdre au cas où le gazoduc ne se réalisera pas. L'unité de liquéfaction de gaz de Béni-Saf est maintenue. Nous allons liquéfier le gaz et le vendre sur d'autres marchés, aux Etats-Unis. Nous n'allons pas vendre du GNL aux Espagnols. Ce n'est pas intéressant», a expliqué le ministre. Avant d'ajouter: «ce sont les Espagnols qui seront perdants en cas d'échec du Medgaz. Ils seront obligés d'acheter du GNL qui est trois fois plus cher que le gaz transporté par pipe».

La hausse des prix du gaz livré par Sonatrach à Gas Natural est l'autre dossier qui alimente les tensions énergétiques entre l'Algérie et l'Espagne. Le ministre a été clair: la justice va trancher sur cette affaire qui dure depuis deux ans.

Sur le gazoduc qui reliera le Nigéria à l'Espagne via l'Algérie et le Niger, le ministre a annoncé la présentation du projet aux Européens, le 9 juillet à Bruxelles. But: obtenir le soutien de l'Union européenne pour la construction du Transsaharien dont la capacité peut atteindre 30 milliards de m3 et la mise en service est prévue en 2015.

Nucléaire: l'Algérie signera le protocole additionnel de l'AIEA

L'Algérie accélère les préparatifs pour se doter de la technologie nucléaire civile. Objectif: produire de l'électricité et dessaler de l'eau de mer en utilisant l'uranium. Après signature, le 9 juin dernier, d'un accord dans le nucléaire avec les Américains, le ministre de l'Energie a fait état de discussions avec les Français sur le même sujet. Une délégation française est attendue en Algérie pour des négociations sur le nucléaire civil.

La France est prête à fournir la technologie pour la construction de centrale nucléaire civile dans notre pays en échange de matières premières: uranium et gaz naturel. Le renforcement de la coopération énergétique avec l'Algérie fait partie des priorités du nouveau président français Nicolas Sarkozy qui devrait effectuer une visite dans notre pays avant la fin de l'année. Le ministre s'est montré «moins bavard» sur le projet d'alliance entre Sonatrach et Gaz de France (GDF), évoqué lors de la campagne présidentielle française par Nicolas Sarkozy. «Il n'y a rien de concret sur la table. Nous n'avons rien reçu», a répondu sèchement le ministre.

L'Opep n'augmentera pas la production avant septembre

«Il n'est pas nécessaire d'augmenter la production. L'offre est suffisante, ce sont les capacités de raffinage qui manquent», a déclaré le ministre. Réclamée par l'Agence internationale de l'Energie (AIE) pour faire face à la hausse des prix du brut de ces dernières semaines, l'augmentation n'est pas à l'ordre du jour. Les pays de l'Opep refusent de toucher à la production avant leur réunion prévue au moins de septembre. «Nous allons discuter de trois options: maintien des quantités actuelles, réduction ou augmentation de la production. D'ici-là, il n'y aura pas de hausse de la production», a souligné M. Khelil.

La hausse des prix du pétrole est, selon le ministre, due à l'accroissement de la consommation et aux problèmes politiques au Nigeria et au dossier du nucléaire iranien. «Les prix vont rester élevés durant l'été», a prédit M. Khelil.

54 milliards de dollars de recettes prévues en 2007

Sonatrach compte exporter pour 54 milliards de dollars cette année. La compagnie nationale table, en effet, sur le même niveau de recettes que celui de l'année écoulée, selon le ministre de l'Energie et des Mines. «Malgré la baisse des prix en début d'année, nous allons maintenir la valeur de la vente des hydrocarbures, sans compter le milliard de dollars de la taxe sur les superprofits pétroliers», a souligné M. Khelil.

La collecte de cette taxe devra, en effet, rapporter à l'Algérie un milliard de dollars supplémentaire. «La collecte se déroule normalement», a fait remarquer le ministre. Il a déclaré que des investissements de 46 milliards de dollars sont prévus dans les hydrocarbures d'ici à 2011, notamment l'aval pétrolier et gazier. Les investissements seront réalisés par Sonatrach en partenariat avec des groupes étrangers.

Il a répété aussi que Sonatrach ambitionne de se développer à l'international et y réaliser 30% de son chiffre d'affaires en 2015. Après le Pérou et plusieurs pays africains, la Sonatrach s'installera bientôt au Venezuela et en Mauritanie, avec qui des négociations sont en cours.

Dans le raffinage, Chakib Khelil a rappelé l'objectif de raffiner 50% de la production de brut à l'horizon 2012. Il a également évoqué le problème des prix de l'électricité en souhaitant une décision rapide du gouvernement sur la question d'augmenter les prix ou de subventionner la réalisation des infrastructures électriques «de plus en plus coûteuses».

M. Khelil a souligné qu'un milliard de dollars est consacré pour améliorer la sécurité des installations pétrolières et le démarrage d'un long programme de formation de dix des employés de Sonatrach avec Statoil. Il a également annoncé le début, en 2008, des travaux de la nouvelle ville de Hassi Messaoud.

Le ministre a fait état de la croissance du secteur des mines grâce à la loi minière de 2001. En 2006, les exportations de produits miniers ont dépassé de 58 millions de dollars les importations de l'Algérie.

Enfin sur l'Opep du gaz, M. Khelil a indiqué que le projet n'est pas abandonné et sera discuté, en 2008, lors d'une réunion à Moscou.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après le Quotidien Oran, Hamid Guemache. Le 16 juin 2007.

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