Algérie Monde

 

Algérie : Hausse des prix, émigration clandestine, scandales financiers...

Chomage AlgériePris pourtant en flagrant délit d'impuissance face à la dégradation des conditions de vie des citoyens, les membres du gouvernement choisissent de se mettre en état de «veille» pour «surveiller» une crise inflationniste dont les effets rongent depuis longtemps les fondements de la société.

En ces temps de grande évasion de milliers d'Algériens vers des cieux plus cléments, tous âges confondus, l'on se demande si le gouvernement a eu la présence d'esprit de se poser la question du pourquoi d'une situation aussi dramatique. Paru dans l'édition de samedi du Quotidien d'Oran, les propos des «Hommes en fuite» vers l'autre rive de la Méditerranée déplorent le fait qu'ils ne trouvent pas d'emploi et vivent sous la hogra.

Pourtant des millions de personnes à travers la planète ne travaillent pas mais ne fuient pas pour autant leur pays. En Algérie, les temps semblent réellement durs, trop durs pour une société qui a chaviré pendant de longues années mais qui n'a pas été secourue par ceux censés lui tendre la main, ses gouvernants. Ce profond désespoir, les sociologues l'expliquent par le fait «qu'il y a effectivement tous les aspects liés aux besoins de base qui manquent aux citoyens, c'est-à-dire un revenu minimum, des structures de santé performantes, un système éducatif sain et une justice indépendante et au service du citoyen». C'est ce qu'ils identifient comme étant «les fondamentaux d'une société qui produit de la cohésion».

Or, s'ils arrivent à manquer, disent-ils, «on renie le pays et ses hommes» (Nakfour bil bilad ouel ibad). Mais il n'y a pas que cela. Les sociologues relèvent aussi l'absence de besoins radicaux, c'est-à-dire, soulignent-ils, «ce qu'on appelle une utopie ou la garantie du futur, tout ce qui permet aux citoyens d'être confiants et croire en un avenir serein». L'on fait remarquer que «l'Algérie est le seul pays au monde où les gouvernements vivent dans la certitude et le peuple dans l'incertitude la plus totale». Pour nos analystes, le vol d'une chaîne en or du cou d'une femme «n'est pas un fait anodin, il relève de signes aggravants d'un manque de sécurité». L'on s'interroge dans ce cas «que reste-t-il quand des citoyens ne peuvent pas se rendre justice ?».

Le tout montre selon nos interlocuteurs que «le pays est tombé en putréfaction après avoir été incapable de trouver une solution à ses crises». Le malaise est général et «le pauvre tout autant que le riche vivent dans l'insécurité». Nos sociologues et économistes sont unanimes, «le gouvernement a été incapable de tracer un dessin national, c'est la faillite du modèle institutionnel en vigueur qui oblige à une refonte du système politique en place».

«DU PESSIMISME AU NIHILISME»

En attente d'une sortie de crise après les longues années de terrorisme, la société perd pied et s'agrippe au moindre signe d'un quotidien quelque peu décent au risque de perdre la vie. Traduit par les sociologues, cela signifie que «l'on est passé de l'optimisme au pessimisme et du pessimisme au nihilisme en optant pour le mariage avec la mort l'estimant plus apaisant que celui avec le combat chez soi pour une vie décente». Ce sont ainsi des milliers d'Algériens qui tentent de fuir le pays et ce quels qu'en soient les moyens et les conséquences aussi dramatiques soient-elles. Le terme les désignant est consacré: on les appelle les harraga.

Le président de la République s'est contenté, il y a quelques mois et à plusieurs reprises, de fustiger les binationaux, ceux qui, selon la morale populaire, «ont la chance de partir quand ils veulent». Ce sont quelques-uns de ses ministres, de ses conseillers, de son entourage et autres cadres nommés à la tête d'institutions publiques. Mais il n'abordera point le sort tragique de cette classe sociale qui se jette sans regrets dans les bras de la mort. Le refus de ce détenu à Guantanamo de quitter sa lugubre cellule au lieu d'accepter son extradition vers son pays, l'Algérie, devrait secouer profondément les esprits de nos gouvernants. Dernier acte de rétrécissement des libertés, l'ordonnance interdisant aux cadres pendant deux ans de travailler en privé après leur départ du secteur public.

En plus de trois autres ans durant lesquels ils doivent se soumettre au contrôle de l'agence chargée de la lutte contre la corruption. Pour atténuer de l'ampleur des pratiques de corruption et des scandales financiers, l'Etat recourt ainsi à des procédés qui cachent mal son incompétence à assainir les institutions et freiner les esprits malveillants dont l'identité n'est pourtant pas difficile à connaître. La réforme de la justice en est juste à permuter juges et procureurs, tribunaux, cours de justice et... Cour suprême.

SIDI SAÏD SE DRAPE DANS SA «VERTU» DE POMPIER

Pour l'instant, les citoyens ne font pas attention à la manière avec laquelle sont gérées les affaires de l'Etat. Ils s'en tiennent à chercher celle qui leur permet de remplir leur couffin en ces temps de crise inflationniste. A défaut de pouvoir y mettre un terme, le gouvernement s'est contenté de mettre en place un comité de veille pour surveiller les marchés. La décision relève de l'absurde quand on sait que les interventions informelles et illicites ont depuis longtemps désarticulé les circuits commerciaux et corrompu les échanges. La veille, comme sa définition l'indique, veut dire rester vigilant pour intervenir en cas de problèmes. C'est-à-dire les anticiper pour les résoudre avant pourrissement de la situation.

Le pays en est, hélas, à ce stade. Le gouvernement fait preuve d'impuissance face à une situation qui est loin d'être nouvelle. Se contentant de discours béatement optimistes, terrés dans leurs villas de Club des Pins, les membres de l'Exécutif tournent le dos à une société en mal de vie. Ils ne doivent pas savoir qu'en ces temps de canicule, des villes et des quartiers entiers manquent atrocement d'eau, que la pomme de terre est à 70 dinars, la boîte de lait en poudre a augmenté de 45 DA pour dépasser les 200 DA, le sachet de lait est vendu à l'intérieur du pays à 35 DA, les produits laitiers nécessaires à la croissance des enfants ont fortement augmenté tout autant que tous les autres produits de large consommation à l'exemple des fruits dont les prix sont inabordables.

L'instauration d'un comité de veille devient de fait burlesque quand la situation est aussi tragique. Elle l'est d'autant qu'elle coïncide avec de sourdes querelles de chapelle dont les échos sont répercutés sur la place publique par la plume de Mohamed Touati, de Belaïd Abdesselam ou de Khaled Nezzar. Annonciatrices de changements ou pas au sein des sphères du pouvoir, ces querelles laissent un goût très amer chez ceux qui ont à coeur le pays. La réapparition publique du secrétaire général de l'UGTA fait certainement partie du scénario de l'équipe de Belkhadem élaboré pour amadouer les masses.

Abdelmadjid Sidi Saïd a choisi la tribune du parti de Louisa Hanoune pour annoncer la tenue d'une tripartite en septembre prochain avec en prime «une surprise» pour les fonctionnaires. La tripartite est une fois de plus convoquée comme attrape-nigaud de toutes les conjonctures et pour toutes les crises. Et encore une fois, le patron de la centrale syndicale accepte de se draper dans sa vertu de pompier pour venir au secours d'un système politique en faillite.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après le Quotidien Oran, Ghania Oukazi. Le 20 août 2007.

Actualité en Algérie

Toute l'actualite du moment

Forum Algérie Monde - Debats et discussions sur l'Algérie et sur le Monde.

Algerie-Monde.com © 2007 Tous Droits Réservés