Algérie - Politique européenne de voisinage
La conférence internationale sur la politique de voisinage ouverte hier à Bruxelles s’est fixé comme priorité la sécurité énergétique au titre de laquelle elle interpellera l’Algérie pour la signature d’un accord de marché global.
Abordant plusieurs questions à la fois, les invités de Bruxelles venus des deux rives de la Méditerranée n’avaient pas à noyer les questions énergétiques dans la politique européenne de voisinage (PEV), thème essentiel de la conférence internationale organisée hier au centre Charlemagne faisant face au siège de la CE. Il faut croire que les responsables de la commission ont tout fait pour que ces questions soient mises en exergue dans les interventions des uns et des autres représentants des pays présents.
La commissaire aux relations extérieures et de la politique européenne de voisinage de la CE a bien voulu que ce soit ainsi.
Benita Ferrero Walder a, en effet, précisé tout à fait au début des travaux que les questions énergétiques peuvent être débattues en séance plénière et non pas à part. C’est ce qui a été abordé sous le vocable «sécurité énergétique». L’Algérie sera évoquée au moins trois fois à ce sujet durant la séance du matin. Elle sera interpellée sous le signe diplomatique du «souhait» pour conclure un accord de marché global sur l’énergie. C’est le président de la Commission européenne qui l’a fait en premier en estimant «qu’il est nécessaire de renforcer la sécurité énergétique dans le cadre de la politique européenne de voisinage».
Jose Manuel Barraso a tenu à affirmer que «nous avons une priorité avec nos partenaires comme l’Ukraine, l’Egypte et l’Algérie, celle de finaliser un mémorandum à cet effet avant la fin de l’année en cours».
C’est aussi ce qui est appelé accord de marché global. Accord qui a été revendiqué notamment à l’Algérie à plusieurs reprises. Mais voilà qu’elle n’adhère pas à la PEV dans laquelle les Européens veulent intégrer ce genre d’accord. Halim Benattallah, son ambassadeur et chef de sa mission à Bruxelles, a tenu à expliquer les raisons de cette vision qu’il qualifie de «quelque peu différenciée».
Benattallah commencera par remercier la commissaire Ferrero d’avoir invité le ministre algérien des Affaires étrangères et s’excusera pour son absence. «Il y a un principe fondamental à retenir dans la position algérienne, nous partageons les grands principes de la politique européenne de voisinage mais nous considérons qu’ils sont déjà inclus dans le cadre de notre coopération avec l’Union européenne.» Donc, dans le fond, l’Algérie estime n’avoir pas de problèmes au sujet de la PEV. Mais elle expliquera hier par la voix de son représentant à Bruxelles que «nous tenons à apporter des précisions sur la méthode de sa mise en oeuvre qui comporte quelques différenciations entre nous».
Il évoquera l’accord d’association qui, selon lui, «conserve tout son potentiel qui mérite d’être exploité à plein effort avant d’entrer dans un autre cadre ou cycle différent comme celui de la PEV alors qu’il y avait avant Barcelone». Benattallah soulignera que l’accord d’association que l’Algérie a commencé à mettre en oeuvre en septembre 2005 «répond adéquatement à nos spécificités» qui d’ailleurs «cristallisent nos priorités nationales». Il répond aussi selon lui «aux objectifs visés par la PEV à savoir la création d’une zone de prospérité partagée, de paix, de sécurité et de stabilité». Des objectifs qui le poussent à rappeler qu’ils sont contenus dans le processus de Barcelone auquel, dit-il, «nous avons la faiblesse d’y rester encore attachés».
L’ambassadeur notera aussi «les impacts de l’accord d’association qu’il qualifie d’importants» vis-à-vis desquels il faut savoir rester «raisonnable». Il fait savoir que l’Algérie vient de mettre récemment en place «des instruments qui cadrent avec toutes ces considérations».
LE WAIT AND SEE DE L’ALGERIE
Pour lui, l’accord d’association signé entre l’Algérie et l’Union européenne comporte des clauses spécifiques qui prennent en compte les priorités nationales comme l’octroi des visas et la mobilité des personnes. En plus, si la PEV oblige ses partenaires à conclure des plans d’action et de les mettre en oeuvre, Benattallah rappelle que «l’Algérie a déjà un plan d’action avec l’UE qu’elles ont négocié dans le cadre de l’accord d’association».
Il n’omettra pas de préciser le rôle de la société civile qui, selon lui, «estime qu’il faut d’abord dans l’étape actuelle considérer les conséquences de cet accord». Des propos qui lui font dire que «nous voulons qu’il y ait une parfaite adéquation entre les gouvernants et la société civile». Ce qu’il ne sera pas seul à demander puisque des représentants de pays européens comme le secrétaire d’Etat allemand aux Affaires étrangères l’avait revendiqué avant lui.
Benattallah tiendra par ailleurs à ce que «le concept d’appropriation ait toute sa signification à savoir la codécision par la mise en place ensemble de mécanismes de mise en oeuvre des plans». Il revendiquera au nom de l’Algérie la création «d’au moins une institution commune entre partenaires de la rive sud l’Union européenne et non pas des institutions».
Les propos de l’ambassadeur algérien ont eu des échos positifs dans les rangs de la CE. «Je suis d’accord avec lui, il ne faut pas sauter trois marches à la fois alors qu’on en est encore à la première», commentera un des responsables de la CE dans les couloirs en ne manquant pas de préciser « évidemment que je ne dirais pas cela devant ma commission».
Des observateurs estiment que si certains pays de la rive sud refusent la PEV c’est parce qu’ils craignent le marché unique. «Nous avons déjà des problèmes concrets d’accès aux marchés européens pour des petites exportations et nous avons des contentieux de procédures pour cet accès», nous explique Benattallah en marge des travaux.
Il affirme convaincu à propos du marché unique que «c’est un slogan, il signifie le démantèlement tarifaire pour les Européens et l’accès au marché européen pour les pays comme le nôtre, un accès qui est ouvert uniquement dans le principe mais la réalité est tout autre». Il tient à préciser que ce marché unique européen «n’est pas fermé par les droits de douane mais par la réglementation européenne». Il revient au dossier énergie pour affirmer que «il y a cinq ans, nous avons commencé à parler de l’énergie avec les Européens, mais il faut comprendre que c’est purement du bilatéral».
En clair, il commente «l’accord de marché global que revendique l’Europe est une fiction parce que chaque pays européen a sa législation et les compagnies sont tellement fortes». Il dit non sans un sourire «Sonatrach ne va pas négocier avec la Commission européenne mais avec des compagnies». Ceci étant dit, Halim Benattallah ne balaie pas tout d’un revers de la main et estime «si dans quatre ou cinq ans nous verrons que la PEV nous convient, rien ne nous empêchera d’y adhérer».
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après le Quotidien Oran, Ghania Oukazi. Le 5 septembre 2007.
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