Algérie : Madrid défend sa «relation globale» avec Alger
Le gouvernement espagnol n’exposera pas sa «relation globale» avec l’Algérie en raison de l’annulation du contrat de Gassi-Touil.
C’est le ministre espagnol de l’Industrie, Juan Clos, qui l’a déclaré, hier, au Sénat où il «comparaissait» à la demande du Parti populaire (droite) qui lui reprochait de ne pas défendre les intérêts de l’Espagne et exigeait des explications sur l’action du gouvernement après la rupture par Sonatrach du contrat du projet intégré d’exploitation du gisement de Gassi-Touil avec le consortium espagnol Repsol et Gas Natural.
Le projet est «important», a-t-il expliqué, mais il n’est pas le «plus important». Argument développé chiffres à l’appui: l’Algérie participe à 30% dans la consommation du gaz en Espagne. Le projet de Gassi-Touil, a-t-il rappelé, porte sur l’exploitation de 5 milliards de m3 et la part prévue pour l’Espagne se situait entre 1,5 et 2 milliards de m3 alors que «le noyau de notre relation avec l’Algérie» porte sur 15 milliards de mètres cubes. «Nous n’allons pas exposer notre relation globale à cause d’un projet qui est important mais qui n’est pas le plus grand», a-t-il souligné.
Il a indiqué que son gouvernement faisait tout son possible pour que le projet aboutisse en soulignant, ce qui ne peut que conforter la thèse de Sonatrach, qu’il s’agit d’un «conflit entre deux entreprises». Le ministre espagnol a expliqué l’origine du conflit entre Repsol - Gas Natural et Sonatrach par le coût de l’investissement prévu initialement à 3 milliards d’euros, lors de la signature du contrat en 2004, qui est passé aujourd’hui à 8,5 milliards d’euros. Ces chiffres, a-t-il indiqué, viennent d’une estimation «indépendante».
LA DROITE : LE GOUVERNEMENT EST DUPE...
Le gouvernement espagnol tente de faire « tout ce qui est possible» pour que le projet arrive à bonne fin malgré cet «immense accroissement des coûts». Il souligne cependant que la capacité d’action du gouvernement est limitée. «Nous aimerions que le projet arrive à bon port, mais notre capacité d’intervention sur les deux compagnies pour que l’on répartisse adéquatement les coûts entre elles a ses limites». Les propos du ministre de l’Industrie confirment la volonté de Madrid, exprimée «à chaud» par le ministre des Affaires étrangères Miguel Moratinos, de ne pas donner une tournure politique au contentieux en dépit des attaques de l’opposition et des médias.
L’affaire est devenue en effet un sujet de surenchère politicienne pour l’opposition qui mettait en cause une décision « politique» algérienne qui menacerait les «intérêts énergétiques» de l’Espagne ou bien accusait le gouvernement de ne pas avoir su gérer ses relations avec les pays du Maghreb. En réalité, le gouvernement espagnol connaissait les contours « économiques» du dossier pour ne pas chercher à envenimer inutilement les choses et surtout - le ministre espagnol ne semble pas désespérer - pour ne pas se fermer toute capacité d’action pour sauver le projet. A plus forte raison qu’il sait qu’il a beaucoup à perdre à entrer dans une confrontation sur une question où la position des deux entreprises espagnoles est fragile. L’opposition le sait, même si cela ne l’empêche pas d’en profiter pour attaquer le gouvernement.
GASSI-TOUIL EN PRODUCTION EN 2012
La réponse du gouvernement paraît très cohérente: admettre qu’il s’agit d’un conflit entre entreprises et oeuvrer dans la mesure du possible pour trouver une solution. Une attitude cohérente et réaliste même si le sénateur José Segui, du Parti populaire qui l’a interpellé sur le sujet, fait mine d’en douter. «Il ne suffit pas de suivre attentivement le conflit», a-t-il rétorqué en accusant le gouvernement Zapatero de ne pas défendre les intérêts espagnols et d’adopter un profil bas alors que «les intérêts économiques de ses ressortissants sont en jeu». Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple «problème entre entreprises» car les «intérêts stratégiques espagnols sont gravement affectés».
Il a accusé le gouvernement d’être «dupe pour accepter de donner tout sans demander rien» en évoquant l’annulation de certaines conditions mises par la CNE à Sonatrach dans le projet Medgaz. Pour lui, le «voisin français» a bien joué ses cartes tandis que Juan a transformé son ministère en lieu pour se cacher. A Paris, selon l’agence Reuters, le vice-président responsable du Marketing de Sonatrach, M. Chawki Rahal, a indiqué que la production pourrait commencer en 2012 à Gassi-Touil. M. Rahal n’a pas exclu que Sonatrach cherche de nouveaux partenaires sur le projet. A une question sur le sujet, il aurait répondu: «nous verrons».
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après le Quotidien Oran, M. Saâdoune. Le 13 septembre 2007.
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