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Actualité

 

Quand le désert avance

Aux frontières de la pauvreté...

A bord d’un 4x4, nous entamons, à partir de Ksar El Boukhari, au sud de Médéa, notre aventure au pays de la steppe, livrés méchamment aux intimidations du sable vagabond. Le danger pointe à l’horizon lointain du Grand Sud, mais la bêtise humaine a gravé ses traces aussi.

Forum Algérie : Discutez avec la communauté algérienne



Car la steppe était, des années durant, entre les mains des terroristes qui ont amplifié le phénomène de l’exode rural et l’abandon des terres. A quelques heures des embouteillages d’Alger, l’intérieur du pays, plus calme, plus généreux et plus saisissant, nous ouvre les bras.

Aux pieds des Hauts-Plateaux, les portes du désert, appelées territoires steppiques, requièrent la providence et se dressent bec et ongles contre les attaques meurtrières du sable. Sur une étendue couverte de caillasses, le soleil nous tâte le pouls gracieusement sans vouloir annoncer un lendemain, éventuellement, plus chaud.

Avant de faire une virée à Djelfa, capitale de la steppe, Médéa - à quelque 150 km au sud d’Alger - nous retient encore pour quelques moments. L’immensité grandiose des parcours steppiques, qui démarrent de la basse Médéa, procure une sensation enivrante, par l’imposante tranquillité de sa masse minérale. Le danger du reg, ces plaines caillouteuses, commence justement par là.

Nous réduisons la vitesse de notre 4x4 pour atteindre un point d’eau, appelé aussi unité fourragère, situé à une dizaine de kilomètres de notre point de départ. Le Haut Commissariat au développement de la steppe (Hcds) lutte tous azimuts pour mobiliser le maximum d’eaux superficielles, car elles constituaient une arme inévitable pour la lutte contre l’avancée du désert.

Plus de 5000 puits ont été réalisés sur l’ensemble de la superficie steppique qui s’étend sur 32 millions d’hectares. A Oum El Djalil, au lieudit Zouache, le reg risque de disparaître grâce à la régénération de plusieurs hectares ; mais un peu plus loin, les surfaces caillouteuses semblent être toujours en bon état. Un travail de longue haleine a été fait, mais l’insuffisance «dope» encore le sable mouvant et l’incite incessamment à montrer davantage ses griffes.

Au passage, des scènes de vie d’une extrême sévérité défilent sous nos regards. Même les ânes, immobilisés généralement à l’entrée d’un gourbi de fortune, donnent l’air ébahis du fait de notre passage. Un fait loin d’être habituel. Ce quadrupède semble constituer le 4x4 du reg, le seul moyen offert par la nature pour parcourir ces étendues infinies.

La vie, quoique d’une implacabilité dantesque, semble néanmoins reprendre au goutte-à-goutte. Cela notamment, après avoir été impitoyablement livrée aux mains, à la fois effroyables et abominables, du terrorisme. Un phénomène qui, par-dessus le marché, a accentué la menace de la désertification. Ainsi, à la violence sans borne de l’homme s’ajoute la brutalité inexorable de la nature.

Au sud de Médéa, les incursions du sable étant moins importantes qu’à Djelfa et M’Sila, le ravitaillement du cheptel est donc de bonne qualité. Ces régions steppiques, arides, semi-arides et subhumides sèches, sont caractérisées par des écosystèmes extrêmement fragiles, à sols pauvres et à faible productivité. Une exploitation imprudente des terres arides mène à la dégradation de la couverture végétale.

Ainsi, le surpâturage et l’exploitation des terres marginales et des sols pauvres sont des usages agricoles responsables de la désertification. Ce qui explique le passage, en termes de stratégie de lutte, de l’interdiction du pâturage à la protection des parcours et le développement de la zone steppique. Le pâturage a été donc réduit à trois passages de troupeaux par an.

L’eau pour rafraîchir le sol

Nous quittons Oum El Djalil, région mi-reg, mi-savane, avec une idée que la pauvreté, un fait réel dans la région, contraint les populations à surexploiter la terre pour s’alimenter et se loger. Elle est donc à l’origine de la désertification qui est en même temps la cause et la conséquence de la pauvreté.

«Ici les gens n’ont que le cheptel comme devise, celui qui ne s’insère pas dans ce métier n’a pas la chance de survivre.» C’est en ces termes que l’un de nos guides explique l’austérité de la vie dans ces zones steppiques.
Tout au long d’un interminable zigzag, l’étendue nous paraît encore plus immense. Des cheptels et bergers par-ci, et des savanes, mais parfois du désert aussi par-là.

Kaf Lesfer, notre destination annoncée, nous paraît perdue, sans pointer à l’horizon d’une dimension à perte de vue. A une cinquantaine de mètres, à travers la vitre du véhicule, une femme, blindée de tissu, pétrit et pile une terre argileuse. Son geste est précis. La terre doit être la plus homogène possible avant de la mélanger à du crottin d’âne et ce mélange devient la matière première qui sert à colmater les trous des murs de bicoques.
L’eau est essentielle pour lutter contre la désertification ainsi que pour préserver les parcours.

La stratégie est de mobiliser le maximum de mètres cubes pour l’abreuvage du cheptel et l’irrigation des terres. Les mauvaises pratiques en matière d’irrigation entraînent une augmentation de la salinité, et assèchent parfois les cours d’eau qui alimentent les mares réalisées pour l’abreuvage.

Une fois à Kaf Lesfer, le soleil est au zénith et le repas est pris sur place après avoir inspecté un barrage de dérivation des eaux destinées à l’irrigation. Ça vaut vraiment le détour pour un «reffis» traditionnel à base de dattes mielleuses. Un thé concentré commence à bouillonner alors qu’une odeur âcre se répand dans toute la cour d’une maison qui a l’aspect d’un mausolée.

On commence à servir le thé. Et la vie reprend sur des parcours autrefois désertés. «On se sent plutôt engloutis dans l’immensité des surfaces, parfois on passe des journées sans voir une créature humaine», dira ce père de famille, soumis à un rythme de vie non enthousiasmant. Mais, malgré cela, la générosité illumine les visages.
Les quantités d’eaux superficielles à mobiliser sont évaluées à 2,6 milliards de m3. La production fourragère est passée de 25 à 55%, ce qui reflète une nette amélioration de la gestion.

Pour rejoindre les plaines de Djelfa, il nous fallut beaucoup plus de temps que ce que nous avions prévu. Car l’escale au niveau du barrage Oued Mellah nous a pris une bonne heure quand même. Ne parlons pas des kilomètres de plaine le long de la steppe médéenne pour rejoindre la capitale Djelfa (capitale de la steppe). Bref! Pour couper court à une très longue aventure, à la tombée de la nuit, nous nous sommes retrouvés finalement, destination prévue, à Djelfa.

Le lendemain, les zones steppiques de Djelfa et celles de Laghouat figurent sur la carte de bord. A Laghouat surgit le problème des terres appelées «Archs». «L’effritement justement de l’organisation traditionnelle des communautés pastorales qui permettait jusque-là une gestion rationnelle des espaces a laissé la place à une anarchie constatée», a remarqué le Haut Commissariat au développement de la steppe.

Laquelle situation est aggravée par «le manque de l’organisation des populations et la timidité de la dynamique des organisations professionnelles existantes manquant souvent de moyens d’intervention». Les parcours appelés communément «Archs» sont mal gérés par les collectivités locales. Ce qui pousse à une exploitation d’une manière minière et anarchique les ressources naturelles et des formes d’appropriation des terres illégales (labours illicites et G’del).

Le problème revient avec acuité à chaque escale comme un leitmotiv. «Nous avons quand même le droit d’hériter ces terres, car nous les avons travaillées des années durant», clame l’un des «pseudo-propriétaires». En toile de fond, le problème du foncier se pose.

Le danger est toujours menaçant

À peine plus loin sur les parcours du nord de Laghouat, nous pénétrons en territoire de plantation pastorale. Ces plaines protégées sont source de vie pour des populations diverses, venues de plusieurs wilayas afin de louer des parcours de pâturage.

En période sèche, ces nomades se déplacent à la recherche de meilleurs parcours. Mais l’immensité du territoire et l’occupation éparse de l’espace par les populations est à l’origine d’une administration insuffisante. La plantation pastorale a fait se régénérer un couvert végétal important pour la lutte contre les avancées du désert. Un peu plus à l’est, vers la région de M’Sila, la dégradation de la steppe se fait plus visible.

La steppe du nord de Laghouat, celle de Djelfa et M’Sila se partagent le tiers du territoire steppique. Les Hauts-Plateaux, qui bordent le pays sur toute sa largeur, sont également menacés par la dégradation de la steppe.
Lancé plein est en direction de Boussaâda, deux heures presque défileront, le 4x4 est enveloppé d’un nuage de poussière et l’immensité du paysage n’a d’égale ici que celle du ciel, agité par des petits passages nuageux.

La flore ressuscitée, résultat d’une production fourragère plus importante qu’antérieurement, est au rendez-vous des premières étapes. Alors que le soleil descend doucement sur les collines rocailleuses de Boussaâda. Un peu de patience et beaucoup de poussière plus loin, le paysage est moins fertile, démontrant une dégradation accentuée du couvert végétal.

Mais, grosso modo, en termes de chiffres et de projets réalisés, les feux s’affichent plutôt en vert. 2,6 millions d’hectares ont été restaurés, depuis 2001 sur un ensemble de 7 millions, soit 38% de parcelles mises en défens. Mieux, sur un million d’hectares très dégradés, 300.000 ont été réhabilités par la plantation pastorale, soit 33% de la superficie.

Un constat qui explique des résultats plutôt satisfaisants, selon le Hcds et reconnus par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Mais la désertification est loin d’être un problème définitivement réglé, car la menace, en dépit des grands efforts consentis, est toujours persistante.

La steppe pourrait constituer un havre de tranquillité et s’offrir parallèlement la mission de stopper le sable mouvant. Développer la steppe c’est avant tout s’attaquer à la pauvreté des populations. L’équilibre régional demeure encore un vieux slogan.

Source Par Ali Titouche 22 avril 2006

   
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