Algerie - Appréhensions des agences de voyages : Le hadj ne sera pas facile
A trois mois de la saison du hadj 2008, des voix s'élèvent parmi les organisations représentant les voyagistes pour tirer la sonnette d'alarme sur les nombreuses failles dans les préparatifs du prochain hadj qui risquent de prendre en otage des milliers de futurs hadjis.
L'Office national du Hadj et de la Omra (ONHO), quant à lui, a rassuré, hier, que les préparatifs de la saison 2008 du Hadj ont été parachevés dans de bonnes conditions.
La Fédération nationale des associations de tourisme et de voyage (FNAT) a été la première à avertir sur des défaillances dans l'organisation de la prochaine saison, particulièrement en matière de conditions d'hébergement et de prise en charge des futurs hadjis dans les Lieux Saints de l'Islam.
«Le hadj sera pénible cette année», confie un responsable de la fédération. Se montrant pessimiste, notre interlocuteur a tenu à avertir les pouvoirs publics sur les carences dans les préparatifs de la saison hadj 2008 en raison, d'un côté, du problème d'hébergement dans les Lieux Saints provoqué par le projet d'élargissement du Harem et de «l'entêtement des responsables des préparatifs qui avaient rejeté toutes les propositions des représentants des voyagistes», de l'autre côté.
«Il va y avoir des dérapages et des bavures dans la prochaine saison du hadj au détriment, bien sûr, des futurs hadjis. En tant que représentants des agences de voyages, on tient à dégager notre responsabilité quant à ces carences dans les préparatifs», précise notre source.
Le premier grief soulevé par notre source est la sélection de 24 agences de voyages au niveau du territoire national pour cette opération, dont seulement 8 dans le cadre du passeport international à raison de 500 hadjis par agence.
«Il est impossible, pour une agence, d'assurer l'encadrement nécessaire pour prendre en charge 500 hadjis à la fois, soit l'équivalent de dix autobus ou deux avions. Il y aura des problèmes de logistique, en matière d'hébergement et de transport des futurs pèlerins», signale notre interlocuteur.
En dépit du prix salé proposé pour la formule du hadj en passeport international qui frôle les 40 millions de centimes (entre 37,5 et 39,5 millions de centimes pour être plus précis), ces futurs hadjis risquent d'avoir des surprises une fois arrivés aux Lieux Saints, avertissent d'autres représentants des agences de voyages.
La raison est que les agences de voyages, sélectionnées à la dernière minute pour cette opération, n'ont pas eu le temps pour négocier les prix des prestations (hébergement, transport, pension complète...) avec leurs partenaires saoudiens.
Ainsi, un futur hadji, qui a payé au prix fort son séjour aux Lieux Saints, peut se retrouver facilement dans un hôtel deux étoiles à cinq kilomètres du Harem au lieu d'un hôtel cinq étoiles à 300 mètres du Harem. «Les meilleurs hôtels de la Mecque et de Médine ont tous été réservés plusieurs mois à l'avance par les autres délégations islamiques notamment celles des pays asiatiques qui sont mieux organisées et disposent de contacts privilégiés avec les opérateurs saoudiens», signale ce propriétaire d'une agence de voyages.
Et d'enchaîner: «cette situation est due à l'absence de prévision des parties chargées des préparatifs qui devaient réserver des hôtels ou des immeubles pour tous les futurs hadjis, ou au moins ceux ayant le passeport spécial, afin de bénéficier des prix avantageux. Aujourd'hui, chaque agence doit se débrouiller seule pour trouver 500 lits dans les Lieux Saints à des prix deux à trois fois supérieurs que ceux de la délégation».
«Hadj amélioré» ou simple hadj à prix «amélioré» ?
Conséquence directe de cet état de fait, les agences de voyages, sélectionnées cette année dans le cadre du passeport spécial, sont contraintes de revoir à la hausse leurs prix pour faire face à la flambée des coûts de prestations dans les Lieux Saints. Dernière astuce trouvée par des voyagistes est la proposition de la formule «hadj amélioré» pour justifier les hausses de leurs prestations qui peuvent dépasser facilement les 70.000 dinars pour chaque futur hadji en plus, bien sûr, des 283.500 dinars de l'apport initial.
«On ne pourra jamais s'aligner sur les prix de la délégation pour de nombreuses raisons, dont la plus importante est que l'Office national du Hadj et de la Omra a tous les atouts pour négocier les prix des prestations en gros. Il faut admettre que négocier 22.000 lits à six mois de la saison du hadj n'est pas comme marchander 500 ou 250 lits à moins de trois mois», relève notre source. Ainsi des agences de voyages, sélectionnées dans le cadre du passeport spécial, proposent un «hadj amélioré» pour 36 millions de centimes.
Le futur hadj devra s'acquitter d'une somme entre 650 et 750 euros (l'équivalent de 70.000 à 80.000 dinars) pour des prestations spéciales: un hôtel à 750 mètres du Harem, pension complète, tentes bien équipées pour le séjour à Arafat et un hébergement dans un hôtel à 100 mètres du Massjid Ennabaoui, une chambre pour 6 à 5 pèlerins...!
«Ce hadj amélioré a été autorisé, exceptionnellement cette année, par le ministère des affaires religieuses pour assurer de meilleures prestations pour les hadjis algériens», confie-t-on. Cette dérogation, prise sans concentration avec les opérateurs, crée plus de problèmes qu'elle n'en règle, puisque cette mesure n'est pas accompagnée de facilitations pour permettre aux voyagistes de mener à bien leur travail.
Le problème essentiel rencontré par ces derniers est le virement de la différence en devises aux partenaires saoudiens, puisque la réglementation en matière de transfert des capitaux à l'étranger a été durcie par le gouvernement. Le virement de la différence se fera-t-il en espèces de main en main? Impossible de passer l'aéroport avec des milliers d'euros, disent les professionnels. La seule option est de recourir au service d'une banque étrangère, mais là aussi le problème n'est pas réglé puisque les banques demandent des commissions qui devront s'ajouter au coût global du «hadj amélioré».
Des entraves qui avaient poussé beaucoup de futurs hadjis à se rabattre sur l'ONAT et le Touring Club. Résultat, certains voyagistes, sélectionnés dans le cadre du passeport spécial, trouvent des difficultés pour dénicher les 250 futurs hadjis. «Ces difficultés, rencontrées par les agences de voyages, ont contraint de nombreux voyagistes de renommée à se retirer de cette opération pour sauver leur réputation», explique ce propriétaire d'une agence de voyages.
«L'hébergement à la Mecque posera problème» .
Le dernier point, soulevé par les représentants des agences de voyages, est l'hébergement dans la zone de «Azzizia» des futurs pèlerins algériens qui risque, cette année, de donner le tournis aux voyagistes. «Certains de nos pèlerins vont se retrouver à 3 voire 5 kilomètres du Harem et à cette distance, même une bonne gestion des moyens de transport ne va pas faciliter les déplacements des futurs hadjis à cause des embouteillages.
Et même les hadjis, qui préfèrent se déplacer à pied vers le Harem, trouveront tout le mal du monde pour se frayer un chemin entre la masse compacte des pèlerins», signale ce représentant de l'Association algérienne du tourisme et de voyage.
L'Office national du Hadj et de la Omra rassure
Hier, le directeur général de l'Office national du Hadj et de la Omra (ONHO), M. Berbara Cheikh, a affirmé que les préparatifs de la saison 2008 du hadj ont été parachevés.
Il a souligné que tous les préparatifs du hadj ont été parachevés, notamment les mesures relatives à la prise en charge sanitaire, l'hébergement aux Lieux Saints, l'orientation et autres publications à distribuer aux hadjis.
S'agissant de l'hébergement, il a précisé que 36 immeubles ont été loués au profit de 22.000 hadjis.
L'ONHO assure la prise en charge de 22.000 hadjis parmi les 36.000 enregistrés pour cette année, le reste (14.000) étant à la charge des agences retenues pour l'organisation du hadj 2008. M. Berbara s'est félicité de «la coordination parfaite» et «le travail concerté» avec les cadres du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs.
Pour la saison 2008, le hadji devra s'acquitter de la somme de 283.500 DA, un montant qui comprend les frais du billet d'avion (93.500 DA), de l'hébergement et du transport aux Lieux Saints (190.000 DA). Le Directeur général de l'ONHO a tenu à rappeler que le montant effectif était de 340.000 DA, l'Etat ayant pris en charge la différence à la faveur des mesures de soutien en direction des hadjis.
Le premier groupe de hadjis quittera Alger pour les Lieux Saints le 13 novembre, opération qui se poursuivra jusqu'au 2 décembre. Les hadjis algériens regagneront leur pays à partir du 13 décembre prochain pour le premier groupe, alors que le dernier contingent rentrera le 1er janvier 2009.
S'agissant de la Mission nationale devant accompagner les hadjis algériens pour cette saison, M. Berbara a indiqué qu'elle se rendra aux Lieux Saints 15 jours avant le départ du premier groupe de hadjis, précisant qu'elle sera dotée des meilleurs moyens matériels et humains.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'après Le Quotidien d'Oran. Par Sofiane M. Le 17 août 2008.
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