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Algerie - Ce pourquoi les «attentats» sont perçus comme absurdes

attentatUne myopie nationale persiste à multiplier les interprétations «locales» au lendemain de chaque attentat et de chaque massacre. Coincés dans la grille des «années 90», on s'interroge, sans en remarquer l'absurde, sur ce que veulent les kamikazes et leurs commanditaires : un état islamique aujourd'hui impossible ? Non. Un coup d'Etat par les armes ?

Tout aussi impossible. Réussir un basculement populaire en leur faveur par la démonstration de la force et du martyr ? Une absurdité lorsqu'on multiplie les cadavres et les bombes. Contraindre l'Etat à une forme de négociation à « pied d'égalité» ?

A peine concevable depuis dix ans et surtout après le 11 septembre US. Interprété du point de vue algéro-algérien, le terrorisme aujourd'hui se révèle comme une absurdité, tout autant que les déclarations de réactions officielles après les attentats.

Dire que «le terrorisme est dans l'impasse» ne signifie rien. Répéter qu'il n'en reste que quelques dizaines d'égarés est une insulte statistique. Persister à défendre la politique de réconciliation algérienne est un acte démodé. Dans tous les cas, le terrorisme restera absurde lorsqu'on se contraint à l'expliquer par le «fait national» à l'époque même où il s'affirme comme une réalité internationale.

Pour son malheur, l'Algérie n'est arrivée au consensus formel de la réconciliation et du compromis avec l'islamisme soft qu'à l'époque où le Djihadisme s'est mué en une mécanique transnationale, se nourrissant d'autres «frustrations» que l'éviction de 1992 et prétendant à d'autres anarchies meurtrières que la simple déstabilisation de l'Algérie.

El Qaïda peut n'être qu'une nébuleuse ou un label, elle n'en est pas moins une réalité, une psychologie et un phénomène qui laisse loin derrière lui l'offre de la réconciliation ou l'explication localisée des attentats menés en son nom.

Dans ses analyses ou ses interprétations et même dans ses tentatives de solutions, l'Algérie entière semble parfois être en déphasage avec la réalité et continue de produire des « grilles » faussées avec les arguments insuffisants et dépassés du chômage, de la crise économique, de l'échec de la Réconciliation et de l'insuffisance de la relance.

Oubliant avec insouciance ou trop de facilité que le kamikaze des Issers n'a plus rien à voir avec le révolté du FIS des années 90 et que si, pour ce dernier, on pouvait décrypter la revendication, pour le premier, il ne s'agit plus que d'un suicide qui prétexte de l'Irak, de Ben Laden, de Bush ou du reste pour aller se faire exploser en servant une cause qu'il croit juste et des intérêts dont il ne soupçonne même pas l'extension au-dessus de sa tête. Aujourd'hui, tout comme les luttes anti-terroristes, les terrorismes servent presque à tout. Croire qu'il s'agit d'un problème local mène à se heurter à l'absurde de ses manifestations.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'après Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud. Le 21 août 2008.

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