Algerie - L'informel qui dicte sa loi
Selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UG-CAA), l'activité commerciale informelle dans le pays représente plus de 60% du marché.
Une situation qui, selon cette organisation, contraint les commerçants et les artisans légaux à baisser rideau.
L'informel en Algérie ne gangrène pas que l'activité commerciale ou artisanale.
L'Etat lui-même en est atteint, puisqu'en parallèle de son appareil officiel, il s'est constitué un autre auquel le citoyen se voit forcé et contraint de recourir quand, comme c'est souvent le cas, les portes du premier lui sont fermées.
Pour les Algériens, c'est par exemple un secret de Polichinelle que les grandes décisions qui touchent aux intérêts névralgiques de la nation ne se prennent ni en conseil de gouvernement ni en celui des ministres, mais dans des cercles occultes échappant à toute identification précise.
Samedi, le ministre du Travail, Tayeb Louh, a dévoilé quelques pistes sur lesquelles son département réfléchit en vue de juguler le déficit financier du système de protection sociale dans notre pays. Celle du travail au noir, qui est une autre déclinaison de l'informel, ne semble pas avoir retenu son attention et celle de ses conseillers.
Ce sont pourtant des centaines de milliers de «travailleurs», voire encore plus, qui activent dans cette condition, privant les caisses sociales d'une importante rentrée en cotisations pouvant contribuer à leur équilibre financier.
Bref, le constat formulé par l'UGCAA dans le domaine du commerce et de l'artisanat vaut pour le pays dans son ensemble. Nous vivons en Algérie sous un Etat où l'informel dicte sa loi à l'officiel.
Il n'est question depuis neuf années que de «réformer l'Etat et d'instaurer l'Etat de droit».
Ce qui s'est accompli en ce domaine pendant cette période n'a aucunement desserré l'emprise de l'informel sur le fonctionnement de l'Etat et encore moins sur les activités économiques et commerciales.
Le pays est ainsi en coupe réglée sous le pouvoir conjugué d'une bureaucratie ayant abdiqué ses rôles d'organisation et de contrôle du fonctionnement de la vie publique, et du monde de l'informel qui, en contrepartie, stipendie généreusement celle-ci.
L'Union générale des commerçants et artisans algériens est dans son rôle d'organisation sectorielle syndicale quand elle tire la sonnette d'alarme sur l'étranglement que l'informel occasionne dans les sphères d'activités de sa compétence.
La situation particulière qu'elle dénonce n'est pourtant que la face visible d'une autre pourtant beaucoup plus inquiétante. Celle d'un pays et d'un Etat eux-mêmes soumis au pouvoir de l'informel qui leur dicte sa loi.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kharroubi Habib. Le 3 Septembre 2008.
Actualité en Algérie
Toute l'actualite du moment
Forum Algérie Monde - Debats et discussions sur l'Algérie et sur le Monde.