Algérie Monde

 

Algerie - Le monde comme intestin ou comme cosmos ?

cosmos On le sait : la bêtise est collective, la morale est individuelle. C'est pourquoi le choix éthique est un choix libre, supposant le sens de la responsabilité et le sentiment de sa propre liberté.

On a une morale parce qu'on le décide, librement, et pas parce que Dieu offre à la fin des femmes et des jardins ou parce que le voisin surveille ou que l'image intérieure du Père totémique veille sur les dérives.

Ibn Rochd, le pauvre philosophe d'il y a quelques siècles, l'avait compris.

Pour la plèbe, on parle de paradis et d'enfer, pour l'élite, il y faut la raison ou l'intime proximité et expérience avec l'âme universelle. Zappons donc pour diriger le satellite virtuel sur l'Algérie, pays musulman où l'Islam est utilisé pour plaire à Dieu, tuer, vieillir doucement, expliquer le monde ou tenir tête à l'Occident.

Durant le Ramadan, le cerveau local a pris des habitudes : tout le monde se rue pour acheter et consommer plus que durant les autres mois, les vendeurs et revendeurs en profitent et l'Etat est accusé du péché originel.

Comme le remarquera un confrère dans un édito du Q.O, personne ne semble vouloir ou pouvoir revenir sur le simple constat que c'est le choix individuel de chacun de surconsommer jusqu'à l'abus qui fait fonctionner le reste de la carcasse monstrueuse de la fameuse spéculation, dernier diable survivant au socialisme raté.

Personne ne semble se décider à accepter que c'est lui l'interrupteur et le levier initial de cette chaîne alimentaire carnivore, bâtie sur un sourd compromis entre le rite mal compris et la peur animale d'avoir le ventre vide et la bouche sèche. Il suffit que chacun se décide pour un « éthique du ventre » pour que le monstre local s'écroule sur lui-même par manque de clients et là, l'Etat n'y est pour rien.

Car, dans la frénésie coutumière de ce mois, il y a le spectacle d'une panique pour laquelle les explications biologiques, celles théologiques ou celles du dogme ne suffisent pas.

Les Algériens, peuple durablement traumatisé par sa condition de peuple précaire entre deux colonisations, incertains de son calendrier alimentaire et des horaires de répartition des repas, redécouvrent la peur la plus viscérale durant ce mois que l'on habille de la peur de Dieu et du respect de ses lois.

C'est pourquoi, en Algérie, tout le monde parle de repas, l'humour n'échappe pas aux chapitres et la meilleure ruse du podium local est celle qui raconte comment un débrouillard typique a pu manger à l'oeil sous le nez des autres.

Le contrepoids naturel à cette attitude de panique viscérale étant une hypocrite dans les croyances qui fait que nous avons la religion furieuse, le repas violent, le terrorisme persistant, l'Etat cupide et la morale bâtie sur le compromis entre voisins et proches.

Il suffit pourtant du choix d'un Ramadan selon soi, « un ramadan en solo » pour que le monde mue de l'intestin, vers le statut d'un cosmos.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud . Le 3 Septembre 2008.

Actualité en Algérie

Toute l'actualite du moment

Forum Algérie Monde - Debats et discussions sur l'Algérie et sur le Monde.

 

Algerie-Monde.com © 2008 Tous Droits Réservés