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Algerie - Un oeil sur les enquêtes et études statistiques

20 notaires algeriens a poitiersRéanimé fin août, le Conseil national de la statistique (CNS) se fixe des objectifs ambitieux, comme tracer une feuille de route pour recenser les contraintes « du métier », proposer des solutions pour en unifier les méthodes de calculs et examiner l'indice du prix à la consommation pour en redéfinir le niveau.

Installé la semaine dernière, le directeur général du CNS a excellé hier dans l'ambition de faire du Conseil national de la statistique qu'il dirige, un organe qui consacrera toute sa fiabilité à l'information statistique.

Ce qui l'emballe, c'est certainement parce qu'a-t-il lancé, «on nous dit qu'il y a une nouvelle dynamique pour donner un nouvel élan à la statistique». Il fait part, à cet effet, «d'un renforcement du cadre institutionnel d'abord au niveau des organes de la statistique comme l'ONS et du CNS» appelé lui aussi à subir, selon lui, certaines modifications de ses missions et attributions.

Créé en 1994, mis en veilleuse pendant de longues années et réanimé le 26 août dernier par le ministre des Finances, le CNS est un organe de concertation où, dit son DG, se réunissent les producteurs et les utilisateurs de la statistique en plus des représentants des partenaires sociaux et des personnalités spécialisées dans le domaine.

Sa mission initiale était de valider les programmes annuels et pluriannuels de l'ONS, normaliser les nomenclatures des concepts, veiller au respect du code de déontologie de la statistique».

La première activité d'après sa réanimation sur de nouvelles méthodes de travail, une réunion de son bureau lundi prochain, pour mettre au point un tableau de bord lui permettant d'instaurer des règles de coordination, de cohérence et de concertation entre l'ensemble des producteurs de la statistique «particulièrement les administrations publiques».

C'est ce que Boumati appelle «une feuille de route à moyen terme pour recenser l'ensemble des problèmes, identifier toutes les contraintes et proposer des solutions avec un timing pour leur application». Le DG du CNS semble convaincu de venir à bout des contraintes qui malmènent la donnée statistique.

D'autant, a-t-il dit, «après maintes bagarres, nous avons un nouveau siège, donc de meilleures conditions de travail». Immeuble de plusieurs étages, nouvellement érigé au ravin de la femme sauvage, le siège du CNS n'a rien à envier à ceux des grandes institutions déjà existantes.

Les ambitions de Boumati C'est au niveau 7 que l'on rejoint pour l'instant sans ascenseur et sans aucune indication, que Mohamed Boumati a tenu à animer hier une conférence de presse pour expliquer l'utilité de ce conseil.

«Aujourd'hui, il faut que les hommes se remettent en cause, il faut rendre à la statistique le rôle qui lui est propre, faire attention à la prise en charge des besoins des différents utilisateurs de la statistique», a-t-il affirmé. La matrice sur laquelle le CNS compte démarrer ses travaux «le système national d'information statistique».

Le rôle du CNS est «d'orienter ce système, lui donner des avis et l'aider à se développer», explique le DG du CNS. Pour y parvenir, un audit de tout ce qui touche à l'information statistique va être mené pour permettre l'élaboration d'une stratégie en la matière. «Nous devons faire preuve d'imagination pour contraindre les administrations à normaliser les statistiques», dit-il.

Et partant, le CNS pourra, selon son premier responsable, contribuer à la définition d'une vision lointaine du développement économique national.

«Nous pourrions éclairer les pouvoirs publics pour ce qui est des actions économiques et la redynamisation du commissariat général de la planification est dans ce sens une très bonne chose», Boumati estime que les deux institutions pourront contribuer «à aider les décideurs quant à la conduite du développement économique parce qu'on ne peut faire de la planification sans statistique».

A ceux qui doutent de la fiabilité de l'information statistique de l'ONS, l'un des animateurs du CNS répond «les méthodes que nous utilisons sont universelles, nous n'avons rien inventé.

On ne peut pas critiqué un chiffre en tant que chiffre mais on peut critiquer la méthode de son calcul». Pour conforter ses propos, il indique que «le BIT a vérifié la méthode que l'ONS utilise pour calculer ses chiffres, les experts ont estimé qu'elle est saine et ressemble à celle de tous les pays».

Ce collaborateur de Boumati explique que «l'Algérie est membre du BIT, elle est tenue de travailler avec les méthodes approuvées par cette instance».

Il avoue quand même «le vrai chiffre personne ne le connaît, personne ne peut le ramener». Pour le DG du CNS, le problème réside dans la lecture du chiffre» la fiabilité étant à ses yeux «un terme dont tout le monde abuse». Il demande à cet effet «sur quelles bases on estime que ce chiffre est fiable ou non ? Y a-t-il une norme ? Quel est le référentiel de celui qui le pense ?

Il renchérit : «l'ensemble des informations de l'ONS obéit aux critères internationaux, nous sommes redevables aux organismes internationaux, je ne peux pas m'amuser à donner un taux de chômage au BIT qui n'obéit pas à ses normes. Il faut qu'on soit crédible vis-à-vis de ces organismes».

Il annonce une nouveauté dans la pratique statistique au niveau national. «Le Conseil fera en sorte à ce que toute enquête ou études statistiques utilisant des fonds publics doivent passer par la commission chargée de tester la méthode utilisée», note-t-il en précisant, «même l'ONS va passer par cette commission».

«On a un problème de ressources humaines» Ceci étant, il ne manque pas de rappeler que la loi statistique a supprimé le monopole de la statistique à l'ONS. Mais cela n'empêche pas selon lui «d'oeuvrer à la cohérence et à la coordination entre les chiffres avancés par les différentes institutions».

Quatre commissions vont être installées prochainement auprès du CNS pour «retravailler l'information statistique au niveau institutionnel afin, dit son collaborateur, d'en éviter le double emploi».

Le DG rebondit sur les critiques assénées à l'ONS après sa publication de l'enquête sur les ménages. «Ce sont de vieilles méthodes de 1989, oui ! Mais avant, nous avons fait des simulations sur le panier de la ménagère, on a vu qu'il n'y avait pas de grands changements et pas de différence statistiquement significative». Et «si on a publié l'indice du prix à la consommation de 1989, on voulait être honnête avec nous-mêmes».

Boumati estime que «s'il faut en changer la base, il faut que la méthode de calcul soit examinée par le Conseil». Et c'est ce qui va être entrepris par une de ses commissions qui, selon le DG, «va la semaine prochaine examiner l'indice du prix à la consommation pour le valider ou l'invalider». Il indique en terme de changement dans la pratique statistique «qu'en 2013, il va être procédé au dernier recensement statistique, après ça va être des recensements en continu, chaque année avec des méthodes rénovées».

La manipulation politique des chiffres par les gouvernants, le CNS y pense justement en tenant à consacrer «la cohérence et l'identification d'un même chiffre qui va au gouvernement». Le collaborateur de son DG reconnaît «on est conscient de nos limites, de ces problèmes, on oeuvrera pour qu'il n'y ait plus ces contradictions entre les chiffres donnés ici et là».

Bien qu'il ait noté «le coût important» de l'information statistique, le DG du CNS estime que «ce n'est pas un problème d'argent que nous avons puisque nous avons des programmes de partenariat euroméditerranéen pour la sous-région de l'ordre de 20 et 30 millions d'euros».

Le problème du CNS, précise-t-il, «ce sont les ressources humaines, leur rajeunissement, la formation, la spécialisation». Il pointe du doigt «surtout l'absence de politiques incitatives pour capitaliser les expériences, pour que les gens restent».

Mohamed Boumati voit encore plus grand en espérant, par ailleurs, convaincre les décideurs de rendre exécutoires les avis émis par le CNS. «Le CNS n'a qu'un avis consultatif, on aimerait qu'il devienne exécutoire, qu'il ait force de loi pour que tout le monde l'applique», a-t-il indiqué.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Ghania Oukazi . Le 4 Septembre 2008.

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