Algérie Monde

 

Algérie - Rentrée sociale : L'illusion du pouvoir dans un système politique déliquescent

Rentree socialeEn imposant la taxe sur l'achat de véhicule, les gouvernants plaident «l'intérêt national »,une option qui est loin de servir la Nation comme ils le prétendent.

Interrogé il y a quelques jours sur l'utilité de la taxe sur l'achat de véhicule, un haut responsable à la présidence de la République a lâché convaincu : « elle a été décidée au nom de l'intérêt national ».

Soutenu par les ministres qui l'entouraient, ce responsable a estimé que par l'imposition de cette taxe, les constructeurs automobiles vont devoir se décider à s'installer en Algérie.

« Ils font vendre leurs véhicules par des concessionnaires sans aucune difficulté et gagnent énormément d'argent sans rien devoir au pays, il faut qu'on change de politique pour les obliger à s'installer et construire le véhicule sur place », a-t-il expliqué. Il insiste sur la notion « d'intérêt national » qui, a t-il dit, « a prévalu à une telle vision des choses ».

Et que gagne le citoyen ? Lui demandons-nous ! « Il paiera sa voiture moins cher dans quelques années », répond-il. Il est difficile de créditer des responsables de compétence quand, à défaut de vision et de prospective, ils font dans l'illusion à moyen et long terme.

Pour rappel, les responsables du ministère des Finances ont affirmé que l'argent collecté à cet effet sera versé dans le fonds de soutien au ticket de métro et du tramway, deux moyens de transport dont l'achèvement de leur construction et leur mise en marche restent très aléatoires. Les explications montrent que le gouvernement peine toujours à bien réfléchir.

Le chef de l'Exécutif l'a confirmé la semaine dernière en refusant la suppression de la taxe en question. »Sinon, il faut trouver d'autres sources pour alimenter ce fonds », a estimé un responsable des finances.

Il est clair que ce n'est pas un Ouyahia féru des sales besognes qui viendrait dire le contraire et alléger les contraintes déjà assez lourdes des citoyens. Ce qui est étonnant c'est que de la sorte, il vient contredire ses proches collaborateurs qui veulent croire que leur «chef» a bien changé.

« Il veut se débarrasser de cette étiquette d'exécutant de sales besognes qu'on lui colle », nous disait dernièrement l'un d'entre eux. Ouyahia aura aussi perdu le pari - s'il l'a vraiment tenu - d'assurer une rentrée sociale sereine. Elle l'est peut-être dans la forme et Ramadan aidant, il reste peu de force aux citoyens pour réagir.

Mais dans le fond, l'on voit la majorité d'entre eux écarquiller les yeux devant les aberrations de l'administration et les comportements insolents de ses préposés.

Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Un saut à l'aéroport international d'Alger permet de vérifier sur place que nombreux sont les responsables et les agents commerciaux des compagnies aériennes qui travaillent dans une débandade absolue.

Entre autres, l'histoire d'un jeune enfant qui devait embarquer avec autorisation paternelle à l'appui puisque voyageant seul mais qui a été malmené pendant d'interminables heures. La raison ? Dûment signée par les services de l'APC, l'autorisation est rejetée.

« Il faut une autorisation signée par le commissariat de police », dit le chef d'escale d'une compagnie aérienne bien de chez nous.

Débandade et féodalisme Appelés à donner leur avis, deux hauts gradés de la police disent à la personne concernée par le problème « ce n'est pas à la compagnie de se mêler des affaires de la police, dites-lui que l'enfant peut passer avec cette autorisation, qu'il vous donne la carte d'accès ».

Ce qui a été fait, mais au passage devant la PAF, l'enfant est refoulé par l'un des agents de police qui lâche « dites au commissaire qui a dit qu'il peut passer de venir le faire passer ». La question première que se posent les personnes concernées par ce problème est de savoir qui a habilité l'APC à délivrer des autorisations paternelles pour voyager à l'étranger alors qu'elles ne sont pas valables.

L'on se demande qui doit faire en sorte que les institutions ne s'entremêlent pas avec les missions et attributions et ne rendent pas ainsi la vie impossible aux citoyens. L'administration manque de lucidité d'esprit, de sens de la responsabilité et du respect du service public.

Les lois sont ou méconnues ou foulées au pied en l'absence de cadre stricte, précis et clair de leur application. Pourtant, « un Etat ne vaut que par le respect des lois qui instaurent ses fondements », a relevé un magistrat qui se plaint du désordre qui règne dans les cours de justice et tribunaux.

« Allez-y voir au Conseil d'Etat, les services croulent sous le poids des dossiers, le président de la République en personne a reproché à ses responsables de laisser s'entasser les affaires sur de longues années, mais rien n'a changé », a-t-il relevé.

« S'il y a quelqu'un d'entre vous qui dit un mot, j'annule les cartes d'accès et personne ne partira », a lancé un agent d'une compagnie aérienne celle-là aussi, bien de chez nous, avec une arrogance digne d'un féodal. Personne ne bronchera.

«J'en ai marre de vous, chacun vient me dire s'il te plaît, je voudrais vous demander, ne me demandez rien du tout, ça fait 20 jours que je suis ici, je prends un congé pour ne plus avoir à faire à vous», s'est écrié le chef d'escale de la même compagnie.

L'aéroport n'est pas le seul endroit où le civisme fait grandement défaut et où les lois sont appliquées selon les convenances d'humeur, de goût ou de caractère entre l'administrateur et l'administré. L'école s'impose dans ce sens comme étant «un cas».

La décision du ministre de l'Education nationale d'admettre comme reçus les recalés de l'examen de la 6ème fait désordre. Bien que plusieurs voix se sont élevées pour attirer l'attention sur les conséquences d'une telle décision, le ministère a fait la sourde oreille.

Première conséquence, les élèves de la première année moyenne vont être entassés dans des classes déjà exiguës. « Ce sera une rentrée normale (...) », s'est contenté de déclarer hier Benbouzid. Il a aussi dit que les cours de soutien aux élèves seront obligatoires.

C'est ce que le ministre a appelé pompeusement «les cours de remédiation pédagogique ». «L'illusion du pouvoir» L'on se demande à quoi servent ces cours quand ce sont les mêmes enseignants qui les donnent aux mêmes élèves qu'ils ont dans leurs classes.

Pourquoi les élèves auraient-ils besoin de ces cours ? Faute de temps pour l'enseignant de bien leur expliquer le cours en classe ? Pourquoi, dans ce cas, ne pas élaborer des programmes conformes au temps requis ?

Ou alors ils sont pour corriger les médiocrités du système éducatif ou la faiblesse du corps enseignant ? Les réponses ne seront jamais données.

Il faut souligner qu'avant de rentrer en classe, les élèves sont astreints à des inscriptions qui font tourner la tête aux parents. « C'est le père qui doit signer le règlement intérieur de l'école», dit ce préposé à l'APC à une maman d'une élève.

Une maman qui, comme tant d'autres, devait - en principe - retirer le fameux no12 de l'APC (l'original de l'extrait de naissance), un imprimé exigé encore selon certaines convenances que seuls ceux qui le demandent connaissent.

Dans beaucoup d'APC de l'intérieur du pays, le 12 est cédé contre de l'argent. Les responsables du ministère de l'Intérieur ont eu certainement vent de ces aberrations et de bien d'autres. Dans la rue, la pagaille est plus que générale en ces temps de jeûne, d'achats effrénés et de retour au travail.

Le pays étouffe sous les barricades installées dans tous les coins de rues. Les agents de sécurité sont partout au milieu d'affreux embouteillages.

«La Turquie est aussi un pays qui reçoit des menaces terroristes mais on ne voit pas pour autant ce nombre effarant de policiers dans ses rues », a remarqué un Algérien de retour de vacances d'Istanbul. Les Algériens revenus de la Tunisie et du Maroc ont la gorge serrée quand ils évoquent la sérénité d'esprit qui règne dans ces pays.

Ces gens là auront eu la chance d'échapper -le temps d'un congé - au poids des barricades dont l'installation ne semble pourtant pas décourager les terroristes de commettre des attentats, aux délestages d'électricité décidés sans préavis et à l'heure du f'tour, aux coupures d'eau qui sont maintenues même si le ministre affirme que les barrages sont généreusement remplis, aux hausses de prix des produits alimentaires quand le ministre de l'Agriculture se targue d'avoir réussi à stocker des quantités importantes de pomme de terre et ferme les yeux sur la désorganisation des marchés et le silence du ministre du Commerce.

«Toute cette pagaille, ce qu'on appelle l'illusion du pouvoir dans un système politique déliquescent», nous disait hier, un conseiller d'un ministre.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Ghania Oukazi. Le 8 Septembre 2008.

Actualité en Algérie

Toute l'actualite du moment

Forum Algérie Monde - Debats et discussions sur l'Algérie et sur le Monde.

 

Algerie-Monde.com © 2008 Tous Droits Réservés