Algérie - «Repartir à Zéro»
Il n'y avait rien à attendre de la visite tardive de Mme Condoleezza Rice dans la région. Elle est venue pour faire fructifier un « investissement » libyen pour le pétrole, bien sûr, mais également pour signifier aux Iraniens que la « voie libyenne » les rendrait des gens « agréés » et non les membres d'un Etat voyou. Et cette voie-là n'est pas celle de la démocratie.
Pour les autres escales maghrébines, ce n'était que formalité. Même le discours en apparence rugueux qu'aurait tenu Condoleezza Rice au président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, n'a guère de crédit. Les professions de foi démocratique de l'administration ont été englouties dans le sang des autres.
Ce ne sont pas les quelques doux reproches faits au président tunisien qui vont y changer quelque chose.
Les autres escales, Alger et Rabat, ont été aussi lisses que possibles. Hier, de Rabat, la secrétaire d'Etat a allusivement dit des choses qui plaisent aux Marocains au sujet du Sahara Occidental.
« Il est temps que ce conflit soit résolu », a-t-elle déclaré. Mais du temps, l'administration américaine, qui ne s'est guère occupée du sujet durant les deux mandats de Bush, n'en a pas beaucoup.
Depuis quelques mois, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU avait exprimé un soutien clair au plan d'autonomie marocain.
Et il n'était pas inexact de penser que cet alignement sur les positions de Paris est très largement motivé par la déception américaine à l'égard du coup de frein à la libéralisation de la loi sur les hydrocarbures.
Certes, on met très souvent en avant la qualité de la coopération sécuritaire, mais cela ne peut cacher que Washington est « déçu » par l'Algérie.
« Nous n'avons pas besoin de repartir à zéro. Ce que nous recherchons est une solution mutuellement acceptable », a dit Mme Rice.
Qu'est-ce qu'une solution « mutuellement » acceptable aux yeux de Mme Rice ? Que les Sahraouis acceptent les idées « neuves », celle du plan d'autonomie marocain, et renoncent à leur prétention indépendantiste. Les termes de la solution « mutuelle » ne sont pas réunis.
Et si l'option marocaine dispose du soutien de certaines capitales occidentales, elle ne dispose pas de bases juridiques.
Un référendum où l'on évacuerait la question de l'indépendance serait, au regard du droit international, une pure supercherie. Van Walsum, l'ancien représentant du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara Occidental, a essayé de la faire passer en force en troquant son rôle de médiateur de l'ONU pour celui de porte-parole des desiderata de certaines capitales occidentales.
Ce sont ces capitales qui pensent que l'indépendance est « irréaliste » et essaient, à coups de contorsions et de pressions, de refaire le droit. Il n'était pas nécessaire que Mme Rice dise qu'il est «extrêmement important que le Maroc et l'Algérie aient de bonnes relations».
C'est une évidence. Tout comme il est que l'attachement des Sahraouis à la logique de l'autodétermination qui s'exprime par voie référendaire libre n'est pas « repartir à zéro». Mais tout simplement commencer à appliquer un droit bafoué.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. Par M. Saâdoune . Le 8 Septembre 2008.
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