Algérie - «Les directeurs de wilaya responsables de l’anarchie du secteur des transports»

C’est un constat amer qu’a présenté hier le ministre des Transports, M. Amar Tou, lors de la rencontre qui l’a réuni avec les directeurs de transport des 48 wilayas du pays.

Dans un réquisitoire des plus sévère, le ministre estime que si l’anarchie a pris de l’ampleur dans le secteur du transport urbain, collectif et même individuel, cela est dû à « la démission des pouvoirs publics » .

L’orateur n’est pas allé avec le dos de la cuillère avec les directeurs des transports. « C’est vous qui avez ouvert les opportunités aux transporteurs pour qu’ils dictent leur loi et enfreignent la réglementation », a lancé le ministre sur un ton de colère à l’adresse de l’assistance.

Et d’ajouter avec regret : « Que cela soit fait par négligence ou par démission, vous êtes complices et responsables de cette situation. » La démobilisation des pouvoirs publics, notamment en ce qui concerne le respect de la réglementation, est, selon le ministre, alarmante.

C’est la cause principale qui a engendré ce « désordre ». Il est intolérable, ajoute-t-il, de jeter l’anathème sur d’autres organisations telles les collectivités locales.

« Il ne faut pas vous dérober à vos responsabilité. Le jour où je recevrai des requêtes de la part des transporteurs, là je pourrais dire que les directeurs jouent pleinement leur rôle », a-t-il fulminé. A ses yeux, le seul point positif qui mérite d’être évoqué c’est la disponibilité des moyens de transports. Sinon, le reste à savoir l’organisation et le contrôle laisse à désirer.

Une raison pour laquelle, le ministre a annoncé l’élaboration d’un nouveau cahier des charges, plus rigoureux en vue de mettre de l’ordre dans la maison.

Une équipe d’experts a été mobilisée à cet effet et veillera, rassure-t-il, à instaurer des mesures draconiennes qui mettront un terme aux mauvais transporteurs et chauffeurs de taxi. Concernant les transports collectifs urbains, une refonte générale doit se faire, selon M. Tou.

L’ouverture du secteur sans qu’il soit accompagné d’un encadrement réglementaire a fait qu’aujourd’hui des retards considérables sont à rattraper.

D’après le ministre, le but assigné à cette ouverture, à savoir la création des entreprises de transports collectifs, n’est pas atteint.

Ce secteur se caractérise présentement par le non-respect des cahiers des charges, le manque de professionnalisme des transporteurs, la concurrence déloyale, une mobilité insuffisamment couverte puisque 65 % des déplacements se font à pied, un parc vétuste dans la mesure où 50% de la totalité des transports ont plus de 10 ans et 30% ont plus de 15 ans d’âge. Il y a également une faible évolution du nombre de véhicules exploités.

Selon M. Beldjoudi, directeur des transports de Boumerdès, qui a présenté un état des lieux du secteur, le parc du transport collectif est composé, selon le bilan arrêté au 1e semestre 2008, de 12 410 véhicules, dont 11 364 relèvent du secteur privé, contre 11 106 en 2002.

Seulement 3324 véhicules ont moins de 5 ans. Pour parer à ces insuffisances, de nouveaux plans pour le transport urbain sont en cours de réalisation. Pour ce qui est des taxis, il est à constater que prés de la moitié des licences attribués, dont le total est de 138 552, n’est pas exploitée, soit un taux de 41,27%.

La grande partie des licences (98,94%) est accordée aux veuves de chahid et seulement 1,06% aux particuliers et en tout il y a 11 sociétés de taxi en activité. Dans ce cadre, il a été proposé, entre autres, la suppression du zoning et l’extension de la validité de la licence sur l’ensemble du territoire.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Horizons-dz.com. Par Wassila Ould Hamouda. Le 12 Septembre 2008.

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