Algérie - Des chiffres et des couffins
Comment peut-on quantifier la misère nationale ? Quel serait le barème le plus à même de rendre justice à l'injustice nationale ? Sinon par quels termes peut-on légitimement et institutionnellement définir un pauvre en Algérie ?
Autant de points d'interrogation suspendus au-dessus de Djamel Ould Abbès, le monsieur Solidarité nationale, accusé d'égrener des statistiques à mille lieues de la réalité.
Chiffres à l'appui, il a pourtant le chic de réduire la misère nationale à sa plus simple expression alors que la pauvreté, comme le chômage, sont tenus de respecter des quotas annuels à ne pas transgresser.
Autrement, comment expliquer cette constance dans les chiffres quand tout le monde mesure à l'oeil nu l'état de déliquescence des familles moyennes, une espèce en voie de disparition ?
Suffit-il à Ould Abbès, et par extension au gouvernement en place, de fanfaronner sur le nombre de couffins distribués pendant le ramadhan ou encore les trousseaux scolaires distribués à chaque rentrée des écoles benbouzidiennes pour qu'on ferme les yeux sur les disparités qui continuent à miner la confiance (s'il en reste) des Algériens dans la politique d'Alger ?
Serait-il opportun d'incriminer tel décret présidentiel ou telle décision gouvernementale et les rendre responsables des pneus qu'on brûle, des routes qu'on bloque et des radeaux de survie qu'on jette à la mer ?
Mais il y a de ces décisions qui poussent au bord du gouffre, à l'exemple de celles dont est coutumier Ouyahia.
Le chef du gouvernement, en décidant de taxer les nouvelles caisses, a donné la toute petite tape dans le dos des contribuables pour les aider à balancer dans le vide.
L'homme féru des décisions impopulaires aura été à la hauteur de sa réputation.
Mais il serait malheureux de croire que les pauvres en Algérie ne bouffent que le ramadhan ; le reste de l'année, ils s'agglutinent au bord des plages de la République pour bronzer, vu qu'ils pointent tous au chômage.
Il serait également criminel de penser que les fils du pauvre doivent se satisfaire d'un seul cahier pour toute l'année scolaire. La pauvreté en Algérie, ce n'est pas seulement ces chaînes humaines qu'on délie devant les restos de la Rahma, ou encore ces élèves démunis qui font la queue devant les intendances pour recevoir leur quota de livres scolaires.
La pauvreté a d'autres visages plus cruels, d'autres faces plus hideuses. Ce père de famille smicard, qui doit boulotter jusqu'à en crever pour subvenir au nécessaire familial.
Ces enfants qui chaussent des pompes jusqu'à en user les semelles. Des tables désespérément vides qui ne sont pas comptabilisées dans la calculette de la solidarité nationale.
En attendant que la nomenclature prenne en charge tout cela, il serait plus prudent aux pauvres officiels de s'inscrire sur les prochaines listes de la misère nationale, de peur d'être oubliés par les statisticiens de Ould Abbès.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Djamel B . Le 18 Septembre 2008.
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