Algérie - Polito politus

Il s'est installé, ces dernières années, le règne de l'»incivilité» : le «zid ya M'barak bahmarak».

Tu gares là où tu veux. Tu craches ton comportement où bon te semble... Tu étales ton zabel sur n'importe quelle terrasse (je ne continue pas pour éviter la méchanceté).

Bekri on parlait de manque de politesse, sans doute parce que la politesse ou le savoir-vivre ne concernent guère que des rapports entre individus, alors que la civilité touche davantage à la vie sociale.

La politesse se vit dans la rencontre ; la civilité, dans la foule ou la collectivité. La politesse ne relève que de la morale ; la civilité touche déjà à la politique. Civis, d'où vient «civilité», en latin veut dire «citoyen», celui qui habite la cité (civitas).

Alors que «politesse, ne vient pas de polis (la «cité», en grec), mais du latin politus, par l'intermédiaire de l'italien «polito» : «lisse, propre, brillant, ce que l'on a pris le temps de polir...» La civilité est moins brillante, et plus nécessaire.

C'est comme une politesse minimale et obligée. Manquer de politesse, c'est au fond se nuire à soi. Faire preuve d'incivilité, c'est nuire aux autres et à tous. L'impolitesse n'est guère plus qu'une faute de goût. L'incivilité est presque déjà un délit. Ne pas rappeler quelqu'un qui vous a laissé un message téléphonique, c'est manquer de politesse.

Perturber tout un immeuble en mettant à fond sa chaîne stéréo, c'est faire preuve d'incivilité. Ne pas s'excuser quand on a involontairement bousculé quelqu'un, c'est faire preuve d'impolitesse.

Jouer des coudes dans une file d'attente pour rtal zlabia, passer par force ou par ruse devant les autres, pour un extrait de naissance, c'est de l'incivilité. Ne pas dire «s'il vous plaît» ou «merci», c'est de l'impolitesse.

Se garer dans un couloir de bus, c'est de l'incivilité. On voit que la frontière entre les deux peut être floue. C'est que l'impolitesse et l'incivilité ont en commun de ne pas manifester aux autres le respect qu'on leur doit. Mais l'impolitesse le fait plutôt par défaut d'éducation, de délicatesse ; l'incivilité, par excès d'égoïsme, de violence, de bêtise.

Voilà ce qu'on a lu pour vous ! Pour tenter une explication à ce qui se passe, dans la douara du douar. Alors, sommes-nous impolis, ou «incivils» ? La réponse est simple:«nous sommes complices !»

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par El-Guellil. Le 22 Septembre 2008.

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