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Algérie - Le vote futile arrive

vote futile Un 3e mandat ou un 3e millénaire ? Au choix. C'est au moment même où le monde entier, et surtout sa partie la plus puissante, parle économie, de subprimes, de crashs boursiers, que l'Algérie parle de monarchie, la sienne, celle du pays où le trône est assis sur le pays pour se venger de l'homme qui est assis sur lui, lui-même se vengeant des hommes qui le tiennent debout.

La raison ? Une tradition nationale : l'économie et le réel sont des produits mineurs dérivés de la politique qui est un produit secondaire du choix monarchiste du moment.

Car chez nous, on ne fait pas campagne en visant le peuple mais son Etat et l'Etat ne vise pas l'avenir mais le présent.

Du coup, d'Alger vers Aïn-Zéro, c'est le Pouvoir que veulent charmer les candidats au Pouvoir et c'est du pouvoir, sa vie, son oeuvre et sa biographie que parlent les gens du Pouvoir, dans la presse, chez eux, aux enterrements et en caressant les cheveux de leurs enfants.

Cela se fait par des déclarations de soutien, d'amour, de soumission ou de Moubayaâ, des analyses, des offres et des demandes de rabais. Vous n'entendrez jamais un candidat en Algérie vous parler de baisse d'impôts, de sécurité intérieure ou de réformes d'entreprises que lorsqu'il sait qu'il est perdant, qu'il ne va pas gagner ou s'il est là pour jouer les pneus.

On reconnaît un candidat gagnant à son discours ; c'est le seul qui traite le peuple comme on traite un martyr : en lui faisant croire qu'il est éternel et en essayant de masquer le fait qu'il est mort pour rien et qu'il est tombé dans l'oreille d'un sourd, pour reprendre un poète.

D'où ce qui se passe depuis quelque temps : un choix clair, net, prononcé et non négociable fait entre débattre d'un 3e mandat et d'un 3e millénaire pour ce pays que l'on force à parler comme une autobiographie présidentielle.

Un 3e millénaire, c'est loin, ça va se passer dans l'espace ou sous une semelle, cela ne se mange pas, c'est trop loin de la légitimité de la Révolution, cela se situe dans l'après-pétrole et personne ne va l'attendre sauf sous forme d'une stèle, des piles mortes d'Alsat et d'un dentier planté vif dans le corps serein d'un oléoduc décédé.

Un 3e mandat par contre, c'est tout prêt, c'est urgent, c'est comestible et c'est important.

Cela implique tout le monde et ne concerne personne que le gagnant. D'où ce débat surréaliste dans le pays : tous pour un 3e mandat, personne pour un 3e millénaire.

Tous pour Bouteflika, personne contre le vent. Pour la 1re élection, nous avons eu droit à des candidats qui se sont retirés, pour la 2e nous avons eu affaire à des candidats qui se sont fait rouler et qui ont regretté de ne s'être pas retirés, pour la 3e, on aura droit à des candidats qui ne vont même pas se présenter ou seulement lorsqu'on leur pince le bas du dos.

La raison ? Une logique absurde : pour avoir le Pouvoir en Algérie, il faut en faire partie. Pour le garder, il faut qu'il le décide. Pour être un candidat, il faut déjà être président.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud. Le 22 Septembre 2008.

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