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Algérie - Energie : Sonatrach opte pour le marché «spot»

petrole,gaz,electricite La libéralisation des marchés gaziers en Europe vise à créer une concurrence interne et externe fondée sur un marché gazier unifié concurrentiel en intégrant les producteurs traditionnels (la Russie, l'Algérie, la Norvège et les Pays-Bas), les nouveaux fournisseurs (Libye, Nigeria, Qatar, pays de la mer Capsienne) et le développement des transactions de court terme autour des marchés «hubs» gaziers en cours de développement.

Son objectif est d'obtenir du gaz au moindre coût et sécu-riser l'approvisionnement en renforçant les liens techniques et marchands avec les fournisseurs concurrents.

L'Algérie, un fournisseur gazier de qualité L'Algérie premier pays producteur et fournisseur traditionnel, bien qu'il soit classé le deuxième après la Russie dans la quantité, il reste le plus crédible et le plus rassurant dans les livraisons de 'bonne foi'.

Sa position géographique le rend privilégié dans la concurrence, face de bout en bout des pays de l'Union européenne, une position de choix pour les échanges marchands durables entre les deux rives de la Méditerranée.

La Russie, un concurrent invulnérable des fournisseurs traditionnels de l'Europe, s'enlise dans un conflit politique avec l'Union européenne sur la question de la Géorgie, perd des pas sur la crédibilité de garantir la sécurisation des approvisionnements, la carte de partenaire stratégique et privilégié est perdue.

L'Algérie devrait être beaucoup plus imprégnée dans le développement du marché gazier européen, de par sa proximité, ses grandes infrastructures d'un exportateur potentiel, sa politique énergétique sincère de bon voisinage, son expérience dans la technologie du gaz et les techniques modernes du transport, la qualité de ses produits répondant aux normes internationales et surtout par sa place privilégiée au sein de l'Union méditerranéenne.

A l'image de tous les fournisseurs gaziers du marché européen, la close «Take or Paye» et celle d'indexation des prix sur celui du pétrole assurent à l'Algérie une stabilité financière dont elle a incontestablement besoin pour s'engager dans les investissements de grande ampleur afin de valoriser au maximum ses ressources énergétiques.

Cette caractéristique est peut-être plus marquée pour l'Algérie dans la mesure où Sonatrach enregistre des pertes financières sur le marché intérieur en raison de non-paiement, la discrimination sur les prix de la vente du gaz, des investissements non productifs, la corruption interne, des carences dans le management, etc. et surtout l'alignement réel du prix du gaz destiné à l'exportation.

De ce point de vue, Sonatrach est plus que toute autre société gazière dépendante des conditions financières de ses exportations pour le financement de ses investissements lourds dans la chaîne production-transport: unités de production, gazoducs, oléoducs et unités de liquéfaction (GNL).

Naturellement chaque mode de livraison a son prix, par canalisation moins coûteux, ou par méthanier ou les opérations de transformation du gaz naturel sec en GNL liquide et les pertes (10 à 15% du volume transformé) en plus de la qualité du produit après raffinage, tout cela s'ajoute au prix de revient.

L'économie pétrolière 'hôte' n'est pas durable et nécessite des réflexions rapides et des décisions fermes et rigoureuses pour que le producteur-exportateur puisse tirer profit au maximum de la valorisation des ces ressources éphémères, mais sans oublier de garder une part pour ses besoins futures (énergie domestique, énergie pour l'industrie et produit de charge pour l'industrie chimique et pétrochimique).

On aura éternellement besoin du pétrole pour continuer à vivre, car aucune autre ressource de substitution ne pourrait le remplacer; le nucléaire, la biomasse, le solaire ou l'éolien ne peuvent pas faire fonctionner l'industrie chimique et pétrochimique qui est à base d'hydrocarbures. L'industrie chimique et pétrochimique représentera en 2015 les 35% de l'activité industrielle algérienne.

Dans une Europe épuisée par une industrie manquante de matières premières et d'énergie, la libération de son marché gazier ne doit pas nous séduire. Dans cet enjeu serré chacun doit savoir comment placer son épingle.

Libéralisation du marché européen La libéralisation du marché gazier européen est, en effet, susceptible d'induire et de maintenir de bas prix du gaz. Mais, il impose pour les fournisseurs de distinguer les enjeux de court terme de ceux de long terme.

Sur le court terme, ce facteur n'est susceptible de jouer que sur la partie non dépendante des contrats indexés sur le prix du pétrole (qui risque de disparaître au vu de la décision du ministre de l'Energie et des propos du vice-président du Conseil national économique et social), cela va créer des contraintes sur l'apport de fonds d'investissements nécessaires pour le développement de la chaîne de valorisation du gaz et soumettra la vente du gaz qui se fera dans un marché 'spot' volatil qui perturbera l'économie nationale comme pour le pétrole (le prix du baril a oscillé entre 112 et 146 $), là on plonge dans l'économie nationale dans les incertitudes.

Le bas prix du gaz aurait bien entendu beaucoup plus d'importance sur le long terme, pour servir d'intérêt au consommateur, pour l'exportateur cela l'arrange à la condition que le prix soit aligné sur le marché 'spot', cela dépendra aussi de la puissance du négociateur.

Les solutions faciles préconisées par le ministre et le vice-président de la CNES mettront la Sonatrach dans une position de faiblesse qui la mène en quelque sorte à admettre textuellement et sans commentaire la directive gaz de Barcelone (2002) qui protège uniquement les intérêts économiques de l'Union européenne.

Les contrats de court terme Le développement d'une concurrence gaz-gaz de court et de moyen terme pourrait conduire à une baisse du prix du gaz, mais accompagnée d'une volatilité des prix, avec la possibilité de prix spot élevé en période de pointe (en hivers par exemple).

Cette baisse de prix, qui marquerait une certaine dépendance vis-à-vis du prix du pétrole, résultera des surcapacités existantes en production et en contrats d'importation par rapport aux besoins des pays européens.

Beaucoup de possibilités existent d'accroître à faible coût les importations. Aussi ne faudra-t-il pas oublier que beaucoup de pays producteurs non affilés à l'OPEP font du 'troc' et nuisent à la conservation des prix du pétrole.

Les contrats de long terme Sur le marché continental, pendant la phase de libéralisation, la concurrence gazière risque d'être limitée en raison des contrats de long terme déjà signés.

En 2010, ces contrats ne laissent qu'une place de 10% des besoins prévisibles selon Eurogas. Les prix contractuels resteront largement alignés sur les prix du pétrole et fluctueront en conséquence.

Depuis 1998, les évolutions récentes des prix de gros étaient essentiellement liées à celles du pétrole.

Pour les contrats existants, les clauses de fixation de prix pourraient être négociées en raison de: l'influence saisonnière des prix spot (avec des prix d'été qui s'établiront à un niveau inférieur au prix des contrats de long terme), le changement de valorisation du gaz sur le marché en aval avec l'importance croissante des débouchés du gaz dans la production de l'électricité.

Ils pourront aussi inclure un pourcentage d'indexation de prix de court terme si se dégage un marché spot liquide de référence. L'Union européenne pense de supprimer la clause destination finale.

La libéralisation du marché européen suppose la suppression de cette clause, en application de la directive gaz européenne sur le droit européen de la concurrence, dans la mesure où celle-ci est difficilement compatible avec l'établissement d'un marché caractérisé par les échanges et des arbitrages dans l'espace et dans le temps entre opérateurs.

La suppression de cette clause est contestée par l'Algérie et la Russie, qui entendent maintenir un certain contrôle sur leurs débouchés.

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* Conseiller sur les questions de l'énergie Association Algérienne des Relations Internationales

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Y. Merabet *. Le 22 Septembre 2008.

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