Algérie - Le CNES auditionne le ministre des PTIC : Dysfonctionnements
Le ministre des Technologies de l'information et de la communication (TIC) a reconnu hier que son secteur traîne un grand nombre de dysfonctionnements qu'il compte résoudre à travers son élaboration de sa stratégie Algérie 2013.
L'atelier de travail que le Conseil national économique et social (CNES) a ouvert hier au Palais des nations de Club des Pins sur l'économie fondée sur la connaissance (EFC) est une sorte de «bis repetita» du symposium sur le même thème qu'il a organisé les 10 et 11 septembre 2007.
Ce sont pratiquement les mêmes communications de mêmes ministres qui sont programmées. Les ministres conviés à parler de leurs secteurs respectifs sont loin de faire dans la connaissance ou le savoir mais se contentent de rappeler des stratégies de gestion actuelles et à venir dont les objectifs sont qualifiés par les spécialistes de «rachitiques».
C'est le ministre des TIC qui a ouvert hier le bal en présentant son secteur par des chiffres et des lettres comme c'est le cas dans toute audition, dirigée par le président de la République soit-elle. Abdelhamid Bessalah a pris la peine de prévenir que «ce n'est pas un exposé exhaustif de la situation du secteur que je vais faire mais je donnerai des éléments de la stratégie Algérie 2013 que je suis en train d'élaborer.»
Le décor est planté pour noter - sans le vouloir peut-être - les lacunes d'un secteur qui s'est fait doubler par des opérateurs privés avec la bienveillance d'une volonté politique avérée.
Le ministre indiquera que «malgré l'existence de la téléphonie mobile, son secteur a enregistré une augmentation dans celle du fixe passant ainsi de 1,76 million d'abonnés à 3 millions en 2008.» Il relèvera au passage que l'opérateur privé Orascom «avec ses 40.000 abonnés, n'arrive pas à décoller.» Il expliquera par ailleurs que le réseau privé est plus important que celui public.
C'est la Sonatrach, la Sonelgaz et la SNTF qui en sont les plus grands exploitants.
Bessalah a fait savoir hier qu'en terme de téléphonie mobile, Mobilis, l'opérateur historique public, a 10 millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires de 40 milliards de dinars et 3.200 employés, Orascom (Djezzy) en a 14 millions pour un chiffre d'affaires de 125 milliards DA et 3.500 employés et Wataniya a 5 millions d'abonnés pour un chiffre d'affaires de 25 milliards DA et près de 1.800 employés.
En terme d'indice de performance, la différence entre le chiffre d'affaires de Mobilis et celui de Djezzy se passe de commentaire. «Comment peut-on expliquer le paradoxe entre les chiffres d'affaires de Mobilis et de Djezzy ?», interroge un autre intervenant.
Ousratik est cette autre aberration que les politiques ont lancée sans aucune anticipation sur sa faisabilité. Le ministre parlera à cet effet de «dysfonctionnements, de goulots d'étranglement d'une opération qui n'a pas donné les résultats escomptés.» Il promet que «nous allons présenter dans la stratégie Algérie 2013 différentes alternatives.»
Il évoquera à ce titre «une segmentation de la population qui doit se faire pour pouvoir faire des propositions à chacun des segments.» Selon lui, une opération est en phase de montage avec Microsoft pour livrer aux lycéens des micro-ordinateurs avec des contenus supervisés par le ministère de l'Education.
Le financement se fera sur trois paliers, l'intéressé, l'Etat et les opérateurs à travers les services universels. «Le montage est en train de se faire», affirme Bessalah.
«Le pays a besoin de clarté»
La même idée serait en gestation pour profiter aux fonctionnaires et aux professions libérales.
Mais avant, le ministre précisera qu'il est nécessaire de procéder à la formation de masse «parce que l'informatique est un besoin et non une mode.» Il expliquera que «5.500 informaticiens formés par an, c'est peu et 1.100 formés dans différentes filières du secteur aussi, il faut démultiplier parce que les besoins sont énormes.»
Il est question que le ministère dote les ingénieurs d'un statut particulier sur lequel, dit le ministre, «nous travaillons actuellement.» Il veut aussi que les métiers des TIC soient inscrits dans la formation professionnelle.
Il est prévu la création d'un réseau national avec l'aide, indique le ministre, «de 52 laboratoires nationaux» et celle d'un centre d'étude et de recherche dont la construction se fera à Sidi Abdel Allah.
La mise à niveau du cadre juridique gérant le secteur est inscrite dans la stratégie Algérie 2013. Il s'agira de codifier la sécurité des informations, la lutte contre la cybercriminalité par «rien d'innovant, dit le ministre, ce sont des choses qui se font ailleurs.»
Première remarque faite par un spécialiste à l'ouverture du débat sur le secteur : «Les objectifs que vous vous êtes fixés à travers votre stratégie Algérie 2013 sont d'un rachitisme navrant.»
Le ministre se contentera de répondre «j'ai préféré ne présenter que des éléments, je reconnais que le secteur a un grand nombre de dysfonctionnements parce que nous démarrons.»
Entre autres causes de cette cacophonie, le ministre en citera «le mauvais management, le manque de maîtrise technique, le manque de compétences, l'instabilité des personnels qualifiés.» Il dira mieux «on ne peut parler de TIC s'il n'y a pas une demande intense.»
C'est Benhamdine, le chef de cabinet du MIPI, qui a parlé à la place du ministre du secteur Abdelhamid Temmar, absent, dit-on, pour raison de déplacement en l'Egypte.
Il ne dira mot sur les changements qui ont été apportés récemment au processus de gestion de la participation et de la promotion de l'investissement. Benhamdine voit grand et préfère plancher sur «le doing business.» «Nous aurions préféré qu'au lieu de nous parler du thermomètre, vous nous parliez du malade», lui lancera Mustapha Mekkidèche, vice-président du CNES.
Il a été suivi par Rachid Benaïssa, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui parlera de sa stratégie de développement rural et du découpage du pays «en territoires».
La ministre chargée de la Recherche scientifique est attendue en principe pour aujourd'hui. Comme Temmar, Benbouzid, pour sa part, risque de faire faux bond. Cette absence est justifiée par le président du CNES par le fait que le ministre de l'Education a «des contraintes au plus haut niveau de l'Etat.»...
Le représentant de la Banque mondiale interviendra brièvement pour souligner que pour ce qui est de «l'EFC en Algérie, le C pourrait s'appeler non pas connaissance mais clarté parce que le pays a besoin de clarté après pas mal de décennies troubles.»...
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Ghania Oukazi. Le 24 Septembre 2008.
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