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Algérie - CNES : Comment récupérer les 3.000 informaticiens algériens du Canada ?

CNES Placée sous une lourde tutelle politique, la recherche, en Algérie, se cherche encore même si sa ministre déléguée a osé la proposer comme l'un des piliers à une économie fondée sur la connaissance (EFC), que le CNES s'acharne à faire émerger.

« Le concept innovation est beaucoup plus large que ce que vous avez évoqué, parce qu'en plus de la recherche fondamentale ou développement qu'il faut dépasser, il faut aller à la recherche qui provient d'entreprises innovantes et la recherche de la classe créative, celle menée par des chercheurs qui ne sont pas des gestionnaires d'entreprises mais des jeunes de moins de 30 ans pour anticiper sur les produits et les inventer ».

Ceci est une remarque faite par l'un des représentants de la Banque mondiale présents à l'atelier de travail sur l'EFC que le CNES a ouvert pendant deux jours au palais des Nations de Club des pins.

Il l'a faite après que Souad Bendjaballah ait présenté le système national de la recherche. L'expert étranger a fait savoir que pour ce qui est de la classe créative, elle en compte 150 millions de jeunes à travers le monde.

« Les 3.000 informaticiens que vous avez perdus, sont au Canada, il faut les récupérer », a-t-il suggéré. Il pense que les innovations sont faibles « parce que les entreprises algériennes sont faibles et structurées à l'ancienne ».

Et « vos ressources créatives tendent plutôt à partir », a-t-il relevé. Alors que, a-t-il tenu à préciser, « dans un effort EFC, il faut les inclure dans le raisonnement parce que la recherche développement n'est plus le moteur principal, Jacques Chirac faisait cette erreur tout le temps, et l'Union européenne avait financé de nombreux projets dans ce sens sans résultats ».

Pour l'heure, l'Algérie en est toujours à la structuration de la recherche fondamentale et de la recherche développement. La ministre déléguée l'a démontré en présentant la politique nationale de la recherche et le système qui a été mis en place pour sa promotion. Bendjaballah note en premier, que « la démarche à cet effet est pragmatique et interactive ». Ceci pour aller, comme elle le souligne, « d'un système national de recherche vers celui d'innovation ».

La loi sur la recherche a été amendée en février dernier pour, selon elle, faire de la recherche et de l'innovation des priorités nationales.

L'objectif qu'elle qualifie de majeur est de « mettre la recherche au service du développement. Les orientations données après son audition par le président de la République : « amorcer la concertation avec les partenaires socio-économiques, mettre en place des pôles nationaux de référence, créer des réseaux thématiques, associer les Algériens résidant à l'étranger dans un programme de recherche commun, assurer la stabilité à la recherche et éviter l'improvisation ».

«La recherche est éclatée» Sur le plan pratique, Bendjaballah indique que les laboratoires se plaignent de n'être pas agréés rapidement et promet « qu'un dispositif va être mis en place, pour assurer une plus grande fluidité et flexibilité ».

Elle glissera au passage « la recherche est éclatée sur un bon nombre de départements ministériels ». Son ministère a consommé, fait-elle savoir, 28 milliards de dinars dans le 1er quinquennat « non pas parce que nous ne pouvons pas avoir plus d'argent, mais c'était ça notre capacité d'absorption, c'est pour cela qu'il faut améliorer les dispositifs pour pouvoir absorber plus ».

Elle affirme que le nouveau budget qui a été alloué à son département pour le 2è quinquennat est de l'ordre de 100 milliards de DA.

Il existe, selon elle, 1.200 enseignants chercheurs. Bendjaballah assure que les centres de recherche de Constantine et de Biskra sont appelés à devenir des pôles de références. Elle reconnaît que jusque-là, « la recherche a été limitée à une recherche formation. « La concertation socio-économique est en cours de mise en oeuvre pour aller vers la recherche dans l'entreprise et développement ».

La ministre déléguée estime que les entreprises doivent s'impliquer dans l'effort et l'activité de recherche pour assurer la mise à niveau et la veille technologique.

La loi en fait d'ailleurs obligation aux agents économiques. Il avoue par ailleurs, que le réseau Energies renouvelables n'a pas encore été mis en place. Si l'Algérie est toujours au stade de la recherche fondamentale, Bendjaballah le justifie par « il faut laisser la recherche fonctionner dans les universités même s'il s'agit de projets à blanc ».

Il existe, selon elle, 7.000 projets de recherche fondamentale dont 64 % au sein de l'université et 22 % sont des projets de recherche développement pour atteindre des objectifs socio-économiques. « C'est ce qu'on va essayer de canaliser pour accompagner les politiques de relance de développement », a-t-elle dit. Il est question de création d'une agence d'innovation, d'installation de centres d'appui technique auprès des organisations professionnelles et d'agences thématiques.

Il faut aussi, selon la ministre déléguée, « fixer les programmes nationaux prioritaires, mais le plus important est d'engager une politique d'incitation à la recherche dans les entreprises ». L'un des représentants de la Banque l'interroge : « est-ce que c'est un système dans lequel il y aura concurrence ? ». Il relève aussi « qu'il y a un problème de ratio entre les projets présentés et ceux retenus ».

Il enchaîne : « j'ai l'impression qu'il y a un problème de statut, il faut déroger à la règle de l'éthique du fonctionnaire pour qu'il puisse gagner quelque chose lorsqu'il fait de la recherche ». Il approuve Bendjaballah en soulignant : « il faut qu'il y ait incitation. A chaque fois que ça se libéralise, le niveau de la recherche monte ».

Il estime que l'Algérie doit accorder des subventions plus importantes pour les brevets, parce que celui qui dépose un brevet doit gagner des royalties, il l'a bien mérité ! ». Dernière recommandation de l'expert : «insérer le réseau de recherche national dans celui international. Il ne faut surtout pas raisonner qu'il y a un pillage de nos idées et autres ».

La ministre déléguée affirme qu'il existe 15 brevets déposés par les universités. Un chiffre comme celui des 1.200 chercheurs qualifiés par un universitaire de dérisoire.

« Votre diagnostic du système national de recherche est inquiétant, c'est un système sinistré », a-t-il lancé à la ministre. Et, dit-il, « ce n'est pas avec de tels chiffres qu'on va construire l'EFC ». Le vice-président du CNES a interrogé, pour sa part, « pourquoi la demande n'émerge-t-elle pas ?

Et pourquoi à chaque fois qu'on crée un outil d'engineering qui capitalise le savoir, il disparaît ? ». Un autre universitaire trouve curieux que « dans un pays avec un désert aussi chaud et grand, le réseau des énergies renouvelables n'existe toujours pas ».

L'agence doublant A toutes ces remarques, la ministre déléguée répond « certes il faut multiplier les acteurs, mais il faut donner le temps au temps, c'est en 2000 seulement que nous avons commencé à installer les premiers laboratoires de recherche, il y a actuellement une trentaine de pépinières d'entreprises qui vont être installées au niveau des universités ».

Elle annonce la tenue d'un 2è forum sur la recherche en 2010, le premier ayant été organisé en 2005. Elle fera remarquer que « on est en phase de construction des compétences et pour ce qui est de la coopération internationale, l'Algérie est dans une configuration classique.

Il faut donc construire au niveau national pour aller vers l'international ». Présentée par le CNES comme étant un des piliers de l'émergence de l'EFC et initiateur du panel de l'innovation, Souad Bendjaballah n'a certainement pas dit l'essentiel qui bloque la recherche au plan national et la pousse à se désagréger inutilement à travers des espaces multiples.

Sans trop insister, elle a glissé quelques bribes d'informations qui montrent que la recherche est l'otage d'un système politique de tutelle qui s'impose comme leadership au gré des humeurs et des affinités.

« La recherche est éclatée en plusieurs départements ministériels ». « Les dispositifs doivent être revus pour pouvoir absorber plus de capacités financières ». A ses appels qu'elle a dû lancer depuis qu'elle a été chargée de lancer la recherche, Bendjaballah a eu une réponse plus ou moins curieuse.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Hraoubia, sa tutelle presque suprême, vient de créer à son niveau l'agence nationale de la recherche. Nécessitant des moyens humains, financiers et matériels pour fonctionner, l'agence est venue s'ajouter plutôt comme un intervenant politique que comme un acteur de promotion de la recherche.

C'est en tout cas ce que pensent les spécialistes de la recherche. Ce qui est sûr, c'est que l'agence fait doublant avec l'architecture que le ministère délégué a mis en place à cet effet. La ministre déléguée a dû en parler au président de la République lors de son audition.

Bouteflika a toujours su, selon des sources qui lui sont proches, que les ministres et les ministres délégués n'ont jamais fait bon ménage.

«Ils n'ont jamais été rentables pour l'Etat et ce, quel qu'en soit le secteur », nous a dit un responsable à la présidence de la République. Après Bendjaballah, c'était au tour de Boukrami, le commissaire à la planification et à la prospective ainsi que le conseiller principal de Benbouzid d'intervenir.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Ghania Oukazi . Le 25 Septembre 2008.

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