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Algérie - Effet et perspectives de la massification de l'enseignement supérieur

Enseignement superieur Deux aspects particuliers de notre système d'enseignement supérieur en font un système avec toutes les caractéristiques d'un système de pays sous-développé. Tout d'abord un aspect économique et financier qui s'exprime par une insuffisante dépense par étudiant.

Il résulte d'un insuffisant effort social en la matière et se traduit par l'absence d'accumulation de capital humain. Ensuite le système se présente avec un aspect sociopolitique tel que l'université n'apparaît pas comme une composante du dispositif de production des élites et de réforme de la société.

Elle n'apparaît pas comme un moyen pour la société de s'approprier le monde et de s'y faire une place. La massification incontournable de l'enseignement supérieur par conséquent va-t-elle avoir pour effet de renforcer la clôture de l'université sur elle-même ou va-t-elle peser sur les structures et inciter les dispositions fondamentales d'une société et de son système de gestion à évoluer ?

Qualité de formation et structure des dépenses Etant donné les ressources allouées au système d'enseignement supérieur (SES), la structure de ses dépenses, on peut déduire a priori la qualité de la formation qui peut être attendue. Cela donc, avant même d'examiner le processus de formation en lui-même et avant même d'examiner le rendement du système, l'utilisation de ces ressources.

Les inputs du SES et de ses processus de formation, étant donné notre connaissance de ceux-ci à l'échelle mondiale, ne permettent pas n'importe quel produit, abstraction faite d'une excellence particulière. En effet, les ressources étant essentiellement orientées vers le financement des charges sociales (alimentation, logement et transport des étudiants) et non pas vers l'enseignement proprement dit, on ne peut s'assigner un objectif de formation spécifique.

La qualité de la formation est donc a priori lisible dans la structure des dépenses de formation. Structure des dépenses et niveau de revenu Ensuite, une telle structure des dépenses ne saurait étonner dans une formation sociale à faible revenu national ou intermédiaire. Indubitablement un lien fort existe entre le revenu national et la structure des dépenses sociales et publiques.

On peut même aller plus loin et dire que la structure des dépenses nécessaires à une formation de qualité se fixe dans les pays producteurs de technologie et de savoir puisque l'on ne saurait détacher la formation du développement, alors que le revenu lui dépend de chaque société et de son niveau d'activité. Aussi malgré l'effort public statistiquement important en matière d'éducation-formation dans les pays pauvres ou à revenu intermédiaire, la structure des dépenses en la matière est très loin de correspondre à celle des pays riches.

On consacre beaucoup plus à l'éducation relativement à son revenu (c'est pourquoi on parle d'effort particulier) mais beaucoup moins à la formation proprement dite par individu (dépense absolue par individu). On comprend donc que toute société n'ait pas toujours les moyens de subvenir à ses besoins de formation, de donner à la partie jeune et inactive de sa population les moyens de se former pour pouvoir travailler.

Il serait surprenant qu'une société agricole aux faibles traditions industrielles et artisanales, au faible surplus, pour prendre l'exemple de notre société à l'indépendance, dont la technologie en usage souffre d'un écart considérable avec celle du monde, puisse aisément investir pour devenir une société industrielle. Même quand elle aurait les moyens matériels d'acheter en possédant une rente pétrolière, il lui manquera toujours le pouvoir de produire. Sans base technologique de départ, on ne peut dire que des achats peuvent développer un pays, ni résorber un écart.

Pour investir dans la formation, il faut non seulement l'épargne d'activités antérieures (nourrir, loger, transporter, connaître l'ancien) mais aussi un certain investissement dans une activité nouvelle que l'on projette: les moyens d'étudier les expériences d'autrui, d'expérimenter, soit des livres, des instruments qui sont déjà un investissement qui préfigure celui économique qui devra sanctionner une telle formation.

Il lui faut subvenir à ses besoins de base (alimentation, logement et transport), dégager une épargne (temps et moyens) et l'investir dans une nouvelle activité en mesure d'accroître son revenu de telle sorte à justifier l'épargne que la formation a nécessitée (théorie du coût d'opportunité).

La formation renvoie donc à une activité passée et une autre à venir. Plus le niveau de ces deux activités sera élevé et leur écart appréciable et maîtrisable, plus la formation sera largement justifiée et plus facilement assumée. L'écart devra cependant rester toujours à la mesure de la société, la base clairement identifiée et les objectifs réalisables. Ainsi, il pourra renvoyer à une promesse de revenu, donc à un nouvel investissement en formation, donc à une politique suffisante. Quant à son étendue, la formation dépendra de celle de ces deux activités.

Technologie et marché seront donc les deux maîtres mots d'une politique de formation: on forme pour passer d'un état technologique à un autre, et dans la mesure où la division du travail s'approfondit en disposant de plus larges marchés, pour produire pour tels et tels marchés. Les deux étant rarement indépendants, plus l'une exigera de moyens, plus l'autre devra pouvoir les lui offrir en s'étendant.

A partir de là on pourra se donner les moyens et les buts de sa politique: des moyens matériels, humains et financiers pour une étendue et une qualité de la formation donnée. Etant donné les marchés pour lesquels nous travaillons et les résultats de notre stratégie industrielle, on peut affirmer que notre politique de formation manque autant de base, de points d'appui, que d'objectifs et de moyens.

Notre structure des dépenses de formation ne pourra pas donc échapper au cercle vicieux du sous-développement. Et dans notre for intérieur, on pourra se dire que vaudra mieux dépenser moins que plus, pour éviter toute gabegie. Massification : épargne forcée de main-d'œuvre et dépense par tête Arrivés à ce point, nous pouvons nous demander pourquoi une telle massification de la formation supérieure si nous ne pouvons pas donner à tous ces jeunes les moyens de se former pour travailler? Pourquoi acceptons-nous une telle dictature du nombre, un tel écrasement de la dépense par tête ?

Si l'étendue de la formation dans une politique suffisante (qui a les moyens de ses objectifs) dépend de l'étendue de son marché, on doit observer que dans les formations sous-développées elle se trouve confrontée à un problème particulier: l'épargne forcée de main-d'oeuvre.

La massification serait tout aussi forcée que l'épargne de travail, elle en serait le résultat plutôt que celle d'une épargne volontaire comme le voudrait la théorie du capital humain selon laquelle on renoncerait à une activité pour opter puis exercer une autre plus rémunératrice. Voilà ce qui explique fondamentalement pourquoi nous n'avons pas les moyens d'une politique de formation réelle.

Les moyens et les objectifs d'une telle politique déterminée par cette épargne forcée renverraient alors à des décisions de gestion non économique de l'épargne de travail. Ils pourraient être consacrés par une certaine évaluation politique des coûts sociaux: que coûte-t-il et que rapporte-t-il globalement pour la société d'investir plus ou moins dans une certaine occupation de la population ?

Le problème rencontré donc ici serait comme celui de la suffisance de la politique de formation étant donné une certaine épargne forcée de travail, ou autrement dit, celui de la mise en place d'une stratégie de développement qui mettrait en perspective les besoins de formation à hauteur de l'épargne de travail et de nos autres moyens, en même temps qu'au regard des besoins de formation du monde que détermine la dynamique technologique mondiale.

Car, pour aller vite, cette épargne forcée est comme une «excrétion» du monde dans nos structures, c'est comme le prix que nous payons au monde pour le décalage que nous nous permettons. Nous avons dû renoncer à des structures de production qui ne pouvaient s'entretenir d'elles-mêmes et nous hésitons à en remettre de nouvelles.

Il faudrait que la société et ses élites fassent l'effort d'ajuster leurs besoins à ceux du monde si elles veulent la résorber. L'effort de formation sera donc considérable au départ, ce n'est qu'après la résorption d'une telle épargne qu'il pourra redevenir normal. Il y a là un problème de rythme socialement soutenable qui fait qu'il ne peut être ni imposé ni arrêté de manière arbitraire. Il faut un réel effort collectif d'orientation des dépenses.

Mais outre les moyens financiers, il manquerait à une telle politique de disposer des élites économiques et scientifiques nécessaires, si ce n'était un revenu exceptionnel, une rente pétrolière. On voit mal comment les moyens et les objectifs pourraient être déterminés sans elles, puisqu'ils relèvent précisément de leur univers, ce que semblent évacuer trop de démarches.

Donc à défaut d'envisager cette politique de formation supérieure (comprise par une stratégie de développement) dans le cadre de la question stratégique de la formation des élites qui pourraient la mettre en oeuvre, il est invraisemblable que l'on puisse sortir d'une gestion non économique de l'épargne de travail.

On a pris coutume d'associer la stratégie de développement à l'Etat en effaçant les élites... nous connaissons la suite. Il faut le répéter, les objectifs du développement et ses moyens appartiennent d'abord à l'univers de ces élites.

Autrement et tout compte fait, on aura la rente mais pas le capital, n'ayant pas les élites pour transformer celle-là en celui-ci. On ne peut éluder la question «comment prendre le monde» sans devoir payer à celui-ci de fortes redevances.

Si donc la structure des dépenses du SES est rivée au PNB, c'est qu'elle est souvent contrainte par cette épargne forcée de main-d'oeuvre et les choix politiques de rationalité sociale qu'elle implique: il faut «former» plus d'étudiants que le besoin réel de formation. Car les dépenses ne peuvent aller au-delà d'un certain seuil si elles doivent être partagées entre un nombre d'étudiants trop élevé et la ressource par tête nécessaire à une formation réelle de qualité ne peut être allouée.

Le dénominateur ramène dans le ratio dépenses par étudiant, le dividende à un niveau tel que seules les charges sociales se trouvent couvertes. Le problème se situe donc quelque part entre le «besoin réel», le «besoin social» (d'occupation) et le «besoin du monde» de formation, le dernier déterminant la structure du second (épargne forcée de main-d'oeuvre) mais point son contenu déterminé par le premier (on ne peut travailler et donc former autrement que le monde mais sans en avoir ses moyens d'où la place de la formation supérieure et sa qualité) et le premier n'étant ni à la mesure du second ni du troisième.

Il est donc prévisible de trouver une telle structure dans toutes les formations sociales ou presque ayant le même niveau de développement par le fait d'une épargne forcée de main-d'oeuvre, d'un manque de moyens financiers et matériels (épargne et rente) et de l'absence d'élites en mesure d'intégrer la société au monde, de transformer l'épargne en capital social.

Un revenu incertain sinon de faible niveau donc un horizon temporel limité («fais-moi vivre aujourd'hui et tue-moi demain» dit le proverbe par la bouche du pauvre), une épargne forcée de main-d'oeuvre hypothèque donc au départ la politique publique réelle de formation.

Ensuite l'absence d'épargne exceptionnelle, d'élites expliquerait l'impossibilité de développer une telle politique. Par conséquent, on peut affirmer que l'on a renoncé à avoir une politique réelle de formation publique étant donné que la politique de formation a été dissociée de la formation d'une élite, d'une nouvelle dynamique de division du travail. L'effort social en matière d'éducation Ce que nous avons fait ressortir peut être rangé dans l'ordre des contraintes de la politique de formation mais non pas dans celui de ses déterminants positifs.

Il en est ainsi de ce qui pourrait être appelé l'effort social en matière d'éducation. Car ce que le monde nous apprend aussi, c'est que les formations qui ont réussi à rompre le cercle vicieux du sous-développement (faiblesse de l'épargne globale et de la formation de capitaux) sont les formations qui ont fait preuve d'effort social en matière d'éducation.

L'avantage comparatif qui est celui de la main-d'oeuvre a été profondément investi. La question devient donc pourquoi les formations sociales adoptent ou se laissent imposer une structure de dépenses défavorable à l'éducation-formation ou pourquoi elles se disposent favorablement en faveur de la formation d'un capital humain. Tout se passe comme si les choix politiques traduisaient un manque de confiance patent dans l'élite économique et scientifique, dans le travail et la propriété, le sentiment qu'il ne sert à rien ou davantage, dangereux, d'investir dans la formation des élites, dans la formation de certains capitaux.

En effet, pour accroître la dépense par étudiant de telle sorte que celle-ci puisse couvrir l'ensemble des besoins nécessaires à une formation de qualité, l'on pourrait réduire le nombre d'étudiants dans la perspective que le retour sur investissement de cette formation puisse permettre par la suite un élargissement du marché de cette formation et donc du nombre d'étudiants. Et c'est bien cette dynamique vertueuse qui semble avoir été la marque distinctive de nombreuses sociétés émergentes.

Notre besoin de formation est disjoint de celui du monde parce que nous ne sommes pas en mesure d'engager ou d'entrer dans une telle dynamique étant donné notre disposition globale vis-à-vis du monde. Produire une formation de qualité reviendrait à produire pour le monde pour pouvoir produire pour soi. C'est cela l'esprit du nouveau libéralisme: pour le monde et non plus l'industrie nationale du XIX-XXe siècles et d'Adam Smith.

L'intérêt général doit être reconstruit, il ne se donne pas de lui-même. Cette dynamique vertueuse qui permettrait d'élargir régulièrement la base de la formation de qualité a donc besoin de cette confiance dans l'accroissement du capital de l'élite scientifique et économique or, c'est bien ce qui semble faire défaut ou ce à quoi on ne veut pas consentir. L'on refuse à la société la possibilité d'accumuler, de construire son vaisseau, au capital de se différencier de manière cohérente et dans ses formes les plus complexes. Cette hypothèse trouve un certain écho dans le fait qu'un tel investissement dans l'éducation n'est ni une propension sociale clairement établie, ni une volonté politique.

Comme réponse au risque d'expatriation que présente un investissement qui n'aurait pas de débouché, l'Etat pourrait, du fait que l'investissement dans la formation s'apparentant à la formation d'un capital dont le revenu serait essentiellement privé (théorie du capital humain), se contenter d'un investissement de base égal pour tous (aux fortes externalités et nécessaire à la cohésion sociale) laissant au privé le soin d'apporter l'investissement différentiel nécessaire à une formation de qualité, l'encourageant même. Autrement dit l'Etat pourrait inciter à une certaine différenciation du capital, inciter la société à investir dans le capital humain. Or la situation n'est pas du tout dans ce genre de configuration. Il n'y a pas de propension publique encourageant une autre privée à l'investissement dans la formation.

Comment expliquer à la fois la faible propension privée à investir et celle publique la redoublant ? Propension à l'indifférenciation sociale, politiques publiques et dispositions à l'égard du monde De notre point de vue la cause fondamentale réside dans la méconnaissance de ce que nous sommes, ce que nous pouvons et ce que nous voulons ou devons être.

Cette méconnaissance de soi, des possibilités du monde et des volontés sociales, que l'on saisit largement après la crise du socialisme, ne nous permet pas de modifier l'état dans lequel nous nous trouvons et duquel nous voulons sortir pour entrer dans un nouvel état.

Tout se passe comme si la société et les politiques publiques étaient le siège de propensions passives et involontaires. L'une concerne notre rapport au monde et notre façon de nous l'approprier, et donc notre rapport aux élites comme moyen d'une telle appropriation, dont nous craignons comme la trahison quand nous ne doutons pas de leur efficacité. L'autre concerne la nature des politiques publiques qui, craignant comme d'accroître le désordre social par leur intervention, font dans la plus ou moins simple gestion (reproduction) du système.

Ainsi peut-on parler d'une propension sociale à l'indifférenciation redoublée par les politiques publiques. A la base une propension sociale, au sommet un redoublement, dans le monde une marginalisation. La méconnaissance de soi nous dissimule les habitudes qui nous gouvernent, qui forment et contrôlent notre être à notre insu, auxquelles nous obéissons depuis longtemps sans plus y penser. Nous peinons à croire que nous sommes tenus par des habitudes qu'il nous faut modifier pour faire face à un monde qui change et qui ne peut nous conserver tel que nous sommes.

Nous ne voulons pas voir et savoir que nos habitudes nous constituent au travers de nos macro-constructions en une sorte de machine sociale (ou de système de conventions), et que toute machine finit par être usée par le temps, qu'il nous faut donc en inventer continuellement de nouvelles, pour pouvoir durer et rester nous-mêmes. La connaissance nous permettrait d'établir comment nous sommes dans le monde, comment nous pourrions et comment nous devrions y être pour y rester, y rester en accord avec lui et avec nous-mêmes.

Nos énergies pourraient alors converger avec d'autres plus nombreuses pour construire un monde plus libre, plus juste. Produire une élite socialement acceptable et mondialement efficace Il nous faut donc bien regarder en face la question suivante: comment produire une élite socialement acceptable et mondialement efficace qui soit en mesure de penser la société dans le monde d'aujourd'hui et de demain, qui puisse animer cette dynamique vertueuse du marché de la formation supérieure. Cette question cruciale importe trop de monde pour qu'elle puisse trouver une réponse simple et prédéterminée.

Il n'en reste pas moins qu'une claire conscience sociale de sa possibilité est une condition nécessaire à sa réalisation. Tout d'abord nous l'avons vu, il n'y a pas de propension naturelle, sociale et privée, à investir dans la formation universitaire, le marché de la formation, le capital humain.

Nous sommes comme coincés dans une demande de formation qui plonge ses racines dans un passé rural. Comme nos parents nous abandonnons la formation de nos enfants à la puissance publique alors qu'elle ne peut être plus informée que nous-mêmes et alors que nous n'avons plus le même bagage culturel.

L'Histoire ne nous a pas donné les hiérarchies sociales qu'elle a données au monde conquérant, qui continuent à essayer d'étendre leur emprise sur le monde. Aussi craignons-nous de nous en donner de peur qu'elles ne deviennent les instruments de nos défaites futures.

Notre formation sociale n'a pas accumulé de travail sous la forme de «capitaux» divers dont la compétition aujourd'hui animerait le développement, elle ne peut que craindre d'entrer dans les compétitions du monde. Mais n'est-ce pas une manière de refuser le combat, de tourner le dos à l'adversaire, de mener une politique de l'autruche que de refuser de voir que si cela pouvait durer cela serait au risque d'un anéantissement de notre société ?

Pour terminer on fera remarquer que l'absence d'élite et l'absence de propension sociale à investir le monde, ses structures pour les développer au profit de la société sont concomitantes. Elles sont le produit d'une dynamique et de désir social d'indifférenciation. Au fur à mesure du développement des élites, le monde devrait paraître plus abordable.

La société ne contient pas intrinsèquement la cause de son indifférenciation tout comme elle ne se configure pas en dehors d'un rapport au monde. Au cours de son passé colonial et précolonial, elle a pu trouver dans cette indifférenciation une façon de ne pas offrir au monde de prise sur elle, aujourd'hui elle doit se différencier pour pouvoir prendre prise sur le monde, y entrer et sortir de sa marginalisation. Ayant toujours vécu sur les marges de l'économie-monde, elle n'a jamais été autant soumise au risque d'implosion comme elle l'est exposée aujourd'hui.

La rente gonfle son être par sa consommation tout en la déconnectant de son environnement, de ses ressources renouvelables, du travail. La société doit se projeter dans le monde et penser son mode de développement progressif comme celui de son élite pour qu'un tel développement puisse s'accompagner d'une nouvelle prise de confiance de la société à l'égard d'une certaine différenciation.

Et la société dirigeante ne peut plus se contenter de gérer le système, elle doit favoriser, conduire le développement d'une telle propension. Ainsi, la libération du champ de formation du capital humain qui permettrait à la société de réaliser son effort de formation et une vision sociale globale qui fixerait les objectifs et anticiperait la formation de l'élite sont les conditions nécessaires à une telle dynamique.

S'il y a un rapport d'identité entre une élite et sa société, ce rapport est nécessairement médiatisé par le monde. Le monde et la société peuvent être hostiles l'un à l'autre. Si le monde ne peut imposer de l'extérieur une élite à la société, il combattra la formation d'une élite adverse, ou visera à influer sur son mode de détermination, sur les conditions de sa formation, de son fonctionnement afin de mieux en venir à bout.

A travers la question des élites se pose donc la question de l'autodétermination sociale et de l'accord avec le monde. Si l'élite est un moyen de la société pour se penser dans le monde et avec le monde, il n'y aura alors pas de rupture entre les deux termes qui puisse laisser s'installer un rapport de défiance.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Arezki Derguini . Le 5 octobre 2008.

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