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Algérie - Les minoteries ne feront plus de politique

Les minoteries ne feront plus de politiquePetite information banale : il n'y aura plus d'avantages à l'investissement pour les minoteries en Algérie. Pour certains, c'est la fin d'une époque : celle où un grand fonctionnaire de l'Etat pouvait rêver d'une retraite suisse à regarder se moudre la semoule dans ses parages d'origine et réexpliquer l'univers algérien au bruit des moulins.

Le réseau favori des années 90 serait donc saturé à 200%. On passe à une autre façon de fabriquer le pain. Pourtant, tout le monde s'y est mis presque pendant longtemps selon une règle nationale : celle de « l'investissement grégaire », à introduire dans le lexique spécialisé de l'économie.

Souvenez-vous : Durant les premières années de l'Indépendance, un bon privé, sorti indemne des nationalisations enthousiastes et soumis à l'aplatissement doctrinaire par le socialisme, avait pour tendance de posséder un bus de liaison rurale ou, au mieux, un Hammam. Ben Bella s'en souviendra en parlant de graisse à faire fondre et l'une des mesures corrective de l'époque a été de donner aux anciens des maquis un bain maure pour signifier la réparation symbolique.

Après le Hammam, la mode a été celle des bains-douches. Filon favori des années 80, investissement préféré des conversions des bourgeoisies bureaucratiques, nées de la coercition du cachet humide et du règne mou de Chadlisme, avec la moitié du peuple devenue plus rusée que son propre Président. Durant les années 90, le bon filon du privé moyen, issu des fortunes séculaires honnêtes ou des détournements fonciers, années de gloire des agences foncières et des premiers attentats massifs, la recette était celle des « Salons de thé » pour le privé moyen et des entreprises de « sécurité » pour les plus puissants.

Tout le monde s'y était mis et les hauts fonctionnaires qui n'y avaient pas songé se sentaient méprisés par leurs femmes et leurs aînés chaque soir au dîner. Certains avaient aussi senti le gisement dans les petites entreprises de constructions de guérites, blocs de béton aux alentours des commissariats et administrations, etc.

Ce fut donc la mode du rush. A la fin des années 90, ce seront les minoteries, les fameuses, celles qu'on a expliqué comme faisant partie de certaines biographies officielles. Entre l'importation directe qui demandait beaucoup de temps et d'art et de patience et de flexibilité, la promotion immobilière qui exigeait que l'on ait des fils capables de distinguer un camion d'une Golf série V, et l'agriculture qui exigeait d'avoir des mains et pas seulement le bras long, restaient les minoteries.

Facile, avec deux trous, l'un pour le blé entrant et l'autre pour la semoule sortante, un bouton et la possibilité de regarder la chose de loin et de démarrer le moteur avec de l'air. Les minoteries seront ainsi ce que sont les KMS aujourd'hui pour les ados ratés : un rêve d'avoir du pain en restant assis, ne demandant pas la technologie de la Corée du Sud, ni l'effort d'un Chinois ni le savoir-faire et la vigilance d'un colon du 10ème siècle.

Huit ans après, le filon est déclaré sans intérêts pour la nation. Quelle est la nouvelle mode ? Les contrôles techniques des voitures ? Les Chips ? Les Show-room des concessionnaires ? Les journaux ? Le tiers présidentiel ? L'immobilier locatif ? L'époque est encore floue. La tendance ne s'est pas encore dessinée. Peut-être les relais de l'auto-route est-ouest.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud . Le 12 octobre 2008.

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