Algérie - Libérer l’Histoire Nationale des distorsions partisanes 2

Suite et fin La fin constitutionnelle de L’Etat-Parti Unique! Il faut, toutefois, reconnaitre que, depuis ces quelques dernières années, les choses ont profondément changé ; de plus en plus d’anciens membres de l’ALN et du FLN historiques, comme du MNA, sont sortis de leur silence et se sont mis à apporter leur témoignage sur la lutte de libération nationale ; ces mémoires ont certes des défauts découlant de ce type même d’exercice autobiographique : nul ne se flagelle en racontant sa vie !

Mais il n’y a rien de condamnable à l’auto-glorification ; ce qui important c’est que les historiens professionnels aient à leur disposition des témoignages écrits d’acteurs plus ou moins centraux de la lutte de libération nationale ; ces professionnels pourront, alors, en s’appuyant sur ces documents autobiographiques et les archives d’Etat auxquelles l’accès deviendra de plus en plus aisé, au fur et à mesure que l’on s’éloigne des évènements en cause, reconstituer enfin une histoire du mouvement national qui donne à chacune de ses composantes et à chacun de ses acteurs la place qu’ils méritent.

La mort constitutionnelle de l’Etat-Parti Unique- la disparition, par effondrement, du système totalitaire qu’il a incarné pendant prés de quatre décennies- est une affirmation inscrite dans la réalité politique et juridique algérienne ; elle est apparente dans les bouleversements intervenus dans l’orientation de la politique étrangère, qui souligne la renonciation par l’Etat algérien, à ses thèmes militants les plus chers et à son ambition de créer un nouvel ordre mondial en remplacement de l’ordre né du sang et du feu de la seconde guerre mondiale ; cette mort apparaît à travers le changement des orientations en matière économique et la renonciation à l’Etat-providence ; elle est inscrite dans la Constitution, puisque les partis politiques sont autorisés, certes sous contrôle, mais peu importe, l’essentiel c’est qu’ils soient là en attendant qu’ils servent à autre chose qu’à distribuer les prébendes du pouvoir politique ! Elle est prouvée par la liberté et la riche diversité de la presse écrite dans toutes ses variantes, si contrainte soit-elle!

En conclusion, 1)Il reste , cependant, que la remise en ordre de l’histoire de la lutte de libération nationale n’est pas totale ; on continue à faire coïncide la date anniversaire de l’indépendance avec la célébration de la jeunesse ; on continue à fêter le 1er Novembre, comme si le résultat final de la lutte n’avait pas été atteint et que l’on embrassait encore le concept de « Révolution permanente ; » le 20 Août est toujours la fête du Moudhajid, car il coïncide avec le Congrès de la Soumman qui a officialisé la structuration du FLN en entité politique indépendante.

On continue à vouer aux gémonies Messali Hadj et le Mouvement National Algérien, comme se le ressort de leur action était autre que celui du FLN historique, ce qui est évidemment faux, les témoignages d’historiens aussi respectables que Mohamed Harbi et Ahmed Mahsas, et bien d’autres chercheurs algériens et étrangers, sont là pour prouver le contraire ; et l’on continue à sortir à toutes occasions les campagnes d’assassinat, auxquels les antagonistes du FLN comme du MNA ont eu recours ;

on se plait à rappeler l’affaire Bellounis, en oubliant de mentionner que Messali Hadj n’a joué aucun rôle dans la naissance et le développement de cette affaire, et que son dénouement tragique, à savoir le massacre de l’armée de Bellounis, s’est effectué par les mains de l’ancienne puissance coloniale, etc. On a vu un séminaire sur Messali interdit à Batna, sous le prétexte que Batna n’est pas Tlemcen, ce que toute personne ayant une connaissance élémentaire de l’histoire et de la géographie de l’Algérie savait déjà !

2)La restitution aux Algériens de l’histoire de leur lutte de libération passe par la connaissance de tous ses aspects et de toutes ses péripéties, bonnes ou mauvaises, par la reconnaissance que les Algériens morts les armes à la main, quelque que soit le sigle sous lequel ils combattaient, sont mort pour la libération de tous les Algériens, de quelque région ou affiliation tribale ou ethnique qu’ils soient, et que la lutte entre le FLN et le MNA n’était pas une lutte au nom d’idéologies ou d’idéaux différents, mais un conflit de leadership ayant débouché sur une guerre civile enveloppée dans une guerre de libération nationale.

3) Lorsque tout un chacun acceptera que les combattants du MNA soient honorés au même titre que ceux du FLN/ALN, l’Algérie gagnera enfin la sérénité si nécessaire au développement et à l’épanouissement individuel. Qu’on ne croie pas qu’escamoter l’histoire de la lutte de libération nationale au profit d’un groupe et au détriment d’un autre va régler le problème qu’a posé la manipulation de l’Histoire de type b) qu’a connu l’Algérie pendant prés de 40 années ! Et il ne s’agit pas d’un problème réglable par le temps !

4)D’ailleurs, dans sa sagesse, le Président de la République a fait un grand pas dans ce sens en donnant le nom de l’aéroport de sa ville de naissance à Messali Hadj , et en le mentionnant à plusieurs reprises dans ses discours comme un des grands dirigeants de la renaissance du peuple algérien.

5) Il faut toutefois reconnaître que ce nouvel état des choses reste encore invisible pour certains qui continuent à s’accrocher à de vieux reflexes totalitaires et à croire que les bouleversements actuels ne sont qu’accidentels et passagers, et que reviendra un jour où ils pourront de nouveau imposer leur vision tronquée de l’histoire du mouvement de libération nationale. Hélas ! Il y aura toujours des gens prêts à continuer à se battre dans une guerre terminée depuis moult temps ! Mais, la raison prévaudra et ceux-là aussi rejoindront enfin ceux de leur temps.

5)Il est évident que l’effacement total des séquelles du système totalitaire qui ont marqué la société comme l’Histoire de l’Algérie conduira à des reclassements des hommes qui ont contribué à la libération du pays ; mais ce reclassement au détriment de certains, se fera au profit de tous, car il offrira aux Algériens des exemples réels d’abnégation, d’héroïsme et de sincérité au service de l’intérêt commun, et leur redonnera enfin un sens à leur nationalité, à leur patriotisme, et à leur nationalisme, et les rendra d’autant plus unis !

6) Pour les vrais « Novembristes, » la célébration de l’Indépendance Nationale le 5 Juillet de chaque année est la meilleure preuve de leur engagement à défendre les valeurs que le FLN historique a incarnées, celles qui sont formulées dans la charte de la Soummam, et qui sont des promesses faites au peuple algériens en contre-parti de ses sacrifices, promesses aussitôt violées qu’adoptées.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Mourad Benachenhou. Le 13 octobre 2008.

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