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Algérie - D’un oued à un autre (1)

d'un oued a un autre Les poussées démographiques et les infrastructures d’accompagnement, notamment d’habitats et routières, concentrées dans les zones urbaines et autres agglomérations semi-urbaines, foisonnant un peu partout, à travers le territoire national, ont relégué au second plan les approches sectorielles manifestement non-coordonnées en terme d’aménagement du territoire dans son ensemble.

Les pouvoirs publics, ainsi débordés, en matière de prévisions des risques d’inondations dues, aussi bien à des méthodes de divers petits aménagements excessivement répétés, qu’aux réseaux hydrographiques dérangés par les gros travaux, n’ont pas établi une stratégie de protection adéquate de ces sites intervertis, pour diverses raisons connues, ainsi négligés voire marginalisés et donc, devenant par la force des choses et du temps, de nouveaux lieux inondables. Ainsi, les dernières pluies torrentielles et celles d’avant, qui ont touché notamment des régions situées dans l’Atlas saharien et tellien, dénotent de la précarité des ouvrages routiers, des habitations et structures d’exploitations agricoles, situées dans des zones prédisposées aux inondations.

Les ruisselets ou «fiadhs»(2), les oueds et autres sites topographiques liés, constituent les principaux exutoires aux eaux torrentielles. Ces dernières découlent donc des reliefs érodés, ou bien ensablés altérant le milieu physique, depuis des lustres et non équipés en la matière, ainsi que celles gonflantes au niveau des rus -»fiadhs»- et autres micros impluvium (3) collinaires et de plaines.

Ces affluents confirment l’adage: «nombreux petits ruisseaux font grande rivière», qui d’un oued à un autre, d’une rue à l’autre, d’un accotement routier mal consolidé, provoquent inévitablement des catastrophes dites «naturelles», pour des pluviosités pourtant moins importantes, en terme quantitatif, par rapport à celles décennales et même centenaires observées depuis le début du siècle dernier mais, qu’en revanche, de plus en plus intenses en terme de temps et de concentrations dans un espace donné.

Et c’est le branle-bas, à chaque fois! Les conséquences sont immenses: des dizaines de morts, des milliers de sans-abri, des familles éplorées, des milliards de dinars évaporés en quelques minutes, etc., sans compter les multiples désagréments engendrés, notamment les imbroglios décisionnels pour réaménager les infrastructures et autres édifices, soit à proximité des lieux sinistrés ou ailleurs, avec tous leurs multiples impacts...

En principe, une cartographie hydrographique existe sinon à actualiser -entre autres outils d’observations scientifiques éprouvées et efficientes, notamment satellitaires- qui devrait localiser l’ensemble des failles et entailles topographiques, actualisées, saison par saison, notamment automnale et printanière où les orages torrentiels sont fréquents, afin de modéliser toutes les eaux de crues jugées débordantes et anticiper, ainsi, les mesures préventives. Au quotidien. Il faut bien admettre que le changement climatique est une réalité, et que les inondations deviennent imprévisibles, fréquentes et grossissantes.

Par conséquent, il faut imaginer des mécanismes pertinents qui permettent de saisir les signes avant-coureurs de certaines averses automnales et printanières à risques «d’inondabilité», ainsi que le renforcement d’un système de veille -qui reste donc à imaginer- et de surveillance riveraine aux oueds, «fiadhs», pistes, routes, etc., pour éviter les pertes humaines par des déplacements anticipés obligatoires et assistés, d’une part, ainsi que d’observer comment un pont et toutes autres structures risqueraient d’être endommagés -à temps réel- dans ses principaux éléments fondateurs, d’autre part.

Et ce, pour en tirer les enseignements pratiques! Visualiser scientifiquement l’agression hydrique, et d’en hiérarchiser ses éléments combinatoires agissants, cela permettrait de mieux imaginer les choses en terme d’aménagements adéquats, liés à ce genre de catastrophe. La suite, ce ne serait que réflexions honnêtes et consciences professionnelles désintéressées, du génie humain, avant celui des «normes standards», du génie civil, reconduites en l’état malgré leurs failles itératives dues aux bâclages édulcorés des enquêtes de faisabilité en la matière. Pour des convenances autres que celles tracées pour l’intérêt général. A ce propos, le célèbre savant Albert Einstein avait dit que: «L’imagination est plus importante que le savoir».

Nous ajoutons, cependant, que le savoir ancestral des terroirs locaux est plus pertinent que tout autre apport externe du genre prêt-à-porter et autres canevas déroutants, et ce, quelles que soient leurs «parures», allures, et soi-disant certitudes d’approche. Un adage dit qu’il faut impérativement construire son nid -sa demeure-, d’après sa propre vision des choses, sur des lieux élevés et que cela reste valable, d’après notre humble point de vue, pour tous les autres domaines de la vie, à condition que ceci soit pratiqué, en toute modestie.

Tout simplement !! -------------------------------------------------------------------------------- Notes: (1) Cet intitulé est, en fait, l’objet de notre contribution, parue au «Quotidien d’Oran», liée aux catastrophes d’avril 2007, du même genre que celles qui avaient touché certaines régions du pays. Des événements douloureux à plus d’un titre. Nous la synthétisons, recentrons et rééditons car nous estimons qu’elle est d’actualité. (2) Fiadh, entaille due à plusieurs causes. Principalement l’érosion hydrique intra-collinaire et sur légères pentes en plaines aux sols friables. Le terme en arabe veut dire «déborde».

Anciennement (jusqu’aux années 70), ces petits affluents, en amont ou en aval aux oueds, lorsqu’ils «bouillonnaient», on les déviait sur les parcelles agricoles d’alentours jusqu’à l’absorption totale de leurs eaux. Par des labours semailles (en même temps), H24, des jours et des jours, effectués par des braves gens à l’aide de bêtes de trait et de petits matériels adaptés à ce genre de situation (Djerrafs, entre autres, qui veut dire «fait des rigoles» évacuatrices et répartitrices du surplus des eaux.) et semis à même la lame d’eau à l’image près d’une rizière, (Thra qui veut dire humecté).

Et c’est comme ça que le Hodna, à titre d’exemple, était réputé pour ses «Saba» -abondance- notamment en orge vert et en grain assurant suffisamment l’alimentation de l’important cheptel ovin de l’époque. Ainsi, d’inondation destructrice, on l’a transformé en eau irriguant généreusement les terres et, donc, de profusion céréalière et fourragère, en fin de campagne agricole.

En deux ou trois inondations seulement: une au labour semis -octobre novembre-, l’autre au tallage/montaison -février mars-. En milieu steppique bien évidemment. (3) Ces micros impluvium sont nombreux dans l’Atlas saharien et ses basses plaines. On les appelle les «dâyates». Ce sont des bassins qui peuvent s’étendre sur 2.000 ha d’un seul tenant et plus.

Ils sont, en principe, couverts par des nappes végétatives dont principalement le jujubier («sedra») et l’atriplex, endémiques dans ce type de régions, jouant un rôle, minime certes de «haies», et de répartiteur naturel d’eau sur le micro impluvium qui, conjugués aux méthodes citées en (1) ci-dessus, amortissent considérablement les débordements des eaux de ces bassins. Dans beaucoup de régions de l’Atlas saharien, ces vallons sont, de moins en moins, labourés et ruissellent de plus en plus (sols fortement tassés). Jadis, ils étaient tous semés en céréales dont le blé dur qui, à pluviométrie optimale, donnait des rendements dépassant les 20 quintaux/ha.

Ils portent des noms significatifs souvent liés à des évènements historiques importants. Comme celle de Dayate El- bel: «le combe des dromadaires», (wilaya de M’sila), où d’après certains écrits historiques, fut le lieu d’un regroupement de dromadaires guerriers (Zianides) qui, un jour, ont été surpris par une pluie torrentielle intense qui aurait duré plusieurs jours, empêtrés ainsi, tombèrent et s’embourbèrent dans la confusion. Beaucoup périrent. Depuis, on la désigne en tant que lieu-dit. Et beaucoup d’autres ont des noms aux différentes significations liées à ce genre de faits ou tout simplement à leur topographie.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Ali Brahimi. Le 15 octobre 2008.

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