Algérie - Wall $treet, pas l'Afrique

C'est une rue contre un continent. La rue, elle mesure quelques centaines de mètres à peine, au sud de Manhattan, à New York, possède les trois quarts de l'argent du monde et a le don de pouvoir se tirer une balle dans sa tête avec ce résultat que ce sont les autres qui en crèvent.

Le continent, lui, fait plusieurs millions de km², ne possède que le repas du jour et a le don d'être le continent le plus riche avec les gens les plus pauvres. C'est donc Wall Street, la rue, contre l'Afrique, le bout du monde.

Et là, tout le monde l'aura remarqué, surtout en Occident: pour sauver l'Afrique, il faut, à chaque fois, beaucoup de cocktails de charité, d'énormes politiques au diesel, de terribles conditions bureaucratiques et beaucoup d'explications juridiques.

Généralement, cela prend un énorme temps et à la fin, cela sert à se servir pour les démocraties blanches, les Mobutu locaux et les prédateurs indigènes. Tout ce qui a été donné à l'Afrique, depuis des décennies, a presque toujours profité à l'humanisme prêt-à-porter, les multinationales du médicament et aux armuriers.

L'argent y est rare, difficile à ramasser et obéit à de longues procédures de droits de l'Homme, d'intérêts stratégiques et de marchés de cuivre et de matières premières. Pour ramasser l'argent des vaccins, il y faut le drame du Biafra, des stars d'Hollywood, des ONG.

Tout le contraire de Wall Street: là, pour sauver des banquiers, des banques et le capitalisme, dit celui du «casino» désormais, l'Occident a fait vite, très vite, a couru, veillé la nuit et sorti les marmites: en une semaine, 700 milliards de dollars ont été déboursés pour sauver Wall Street aux USA. Près de 400 milliards d'Euros ont été déboursés, en Europe, pour sauver les banques du coin. Ceci sans parler de ce que les Etats les plus riches vont dépenser pour sauver leurs PME/PMI, apurer les crédits et effacer les ardoises.

Béninois, Africains, Arabes, Indiens, Esquimaux, Inuits ou tribus empaillées de l'Amazonie, vous pouvez crever de faim, vous manger jusqu'aux ancêtres, mourir de paludisme, l'Occident ne déboursera jamais autant et aussi vite, pour vous allaiter en lait comme il l'a fait pour une rue. Une seule. En une semaine. Partout, de Berlin à New york. Le vrai miracle d'une table qui descend du ciel en écrasant certains pour donner à manger à d'autres. Et c'est comme l'Algérie, mais à l'inverse.

Rappelez-vous: il faut cinq dossiers de 350 g chacun, six mois de délai, quatre épaules d'éléphants, des bras si longs qu'ils peuvent atteindre un Targui, à partir d'Alger, et des pièces justifiant de presque toute votre vie pour obtenir un crédit bancaire de 5 millions de cts, une aide de l'Etat ou 2.000 DA de charité. Il a fallu, seulement, un sourire et une pharmacie pour Khalifa pour qu'il épouse tout le pays avec, pour témoins, des ministres, un gros syndicat, toutes les administrations possibles et des actrices françaises, femmes ou pas.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. Par Kamel Daoud. Le 18 octobre 2008.

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