Islam- La finance islamique pèserait 700 mds de dollars: La France veut capter les capitaux «halal»
La France de la laïcité veut se mettre à l'heure de la «finance islamique».
Au moment où la tempête financière souffle sur les places financières du monde, le législateur cherche à créer les conditions réglementaires afin de permettre aux banques hexagonales de capter les capitaux «halal».
Une ressource dont le volume ne cesse, depuis une dizaine d'années, de prendre de l'ampleur dans les flux internationaux. En pleine mobilisation planétaire contre les effets de la crise financière et bancaire, Paris a choisi de donner à cette question les allures d'un débat public. Le Sénat, dont les travaux nourrissent souvent les politiques publiques, vient de rendre public un rapport à l'intitulé original : «La finance islamique en France : quelles perspectives ?»
Initié par la Commission des finances dirigée par l'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Jean-Arthuis, le rapport érige la question des capitaux dits islamiques au rang de priorité économique. Les conclusions émises en guise de recommandations à l'intention du gouvernement ne laisse guère de doute. Le législateur cherche à faire de la France une place financière dédiée également à la finance islamique.
«Il conviendrait d'envisager le développement de la finance islamique en France au regard de l'importance de la communauté musulmane présente sur le territoire national», plaide la Mission Arthuis. Laquelle pointe, sur le ton du regret, le regard de la France dans ce registre comparativement à la Grande-Bretagne, à l'Allemagne, aux pays scandinaves et à l'Amérique du Nord.
Vieille d'une quarantaine d'années - les premières activités de ce type sont nées dans les années 1970 dans les monarchies du Golfe -, la finance islamique a fini par prendre pied dans le système bancaire occidental. Premier pays de l'Union européenne à s'y intéresser, la Grande-Bretagne a vu l'ouverture de sa première banque islamique en 2004.
Depuis, elle «fait figure de pionnière» dans le Vieux Continent pour avoir adopté rapidement des mesures juridiques et économiques. Objectif de cette compétition bancaire non déclarée : faire de la City un place forte de la finance islamique.
Forte de la présence sur son territoire d'une importante communauté musulmane d'origine turque, l'Allemagne n'est pas en reste. Selon la commission des finances du Sénat français, la prise en compte de ce marché y «est effective, comme le démontrent les initiatives prises sur le marché des sukuks (produit obligataire islamique) ou du takaful (assurance)».
A en croire des estimations financières concordantes, la finance islamique constitue, à l'heure actuelle, un véritable marché qui pèserait quelque 700 milliards de dollars. Ces indicateurs semblent recouper une situation réelle, selon les auteurs du rapport sénatorial français. Le taux de croissance annuel de l'activité bancaire islamique est estimé à entre 10 et 15%, croit-on savoir de même source.
Autre chiffre qui n'a pas échappé à la curiosité de la Mission Arthuis, «le total des actifs gérés par les banques et les compagnies d'assurance se serait élevé à 500 milliards de dollars fin 2007".
De quoi conférer un argumentaire de taille à ceux - de plus en plus nombreux en France - qui militent pour l'entrée des capitaux islamiques dans la place financière française. Le rapport trouve anormal que la France, un pays a forte communauté d'origine musulmane, reste en marge de cette nouvelle déclinaison de la finance internationale. «La France connaît la première communauté musulmane d'Europe avec près de 5,5 millions de personnes, contre 2,5 millions en Grande-Bretagne», note la Mission Arthuis.
Elle y voit, ce faisant, une «opportunité» pour «renforcer l'attractivité de la place financière de Paris, et plus précisément de bénéficier d'une poche de liquidités dont le volume ne cesse de croître». La mission souligne une «certaine inertie» de la France dans le registre de la finance islamique.
«En dépit d'une attention, au demeurant récente, des pouvoirs publics sur cette question, les professionnels concernés n'apparaissent pas aussi «pro-actifs » que leurs homologues d'outre-Manche, que ce soit dans le développement de la banque d'investissement, de financement ou de détail».
A défaut d'en faire un produit de tous les jours sur le territoire hexagonal, les banques françaises s'y adonnent à l'étranger.
Le rapport sénatorial constate que «la plupart des groupes bancaires français ont ouvert des filiales spécialisées sur le créneau de la finance islamique au Moyen-Orient afin de profiter de cette source de liquidités».
En France, leur activité dans ce domaine est «plus que balbutiante», se plaint la Mission Arthuis.
«Cet attentisme apparaît paradoxal, dans la mesure où le développement de la finance islamique en France ne nécessiterait pas un « bouleversement » du droit positif d'une part, et pourrait s'appuyer sur deux atouts majeurs, à savoir une place financière d'ores et déjà compétitive et la présence d'une communauté musulmane importante, d'autre part».
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. ( www.lequotidien-oran.com). Par le Correspondant du Quotidien d'Oran A Paris: S. Raouf . Le 22 octobre 2008.
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