Algérie - Mais où est passé l’ultralibéralisme ?
On s’en doute, la crise qui ébranle actuellement la planète financière est loin d’être terminée. Certes, le gouvernement américain tente de réagir avec vigueur mais rien ne dit que son plan de sauvetage suffira à calmer la tornade et, surtout, à éviter de futures rechutes tout aussi dévastatrices.
On sait que la situation actuelle n’est pas le résultat de simples dysfonctionnements ou d’agissements isolés de quelques traders fous.
C’est avant tout l’aboutissement de deux décennies de dérégulation et d’attaques frontales contre le rôle de l’Etat en tant qu’arbitre et maître ultime du jeu dans la sphère économique. C’est la conséquence d’une fuite en avant où l’on a laissé une entière liberté aux acteurs de marché, lesquels en ont bien sûr profité. Toujours moins de règles, toujours plus de décloisonnement entre finance et économie réelle et voici donc le piètre résultat.
Où sont les ultralibéraux ?
Il est plus que temps de poser les questions suivantes : où sont aujourd’hui les Chicago Boys, les admirateurs de Milton Friedman et ceux qui ne juraient que par Ronald Reagan ou Margaret Thatcher ? Où sont les chantres de l’ouverture à tout crin ? Où sont les charlatans qui, en Algérie comme ailleurs, se sont prévalus de postes obscurs au Fonds monétaire international (FMI) ou à la Banque mondiale pour convaincre de la supériorité de leur savoir et de leurs recettes ultralibérales ?
Où sont ces imprécateurs qui nous expliquaient au début des années 1990 que «l’Etat, c’est l’ennemi» et que le «laissez-faire» était la seule voie pour doper les économies ?
A quoi assistons-nous aujourd’hui ? Pour sauver des banques qui ont spéculé jusqu’à plus soif sur des titres douteux, les Etats sont aujourd’hui obligés de recourir à la planche à billets. On dira que ce n’est pas exactement ce que font le Trésor américain et les grandes Banques centrales mais cela revient au même.
On mobilise de l’argent, dont la vocation n’est pourtant pas de servir de bouée de sauvetage à un système qui ne s’est jamais révélé être un grand partageur ou un grand adepte de la redistribution. Les paris peuvent être pris dès maintenant mais il y a fort à parier qu’à la fin de l’année, on entendra encore parler de bonus faramineux qui seront payés par la collectivité internationale...
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Les 1.000 milliards de dollars qui vont être injectés dans les circuits financiers pour éviter la catastrophe planétaire que constituerait une crise systémique, viennent certes des poches du contribuable américain mais pas uniquement.
C’est toute l’épargne mondiale qui est actuellement siphonnée pour sauver Wall Street. C’est le bas de laine du retraité nippon et la rente de la veuve écossaise, sans compter les dollars dociles du Golfe qui sont aspirés pour empêcher le radeau de couler. Il y a de quoi comprendre la colère des associations de contribuables américains qui n’admettent pas que tant d’argent soit dépensé pour sauver la peau de ceux qui ont toujours su privatiser les gains et nationaliser leurs pertes.
Des lois nécessaires mais qui ne seront pas votées
Normalement, du fait de ce gigantesque coup de tabac, de nouvelles règles devraient être adoptées.
Il ne s’agit pas de revenir à un dirigisme ou à un étatisme qui, eux aussi, ont failli. L’idée est de multiplier les garde-fous et de faire passer des lois contraignantes afin d’empêcher que des banquiers ne fassent n’importe quoi pour gonfler leurs bonus.
Va-t-on reparler de la taxe Tobin, imaginée à l’origine pour constituer un grain de sable destiné à prévenir l’emballement des marchés ? Va-t-on enfin encadrer, aux Etats-Unis comme ailleurs, la rémunération des dirigeants et réglementer les bonus ?
En l’état actuel des choses, ces mesures seraient un minimum. Mais il y a peu de chances pour que cela se réalise car, déjà, on explique ici et là que ce n’est pas la faute à l’ultralibéralisme si la situation est ce qu’elle est aujourd’hui...
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. ( www.lequotidien-oran.com). Par Akram Belkaïd. Le 22 octobre 2008.
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