Algérie - OPEP : une diminution certes, mais de quelle ampleur ?
L'annonce par notre ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, président en exercice de l'OPEP, que le cartel pétrolier décidera d'une baisse de sa production lors de sa réunion extraordinaire qui se tiendra vendredi à Vienne, en Autriche, a eu pour effet de lever le suspense sur les intentions de l'organisation pétrolière et de redonner un peu de vigueur au prix de l'or noir, qui a repassé la barre des 70 dollars après avoir subi un repli qui l'a fait descendre à moins de 66 dollars.
Mais la décision de baisse de la production de l'OPEP désormais acquise, les marchés pétroliers sont en attente du plus important, à savoir quelle sera l'ampleur de cette baisse annoncée.
Le président de l'OPEP s'est gardé d'avancer un quelconque chiffre précis sur le sujet, s'étant contenté de qualifier d'importante la baisse à laquelle procédera l'organisation.
La logique du marché ainsi que les intérêts nationaux mêmes des Etats membres de l'OPEP voudraient que le cartel tranche pour une réduction qui éponge le surplus de disponibilité d'or noir, chiffré à 2 millions de barils/jour.
C'est là un minimum pour conserver les prix du pétrole dans une fourchette qui ne lésera pas les pays producteurs. Le Nigéria, l'Iran, le Venezuela et l'Algérie, pays pétroliers à fortes populations, plaideront, c'est l'évidence, pour une réduction encore plus sensible, jusqu'à 2,5 millions barils/jour, qui permettrait, selon des calculs, de stabiliser les cours pétroliers entre 80 et 90 dollars.
Chakib Khelil n'a pas caché sa préférence pour cette option dont il s'est déclaré preneur, surtout si le dollar confirme sa remontée dans les cotations. Il y a toutefois l'inconnue de la position de l'Arabie Saoudite.
Ryadh se prononcera très certainement pour une réduction de la production. Sauf qu'elle ne la voudrait pas aussi importante qu'envisagée par les Etats précités. Ceci pour ne pas contrarier ses alliés américains et occidentaux, dont le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est fait l'interprète en qualifiant par avance de «scandaleuse» l'idée même que l'OPEP penserait à diminuer sa production.
Certes, l'Arabie Saoudite adhère au principe de la diminution de la production, car il n'est pas de son intérêt que les prix s'effondrent. Mais compte tenu de son statut de premier pays exportateur et du quota de production dont elle dispose, elle est en mesure de se satisfaire d'un coût du baril qui ne se situerait pas dans la fourchette des 80-90 dollars.
Les Saoudiens ont les moyens de forcer la décision au sein de l'OPEP.
Les autres Etats membres du cartel ne pourront en effet rendre effective une baisse de production si ce pays n'en joue pas le jeu.
Il y a toutefois que l'Arabie Saoudite a peut-être tiré la leçon de la période où, ayant pris position contre la majorité des autres membres de l'OPEP en refusant d'appliquer la loi du marché pour les prix du pétrole, elle a subi une érosion drastique de ses revenus financiers qui lui a démontré la fragilité de ses «rapports stratégiques» avec les Etats grands consommateurs de pétrole, l'Amérique en premier.
L'enseignement lui vaudra peut-être, en cette période de crise financière et économique mondiale, de se préoccuper d'abord et avant tout de ses intérêts nationaux.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Kharroubi Habib. Le 23 octobre 2008.
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