Algérie - Le «dessin de l'Emir» pour démasquer les faux Moudjahidine

Dans une curieuse synchronisation presque comique, on parle des anciens Moudjahidine au Palais comme à la rue, mais à partir de deux angles différents. Au Palais, c'est le Rassemblement contre la Famille.

Le RCD dit qu'il y a apparemment plus de martyrs que de balles tirées par la France coloniale et il y a plus de survivants algériens à la guerre que de participants à cette guerre.

A la fin, il dit qu'il y a des anciens Moudjahidine, qui, lorsqu'on les expose au soleil, on voit qu'ils n'ont pas l'Emir Abdelkader en arrière-plan (ni son dessin, ni son destin, ni son cheval), mais seulement la signature d'un gouverneur de banque. A leur tour, les familles de la Famille Révolutionnaire lui répondent.

Ils reprennent d'abord le maquis et à partir de là, tirent sur le RCD et l'accusent presque d'avoir fourni le plan de vol de l'avion qui transportait des chefs historiques du FLN (Benbella, Khider, Aït Ahmed, Boudiaf et Mostefa Lacheraf) et qui a été détourné par des chasseurs français, avant l'arrestation de ses passagers un 22 octobre justement en 1956, comme la date d'hier.

Du coup, ayant prouvé n'importe quoi, la Famille dit prouver que certains membres du RCD sont des traîtres et doivent être exclus du Palais vers la rue, de la rue vers la mer et de la mer vers la France. A la rue, et au même moment, le débat porte sur le même sujet mais pas avec les mêmes verbes.

Là, des décennies après le départ de la France et son retour sous forme de coopération, des taxieurs algériens, endettés auprès des banques pour leurs crédits véhicules, découvrent qu'il n'y a pas assez d'anciens Moudjahidine et que cela leur pose problème. En quoi ? En tout.

Pour se faire chauffeur de taxi, il faut avoir la voiture, le chauffeur mais aussi un agrément. Le document se « loue », se vend et fait objet d'enchères et de surenchère depuis des années. La cause ? Il y a de moins en moins d'ayants droit et les demandes d'agréments se font de plus en plus nombreuses. Les privilégiés en abusent et les candidats s'impatientent.

Le drame se complique aussi lorsqu'on sait que des « taxieurs » se trouvent otage de crédits véhicules auprès des banques et menacés de retrait d'agréments s'ils ne payent pas suffisamment les vétérans. A la rue comme au Palais, il y a problème donc.

Avec les Moudjahidine. Les anciens, les vrais, les faux et les ayants droits. Les familles des « taxieurs » prises en otage par la Famille Révolutionnaire prise en otage par les familles politiques, les taxis pris en otage comme l'histoire nationale. C'est tragique pour tous, comique pour le reste. Dans une semaine, les taxieurs vont faire grève. Que fera le RCD ?

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Kamel Daoud . Le 23 octobre 2008.

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