Algérie - OPEP : un coup d'épée dans l'eau
La décision prise hier à Vienne par l'OPEP de réduire sa production d'un million et demi de barils/jour à partir du 1er novembre est considérée comme un coup d'épée dans l'eau qui ne va pas enrayer la dégringolade des prix du pétrole. La réaction des marchés pétroliers après l'annonce de cette décision donne du crédit à l'analyse, puisque le cours de l'or noir a aussitôt perdu quatre dollars, pour descendre au-dessous de la barre des 65 dollars.
En coupant «la poire en deux» entre ses Etats membres (Iran et Venezuela notamment) favorables à une réduction de la production encore plus importante et ceux (Arabie Saoudite et Emirats du Golfe) opposés, l'OPEP ne peut de ce fait voir sa décision stabiliser les marchés pétroliers. La réduction annoncée n'est pas en mesure en effet d'éponger le surplus de barils/jour que la récession mondiale, maintenant avérée, et la rétraction de la demande qu'elle entraîne vont provoquer.
Pour l'Algérie, la décision de l'OPEP n'est pas de bon augure. Et cela pour la raison qu'elle risque de la pénaliser doublement. D'abord, parce qu'elle ne parviendra pas à stabiliser les cours pétroliers à un niveau autour duquel le pays peut espérer encore des rentrées financières substantielles ne remettant pas en cause ses équilibres macroéconomiques. Ensuite, parce que la rente pétrolière en sera encore affectée par l'obligation qu'a le pays de réduire sa production nationale pour se conformer à la décision du cartel pétrolier.
L'OPEP a certes averti qu'elle se réserve la décision de réviser à la hausse la réduction de sa production dans le cas où les marchés pétroliers ne réagiraient pas comme elle l'escompte, à savoir la négociation des prix du pétrole à des hauteurs acceptables et pour les pays consommateurs et pour les Etats producteurs. Mais il n'est pas certain que sa «menace» soit d'un effet stabilisateur, du moment que l'Arabie Saoudite et d'autres membres ainsi que les Etats producteurs hors OPEP rechignent à respecter les règles de la loi de l'offre et de la demande.
La récession, dont les principaux pays industriels admettent maintenant la réalité pour leurs économies, est donnée comme justification aux pressions qu'ils exercent sur les pétroliers pour accepter des prix du pétrole les plus bas possible.
Pour l'Algérie, cette perspective est lourde de menaces, car elle risque de se retrouver, par imprévoyance, dans la situation de la cigale de la fable de La Fontaine.
L'argent qu'elle a engrangé dans une conjoncture favorable fondra, en cas de retournement, comme neige au soleil, le pays étant dépendant des importations pour l'essentiel de ses besoins. Le plus grave dans sa situation est qu'elle n'a pas mis à profit le pactole pétrolier pour amorcer un véritable développement économique créateur de richesses pouvant atténuer sa dépendance à l'égard de ses ressources énergétiques.
La crise arrive chez nous, n'en déplaise aux ministres qui nous ont assuré que le pays est à l'abri. Plutôt que de s'ingénier à se trouver des raisons à ne pas paniquer, il vaudrait mieux dire la vérité aux Algériens.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Kharroubi Habib. Le 25 octobre 2008.
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