Algérie - Le LMD, une question de moyens
Trois ans après son entrée en vigueur, le système LMD (Licence, Master, Doctorat) continue de susciter tantôt l’approbation tantôt le rejet parmi les enseignants et les étudiants.
«Le LMD ne peut être performant et fructueux que si l’Etat met à la disposition de la compétence existante au niveau de l’université les moyens nécessaires.
Car, ce système repose sur la relation du rapprochement et du parrainage de l’étudiant par son professeur, il faut donc décharger l’enseignant du volume horaire et trouver une formule pour le tutorat», explique cet enseignant de la faculté de biologie de l’USTHB de Bab-Ezzouar.
Lui emboîtant le pas, une enseignante, docteur en biologie, estime que ce nouveau système doit être encouragé car il permet à l’étudiant d’apprendre le compter sur soi, de travailler plus en bibliothèque et sur les sites scientifiques.
«Mais pour l’enseignant, cela pose problème car il se retrouve avec une grande masse de travail avec le tutorat», tempère-t-elle. De ce fait, elle aspire à une révision de la rémunération du professeur en LMD et l’allègement de ses horaires.
En effet, le tutorat ou le parrainage consiste, d’après elle, à prendre en charge l’étudiant durant son cursus en dehors des cours pour l’orienter, lui montrer les sites intéressants, en un mot, le suivre jusqu’à l’obtention de la licence professionnalisante.
Un autre enseignant de la faculté de biologie soutenant l’avis de sa collègue estime que le travail en dehors des cours «est tellement accablant» pour l’enseignant que celui-ci est obligé de trouver la meilleure formule pour pouvoir terminer le programme. «Nous nous retrouvons avec des tas d’exposés et de copies à corriger à la maison», dit-il sur un ton amer.
Tous les professeurs concernés par ce nouveau système déplorent le manque de moyens qu’exige l’application du LMD, tels un système informatique hautement performant et une bibliothèque bien riche. Côté des étudiants, c’est la méconnaissance totale de ce système surtout pour les premières années.
«On ne sait pas si le système est modulaire ou compensatoire, et lorsqu’on demande aux enseignants, ils répondent différemment», avoue un groupe d’étudiants inscrits en première année de Sciences de la nature et de la vie (SNV). «Je suis ce système sans pour autant savoir quelles sont les débouchées.
L’orientation appliquée lors des inscriptions m’a dirigée vers la première année de SNV», explique Mériem. Ses deux copines sont de cet avis et avouent qu’elles n’ont reçu aucune information au sujet du LMD et les conditions d’accès au Master.
Chez Zineb, c’est un autre son de cloche. Cette étudiante en première année Sciences de la nature et de la vie estime que l’adoption de ce système est bénéfique pour l’étudiant qui est dans l’obligation de suivre son cursus dans les temps impartis. «Dans l’ancien système, l’étudiant refait son tronc commun plusieurs fois.
Il s’éternise à l’université», observe-t-elle. Toutefois, elle admet que l’application n’a pas été suivie par une mise à niveau des moyens adéquats comme les laboratoires et l’aménagement de places pédagogiques en nombre suffisant. Le LMD est programmé dans plusieurs universités du pays dont Bab-Ezzouar qui en est à sa troisième année.
En juin de l’année en cours, la première promotion de licenciés du nouveau système est sortie avec 1178 diplômés. La deuxième année de licence comporte 3617 inscrits et la troisième année 2297 étudiants, ce qui donne un total de 13 700 inscrits en licence LMD.
Le nombre d'inscrits en Master est près de un millier.
Pour renforcer les moyens de recherche et d’applications, un budget de 315 millions de dinars a été débloqué au profit de l’USTHB. Ce fonds concerne les catégories des 1er et 2e années. 100 millions de dinars sont destinés uniquement à l’Institut de génie mécanique. La population estudiantine de l’université de Bab-Ezzouar est de 24 000 étudiants. 70% sont inscrits en LMD.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Horizons-dz. www.horizons-dz.com. Par Souhila H. Le 7 Novembre 2008.