Algérie - La schizophrénie de l’identité
La crise que traverse aujourd’hui le monde musulman et arabe n’est pas économique mais c’est une crise de légitimité, de pouvoir, de savoir, de libertés individuelle, affirme dans un café littéraire,tenu mardi dernier à l’occasion de la 13e Sila, le Professeur Abderazak Dourari.
Le monde arabe et musulman a été depuis longtemps englué dans une vision anachronique et schizophrénique de l’identité.
Une problématique vieille de quelques siècles, explique le Pr. Dourari
Au 19e siècle, poursuit-il, à l’époque de la renaissance arabe, la réflexion dans le monde musulman été coincée sur une espèce de dualité. Si on se modernisait, perdrions, nous nos repaires identitaires ? «En fait, ce n’était pas une réflexion mais une réaction. Pour moi, ce conflit est d’un binarisme absurde !
De nos jours, on continue toujours de poser cette question en pensant qu’on peut aller à la modernité en étant ce qu’on a toujours été !»
Chose impossible, dit-il. «Les gens changent. La problématique de l’identité condamne le monde arabe et musulman à faire du surplace !»
En faisant du «surplace», le monde arabe et musulman n’avance pas comme les autres nations. «Il y a le libéralisme qui veut dominer le monde alors que le monde arabe et musulman se contente de vendre du pétrole.
Il ne sait pas produire des idées, de savoir, d’élite. Les élites, dans le monde arabe et musulman, sont formés presque accidentellement et sont offerts gratuitement à l’occident qui, lui, sait en faire bon usage», conclut-il.
A propos de ces élites, le professeur Mohamed Maougal également présent à ce café littéraire, s’interroge sur leur «utilité». «Quelles sont les questionnements que nos élites ont posé, abordé ou…raté ! C’est peut-être ce ratage qui a conduit le monde arabe et musulman dans la situation de crise actuelle ?
Peut-être que c’est l’état qui est porteur de crise ? Une crise qui peut être négative mais aussi positive car il se peut qu’une crise traduise des mutations et des conditions de décantation du monde en crise»
Le conférencier, dans son analyse de la crise dans le monde arabe et musulman, fait un flash back de l’Histoire arabo-musulmane. «On est passé d’un Etat théocratique à un processus de légitimité et de coups d’états !»
Il évoque le «coup d’Etat» des Omeyyade qui ont évincé le Imam Ali, puis le «coup d’Etat» des Abbassides qui ont renversé l’empire Omeyyade. Enfin, le «coup d’Etat» militaire d’un turque qui s’est emparé du pouvoir Abbasside conduisant l’empire ottoman à régner jusqu’au début du 20e siècle.
«Ce dernier coup d’Etat est, à mon sens, une crise positive. Car il a permis au pouvoir Abbasside de subsister. Sans cette crise, il est possible que l’empire Abbasside soit exterminé par l’invasion des Mongoles», estime-t-il.
De son avis, la crise dans le monde arabe et musulman est de type institutionnelle.
«Comment cette crise s’est elle développée ? Quel type d’Etat est mis en place ? Quelle est la nature et comment s’est formé cet Etat ?» Une série de questionnement qui nécessite une réflexion. Avis à nos intellectuels et à nos «élites»!
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Horizons-dz. www.horizons-dz.com. Par Farida Belkhiri. Le 7 Novembre 2008.