Algérie - Chakib Khelil : «Même à 50 dollars le baril, il n'y a pas de problème pour l'Algérie»
La crise financière mondiale, suivie de la baisse des prix du pétrole, entraîne un désinvestissement dans le secteur qui pourrait, à moyen terme, aboutir à une importante hausse des cours du brut.
Le ministre de l'Energie et des Mines invite à relativiser la baisse du prix du pétrole.
«Il ne faut pas regarder cette baisse à partir de 140 dollars et plus, mais il faut prendre en compte le prix moyen du pétrole algérien qui était de 108,08 dollars en 2008», expliquait Chakib Khelil, hier, lors du forum d'El Moudjahid.
Le ministre a rappelé que le prix moyen du baril de brut algérien, le «Sahara Blend», «a varié de 25 à 75 dollars de 2001 à 2007, le plus souvent à 40 dollars, avant de connaître une hausse exceptionnelle en 2008, atteignant les 108,08 dollars».
C'est dans cette fourchette qu'il faut lire la baisse du prix, a-t-il insisté, en estimant qu'un prix raisonnable «devrait tourner autour de 70 à 90 dollars le baril». L'impact sur l'Algérie du prix actuel (moins de 60 dollars) dépend, selon le ministre, de la durée de tendance baissière. Les 130 milliards de dollars de réserves de change permettent à l'Algérie de se sentir loin de la zone de turbulences.
«Même à 50 dollars le baril, il n'y a pas de problème pour l'Algérie», affirme le ministre. Pour l'année 2009 au moins, la récession annoncée dans les pays industrialisés, couplée à une hausse du dollar, ne permettra pas une remontée des prix du pétrole. «Le repli de la demande, face à un surplus de production de brut, a nécessité un ajustement de la production de la part des pays de l'Opep», dit-il.
Une décision, explique-t-il aussi, qui va mettre du temps à se mettre en place étant donné la complexité des mécanismes à mettre en place pour concrétiser la baisse des quotas décidés pour chaque pays.
Comment vérifier si les nouveaux quotas ont été respectés? «Il faut attendre la fin novembre avant de constater si chaque pays membre de l'Opep a réduit sa production comme prévu».
Mais la baisse de production des pays de l'Opep ne sera pas d'un grand effet si des pays comme la Norvège, la Russie et le Mexique, pays non-membres de l'Organisation, comme ils l'ont annoncé, n'allaient pas réduire leur production.
En réalité, tout est lié à la récession économique qui semble s'installer, ce qui explique la baisse de la demande pétrolière de la part des pays industrialisés, en particulier l'Union européenne et les Etats-Unis. Même si des pays comme la Chine et l'Inde, «protégés par leur important marché intérieur», ne sont pas touchés par la récession, «mais dont la consommation pétrolière ne va pas absorber les quantités non consommées par les pays en récession», explique Chakib Khelil.
D'une manière ou d'une autre, ces deux pays sont concernés par la crise, «puisqu'ils ne pourront pas exporter autant qu'avant vers les pays touchés directement». «La production des pays non Opep suffira largement à la demande de la Chine et de l'Inde», a-t-il ajouté.
Parallèlement, le ministre a expliqué que cette baisse des prix du pétrole s'est accompagnée d'une baisse de certains biens alimentaires et d'équipements.
Néanmoins, cette crise financière risque d'avoir un effet contraire sur les prix du pétrole dans deux ou trois ans, si le désinvestissement dans le secteur hydrocarbures se confirme en raison du manque de crédits. «Les grandes compagnies ont décidé de retarder leurs investissements à cause des problèmes de financement. Ce qui va avoir un impact sur l'apport de nouvelles réserves pétrolières, en particulier si la croissance mondiale va reprendre, ce qui se traduira par des prix élevés», a-t-il déclaré, hier.
L'élection de Barack Obama aura-t-elle un impact sur la crise financière internationale? «Si impact il y aura, ce ne sera pas avant fin 2009 ou début 2010» affirme le ministre de l'Energie. Evoquant la prochaine réunion de l'Opep à Oran, Chakib Khelil affirme qu'il n'est pas question d'évoquer une éventuelle baisse de la production avant de constater que celle qui a été décidée récemment aura été suivie dans les faits.
Concernant le forum des pays producteurs et exportateurs de gaz naturel, dont la réunion s'est déroulée à Doha au Qatar, le ministre de l'Energie exprime son étonnement que la conférence des ministres du 18 novembre prochain ait été «reportée sans explications». «Nous avions convenu, lors de la réunion de Doha que la Russie devait définir les statuts du forum qu'elle devait présenter à la conférence des ministres, mais la réunion a été reportée, sans aucune explication», dit-il à ce propos.
Interrogé sur le risque de désintérêt, en raison de la crise financière des compagnies pétrolières internationales pour les prochains appels d'offres de l'Algérie, le ministre considère que ces compagnies «investiront même dans le cas d'un baril à 50 dollars puisqu'elles l'ont déjà fait à 20 dollars».
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com . Par Mohamed Mehdi. Le 9 Novembre 2008.