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Algérie - Messali Hadj est le plus victime des héros 2

Messali Hadj Suite et fin

En vrai politicien, il agit de manière pédagogue. Dans un premier temps, il entreprend une étape de sensibilisation, de responsabilisation, et veut faire contribuer l’ensemble de la population algérienne à l’idée de l’indépendance et dans un deuxième temps engager la lutte armée.

De sorte que lorsque le feu éclatera à Tébessa, il sera repris à Tlemcen puis renouera à Tindouf, à Tizi Ouzou et partout ailleurs. Cette stratégie se doit d’éviter les rebellions mort-nées écrasées par les corps expéditionnaires de l’armée française. En effet, de nombreuses tentatives de soulèvements locaux et même régionaux ont eu lieu depuis l’occupation.

Ces débâcles ont coûté la vie, à des milliers de victimes, sans pour autant obtenir quelques droits et encore moins décoloniser le pays, Messali Hadj a compris qu’il fallait changer de tactique et faire participer l’ensemble des Algériens pour déloger les occupants.

Dès 1929, « l’Etoile Nord Africaine » est dissoute « pour avoir prêché la révolte des indigènes contre la domination française en revendiquant l’indépendance de l’Afrique du Nord. » Après quelques années de propagande clandestine, la « Glorieuse Etoile Nord Africaine » est née en juin 1933.

Son activité publique sous la direction de Messali Hadj, assisté de Imache Amar, passionné et rebelle à tout compromis, et de Belkacem va courroucer les autorités françaises. Tous les trois seront emprisonnés pour reconstitution illégale « de société dissoute puis à nouveau, pour excitation de militaires à la désobéissance et provocation au meurtre dans un but de propagande anarchiste ». L’organisation, privée de ses chefs, parut s’effondrer mais dès février, elle se reconstitua sous le nom de « Union nationale des Musulmans Nord-Africains ».

Relaxé le premier 1935, Messali Hadj reprit sa propagande en organisant des réunions hebdomadaires dans les cafés, les salles des fêtes, dans les mairies des banlieues... Au congrès d’Alger tenu le 7 juin 1936, Messali Hadj déclara « franchement, catégoriquement l’Etoile Nord-Africaine désapprouve la charte revendicative quant au rattachement de nos pays à la France et à la représentation parlementaire ».

En 1936, le drapeau algérien voit le jour à Tlemcen. Il est cousu par Mme Messali avec le croissant, l’étoile et les 3 couleurs vert, blanc, rouge. Il a été déployé pour la première fois en sa présence parmi un groupe de scouts. La campagne pour l’indépendance se poursuit. Le 2 août 1936, au niveau du stade municipal d’Alger, les « Annaceur », en présence de 10 000 algériens, Messali Hadj lança le mot d’ordre de l’indépendance de l’Afrique du Nord.

Au cours de son discours, il prend une poignée de sable dans sa main et déclare « cette terre n’est pas à vendre ». Il sera hissé à la force des bras par tous les congressistes. A l’image de la Tunisie qui se dote d’un parti tunisien : le Néo Destour avec Habib Bourguiba et celle du Maroc qui crée l’Action Marocaine avec Allal El Fassi, Messali Hadj décida de transformer, à dater du 11 mars 1937, l’Etoile Nord-Africaine en un parti qui aura pour nom le Parti du Peuple Algérien (PPA) dans lequel, il propose officiellement une activité algérienne pour se différencier juridiquement de l’ancienne Etoile qui s’intéressait à l’ensemble du Maghreb. A son retour en Algérie, en juin 1937, Messali Hadj présente des candidats aux élections municipales d’Alger où il recueillit un septième des voix. Mais il se voit rejeter du IIè congrès musulman, qui a eu lieu au début juillet 1937.

Ce regroupement a réuni tous les partis et mouvements. Les congressistes se sont tous ralliés avec enthousiasme au projet Blum-Violette. Messali Hadj est le seul à dénoncer ce projet et y voit : « un nouvel instrument du colonialisme, appelé selon les méthodes habituelles de la France, à diviser la peuple algérien, en séparant l’élite de la masse ». Messali Hadj en appela aux masses contre la mainmise des communistes sur le mouvement musulman.

Au défilé du front populaire le 14 juillet 1937, Messali Hadj rallia autour du drapeau algérien, plusieurs milliers d’Algériens. Il est arrêté le 27 août pour « excitation à des actes de désordre contre la souveraineté de l’Etat ». Il fut condamné à deux ans de prison.

On le rasa, lui épila les sourcils et on l’enferma dans la prison de Barberousse. L’administration maudit l’ascendant qu’exerce Messali sur le peuple. Le PPA fut dissous le 29/09/39. Les messalistes seront sévèrement touchés par une répression qui ne ralentit pas ses coups jusqu’au débarquement américain ».

La continuité sera assurée par « le Manifeste pour le Triomphe des Libertés et de la Démocratie » M.T.L.D, en réalité ce sera le PPA - MTLD. En 1941, Messali fut l’objet de propositions officielles d’une collaboration sur pied d’égalité entre Français et Musulmans à condition qu’il renonce au suffrage universel, au parlement algérien, etc... devant son refus, il fut condamné le 28 mars 1941, à seize ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour.

On le voit, ces idées lui vaudront d’être malmené des décennies durant pour atteinte à la sécurité de l’Etat français. Ce travail a été long, difficile et périlleux. Il lui aura fallu plus de trente ans d’abnégation pour se faire écouter, faire mûrir et fructifier ses idées. Son mérite est de ne pas avoir abandonné la lutte malgré les nombreuses incarcérations, les brimades qu’il a encourues, les tortures subies et la condamnation derechef aux travaux forcés.

Mais son nationalisme agressif et même violent résista à la répression qui ne cessa de s’abattre sur lui. En 1948, Messali ressent la plénitude de la maturité du peuple, déclare que le temps de l’étape décisive est venu, celle du combat, et se lance pour sa concrétisation. Il met en place l’Organisation Secrète (OS), considérée comme le bras armé du PPA-MTLD. La lutte armée est donc imminente.

Le premier responsable de cette structure désigné par Messali Hadj est Belouizdad, enfant de Belcourt, après sa disparition, il sera remplacé par Hocine Aït Ahmed, puis par Ahmed Benbella. Le cheminement vers l’indépendance suivra un mouvement partisan linéaire « l’Etoile Nord-Africaine », « La Glorieuse Etoile Nord-Africaine », « Parti du Peuple Algérien », « Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques », « Front de Libération Nationale ».

Celui-ci aura le mérite d’engager la lutte armée avec sans conteste le programme de Messali Hadj et par la prédisposition d’une pépinière d’un grand nombre de patriotes aguerris, ses disciples dont : Ahmed Benbella, Hocine Aït Ahmed, Benboulaid, A.Hamid Mehri, Abane Ramdane, Larbi Ben M’hidi, Boudiaf... il me faut une année lumière pour citer tous les militants formés et redevables à Messali Hadj et qui seront au rendez-vous ce 1er Novembre 1954, malheureusement sans leur chef.

Il est important de souligner que le déclenchement de la Révolution a eu lieu avec les armes de l’OS. Messali Hadj a été victime de manoeuvre d’une conjoncture géopolitique dont il n’a pas assez évalué l’importance, ou dont il rejetait la philosophie.

Adepte de la zaouïa Cheikh Benyelles homme profondément religieux, de culture orientale et occidentale, acquis à l’économie de marché, pour lui, l’indépendance était synonyme de décolonisation. Géographiquement, l’Algérie libre s’insérerait dans un cadre maghrébin ou tout au plus, sous la férule de Chakib Arslane, elle figurera à l’intérieur de la nation arabo-musulmane, de la « oumma islamia » nostalgie des empires des khalifats. En réalité, l’enjeu se disputait entre deux blocs, celui de l’Est d’obédience marxiste et celui de l’Ouest capitaliste.

Il fallait opter pour un clan, et le plus indiqué dans la conjoncture que traversait l’Algérie n’était pas celui que l’on qualifiait d’impérialiste. L’appel des sirènes provenait du camp socialiste pour tous ceux qui entreprenaient des révolutions anticoloniales, prolétaires ou anti-impérialistes.

Il fallait à ce système de création récente coûte que coûte renflouer ses rangs pour peser plus lourd dans l’échiquier international. Gamel Abdelnaceur, Président de l’Egypte, se déclarant le patron du monde arabe, se fit un devoir d’amarrer l’Algérie. Les politiciens algériens avérés ont compris dès 1943 que le système socialiste était voué à l’échec.

Gamel Abdelnaceur pas plus que Moscou n’auraient fait appel à Messali Hadj, à cause de ses positions anticommunistes. GUENANECHE Mohamed, secrétaire particulier de Messali Hadj, m’a confié un jour qu’il a été instruit au début de 1954 par le « nidam », pour recevoir un journaliste yougoslave et lui faire visiter Oran. Au cours de son séjour, il lui a révélé que la Révolution sera déclenchée le premier Novembre 1954. Messali Hadj n’est ni un traître ni un valet du colonialisme. Depuis, et chaque fois que l’on veut casser quelqu’un, on le taxe de réactionnaire, de voleur... de tous les mots et maux qui correspondent à l’étape politique en cours.

C’est devenu une culture bien algérienne. Avec la fin du régime socialiste, la soi-disant « réhabilitation » (c’est une offense à sa mémoire) de MESSALI Hadj est devenue automatique. Malheureusement, le chantier du régime socialiste nous a coûté très cher. L’Algérie l’a subi pendant plus de 40 ans. C’est le seul leader qui a eu le mérite de parler de l’indépendance totale dès 1926. Messali Hadj dans un débat a révélé un jour à Ferhat Abbès : « la France est entrée par les armes et elle n’en sortira que par les armes ».

Sa prise de conscience résonnera mais bien plutard « moi pharmacien et lui autodidacte, il m’a donné une leçon ». Lors d’une visite en 2002, au domicile mortuaire de Ferhat Abbès, pour assister à la commémoration-anniversaire de sa mort, le président Abdelaziz Bouteflika, pour lever toute équivoque, déclare « moi je suis de l’ALN, je suis de Messali Hadj ».

A ce jour, la tombe de Messali Hadj est visitée par Benbella, Hocine Aït Ahmed et tous les héros et militants sincères qui l’ont connu. J’ai questionné les morts et les vivants : Chakib Arsalane, Hô Chi Min, Habib Bourguiba, Allal El-Fassi, le Bey de Tunis, Mohamed V, Ahmed Benbella, Hocine Aït Ahmed, Benyoucef Benkhedda (centraliste) et les historiens, entre autres, Charles André Julien, Mahfoud Kaddache, tous s’accordent à reconnaître que Messali Hadj « était le père du nationalisme nord-africain ». L’Algérie doit être fière de l’Emir Abdelkader et de Messali Hadj, pour avoir figuré tous deux parmi les trois personnalités les plus célèbres du 20è siècle. *Membre de l’Instance exécutive du FLN ex-député

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Baghli Abdelouahab *. Le 10 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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