Algérie - Le pétrole, une calamité?
Le baril de pétrole devrait descendre à moins 60 dollars dans les prochaines semaines, sur le sillage d'une profonde morosité des marchés financiers internationaux. L'OPEP, qui prévoit une chute plus drastique des prix du brut, prévient qu'elle va donner un sérieux tour de vis à sa production pour stopper la chute des cours.
Là, vraiment, tout le monde est inquiet, d'autant que les effets de la crise économique mondiale ne vont pas s'abattre uniquement sur ces pays développés, industrialisés, ou les économies émergentes. Mais également et surtout sur nous.
Pourquoi l'Algérie serait-elle exempte de ce mascaret économique qui risque de durer et de nous broyer ? Sommes-nous invulnérables, ou bien ceux qui ont dit que la crise économique ne touchera pas l'Algérie ont parlé trop vite ?
Le ministre de l'Energie et président de l'OPEP, Chakib Khelil, sait ce qu'il dit quand il annonce qu'un prix du brut à moins de 70 dollars est malvenu pour les pays de l'OPEP.
En fait, la baisse des prix du brut va se répercuter négativement, et peut-être avec violence si rien n'est fait d'ici là, sur l'économie algérienne. Inflation, baisse des investissements publics, stagnation des salaires, chômage, décroissance. Ce sera une véritable crise économique qui nous menace, en plus des ondes de celle qui secoue déjà les économies développées. Car nous ne vivons que grâce aux rentrées des ventes du pétrole et de notre gaz.
Et, si les prix descendent à moins de 50 dollars, il ne nous restera à vivre avec notre «Nif» que deux années tout au plus. Le temps de grignoter notre réserve en devises, entre Algériens, bien sûr, et après, on verra.
Les prévisions des analystes sont alarmistes : le monde est entré doucement dans une profonde récession. Les achats de pétrole vont chuter, les prix aussi, résultat direct d'une croissance mondiale fonctionnant au ralenti.
Et, pour l'Algérie, ce sera le moment de montrer si on peut vivre sans le pétrole, sans la démagogie, et nous regarder droit dans les yeux, nous retrousser les manches et repartir, cette fois-ci, à l'assaut de tout ce qui nous a manqué, durant ces longues années d'aisance financière, de ripailles politiques : le travail, rien que le travail. Et, surtout, oublier que nous avons le pétrole, pour produire autrement, autre chose, plus de choses.
Faut-il que cette crise économique qui s'annonce vienne nous révéler que nous sommes, par rapport à beaucoup de pays, en retard dans beaucoup de domaines ? Que nous vivons dans une bulle financière que la chute des cours risque de faire exploser, et nous précipiter, une fois de plus, dans les bras du FMI ? Nous n'en sommes pas encore là, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire. Faisons en sorte que cela ne nous arrive pas une seconde fois que d'aller demander notre pitance auprès des gars du FMI. Le pétrole, en fait, est-il pour nous un bienfait ou une calamité ?
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Ali Babès. Le 10 Novembre 2008.