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Algérie - Le président de la RASD Mohamed Abdelaziz au Quotidien d'Oran : «Le temps ne joue pas en faveur du Maroc»

le president de la RASD C'est autour d'un thé, dont seuls les Sahraouis connaissent la préparation et le secret, que nous avons rencontré, avant-hier le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, dans un hôtel à Valence, en Espagne, à l'occasion de la tenue de la 34e édition de la Conférence européenne de coordination et d'appui au peuple sahraoui (Eucoco).

Dans cet entretien, le président de la République sahraouie est revenu sur la situation dans les territoires occupés par le Maroc, l'état d'avancement des négociations mais aussi le risque de la reprise des armes contre l'occupant marocain.

«Le Quotidien d'Oran»: Tout d'abord, peut-on parler de succès de cette 34e conférence de l'Eucoco?

M.A.: Oui, pour nous le mouvement de solidarité européen et international avec le peuple sahraoui, ici à Valence, est un franc succès pour plusieurs considérations. D'abord la participation qui dépasse les 500 personnes, le nombre de pays participants notamment des continents d'Afrique, d'Amérique et d'Australie. En matière de représentation à cette conférence, il y a lieu de relever également, la représentation de certains gouvernements par le biais de leurs ambassadeurs et aussi des parlementaires dont ceux du continent européen. Sans oublier les représentants de gouvernement régionaux, en particulier l'Espagne ainsi que des syndicalistes et des ONG de différents horizons. L'autre élément qui a fait de cette conférence un succès, c'est l'intérêt des participants et les décisions qu'ils ont prises à l'occasion de cet événement. La 34e conférence est un succès pour ce qui est du soutien au peuple sahraoui.

Q.O.: En organisant le conférence sur le sol espagnol, pensez-vous que cela aura un impact sur l'opinion espagnole?

M.A.: Sûrement! Vous savez que la responsabilité de l'Espagne est énorme dans le problème du Sahara Occidental. A cet effet l'organisation de la conférence sur le sol espagnol est une manière d'interpeller la conscience des Espagnols à tous les niveaux, quant à la responsabilité de ce pays. C'est un rappel pour dire que l'Espagne porte sur son front la marque de la honte. Cette honte restera gravée tant que le peuple du Sahara Occidental n'a pas encore décidé de son sort.

Q.O.:Le Maroc continue de faire pression à tous les niveaux pour convaincre du «bien-fondé» de son projet d'autonomie du Sahara Occidental. Vous pensez qu'il pourra entraîner d'autres pays avec l'appui «semi-officiel» de quelques membres de l'Union européenne (UE)?

M.A.: A mon sens depuis le début, dans le problème du Sahara Occidental, la position française penche vers le royaume marocain dans son entreprise d'occupation de notre pays. La même position est toujours observée aujourd'hui. La France essaye d'entraîner l'Europe pour observer la même position. Mais il faut souligner l'opposition à l'intérieur même de l'Europe, ce qui fait qu'il existe une divergence réelle et fondamentale. Cela nous le constatons au sein des Nations unies. Il y a des voix qui s'élèvent, de plus en plus, contre l'occupation marocaine. Nous constatons que ces voix deviennent, de plus en plus, fortes quand la France essaye d'entraîner l'Europe à accepter l'occupation du Sahara Occidental par le Maroc. Nous avons constaté qu'il y a toujours des voix à l'intérieur de l'UE qui s'opposent à cela. C'est le cas notamment pour ce qui est des pays du nord de l'Europe. Donc, il n'y a pas une «unanimité» pour ce qui est de la position française. Au contraire nous estimons que la position française quant au conflit trouve des difficultés pour entraîner l'Europe et l'UE à soutenir le Maroc.

Q.O.: Les négociations avec le Maroc piétinent. Pensez-vous continuer à discuter avec les Marocains malgré tous les obstacles?

M.A.: Nous constatons que le gouvernement marocain tente de garder en otage le processus de paix engagé au Sahara Occidental. Cela est inacceptable. Pour ce qui est de notre part, nous soutenons les négociations. Les Nations unies et le Conseil de sécurité sont convaincus de la nécessité de poursuivre ces «pourparlers». Pour toutes ces raisons, la position marocaine se retrouve isolée dans sa tentative de perturber les négociations. Donc il est certain pour nous qu'il faut continuer les négociations et cela nous l'avons réitéré au secrétaire général de l'ONU, lors de notre dernière rencontre à New York.

Q.O.: La situation dans les territoires sahraouis occupés est devenue intenable pour les populations qui y vivent à cause de répression des Marocains. Ne pensez-vous pas que cela va générer une «Intifada» comme celle de Palestine?

M.A.: Effectivement et cela pour deux raisons. D'abord la répression par le gouvernement marocain des citoyens sahraouis dans les territoires occupés. Mais aussi, il y a le blocus mis en place par le Maroc, notamment par le biais de ce qu'ils appellent «le mur de défense» long de 1.400 km et qui empêche les observateurs étrangers d'accéder au Sahara Occidental. D'un autre côté, il y a également le manque d'intransigeance des Nations unies dans l'application des décisions du Conseil de sécurité.

La situation des droits de l'Homme au Sahara Occidental se détériore du fait de la politique marocaine et du manque de sérieux des Nations unies dans l'application de ses résolutions dans les territoires occupés. Cela constitue réellement une «déception généralisée». Cette situation a déjà généré «l'Intifada de l'indépendance» qui a commencé le 21 mai 2005. Cette «Intifada» pacifique s'est matérialisée par des manifestations, des rassemblements, des marches et des grèves. Cette «Intifada» pacifique continue mais la répression marocaine contre les citoyens sahraouis continue également. Nous craignons réellement que les choses deviennent incontrôlables si la situation perdure encore. Le Maroc réprime les citoyens sahraouis sans s'inquiéter et refuse de se conformer à la légalité internationale. Nous craignons de voir les choses s'aggraver davantage ce qui va déboucher sur des répercussions d'un autre genre. Mais je tiens à dire que l'«Intifada» va se poursuivre jusqu'à ce que le référendum sur l'autodétermination soit organisé.

Q.O.: Chaque année d'autres pays rallient votre cause. Est-ce que vous pensez que l'indépendance est proche? Et viendra-t-elle, à votre avis par la voie diplomatique ou par les armes?

M.A.: De toute façon les deux fronts sont complémentaires. La lutte armée et le travail diplomatique se complètent. Nous avons fait la lutte armée et nous nous sommes aussi engagés dans l'action diplomatique. Il est vrai que depuis l'année 1991 à ce jour nous observons une trêve. C'est un cessez-le-feu mais ce n'est pas la fin de la guerre. La guerre restera toujours présente tans que l'occupation sera toujours là. Nous espérons que la solution viendra de la voie diplomatique et par les négociations et l'organisation d'un referendum d'autodétermination. C'est ce que nous souhaitons et nous travaillons dans ce sens. Cependant si le gouvernement marocain sabote les efforts internationaux ainsi que les négociations et le référendum, alors il n'y a aucun doute que nous allons retourner à la lutte armée.

Le gouvernement marocain se trompe s'il s'imagine que le temps joue en sa faveur. Au contraire le temps est en faveur du peuple sahraoui car, chaque jour, le monde se réveille davantage et se rend compte du bien-fondé de notre cause. Il y a les médias qui informent sur la question sahraouie, ce qui suscite un ralliement d'autres pays à la cause juste de notre combat. Tous les jours la résistance sahraouie devient, de plus en plus, forte, s'agrandit et s'élargit. Au sein de la société marocaine il y a maintenant une prise de conscience et les citoyens marocains commencent à comprendre qu'il s'agit bien d'une entreprise coloniale engagée par leur gouvernement.

Q.O: Vous avez évoqué M. le président, récemment, le pillage des richesses sahraouies par le Maroc en «étroite» collaboration avec certains pays membres de l'UE. Peut-on en savoir plus?

M.A.: En effet vous savez que le gouvernement français et l'actuel gouvernement espagnol ont influencé l'UE pour parvenir à la conclusion d'un accord de pêche entre le royaume marocain et l'UE. Cet accord concerne les eaux territoriales du Sahara Occidental. Pour nous, il s'agit bien d'un pillage. A notre grand regret, nous considérons cela comme un acte de piraterie de l'Europe sous influence du gouvernement français. Mais il faut dire aussi clairement que le gouvernement marocain est en train de piller notre phosphate, notre poisson et tente d'entraîner des investisseurs étrangers dans cette entreprise. Nous appelons à l'arrêt immédiat du pillage des richesses des Sahraouis pour régler le problème du Sahara Occidental.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. www.quotidien-oran.com. Par L' Envoyé Spécial du Quotidien d'Oran A Valence (Espagne) Z. Mehdaoui . Le 11 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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