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Algérie - Pata Pata

pata pata Et voilà, on réécoute Pata Pata, encore une fois, encore mille fois, comme pour nous convaincre que notre voix, Mama Africa, Miriam Makeba, va encore résonner avec la puissance de la douleur, la puissance de l'espérance... Miriam Makeba s'en est allée comme elle a vécu : en combattante et cela n'est pas donné à tout le monde. Elle est partie à l'aube, après un concert de solidarité avec l'écrivain italien, Roberto Saviano, menacé de mort par la mafia à cause de son roman Gomorrha. Pata Pata, Dieu que nous l'avons aimée !

Dieu que nous l'aimons toujours. 1969, dans une Algérie, encore joyeuse et pleine d'espoir, sa voix s'élevait forte, douloureuse mais ferme, décidée, ne s'avouant jamais vaincue. Pata Pata...

Tout Alger, toute l'Algérie, toute l'Afrique avait appris le refrain et dansait... Elle avait reçu un passeport algérien et nous en étions fiers. Cette combattante nous honorait, elle nous comptait parmi les siens. Ifrikya, Afrique, Africa... Elle nous a fait chavirer au stade des Annassers. Même des gens âgés et sérieux n'avaient pas résisté : ils se sont mis dans la danse. Sans retenue. Mama Africa valait bien que l'on danse avec elle, jusqu'à tituber... Jusqu'à l'ivresse. Pati Pata...

On réécoute, sur YouTube. Puis on se lève, timidement d'abord, comme des encroutés qui n'essayent plus. Et puis on retrouve peu à peu la magie et on danse... Et on répète derrière cette voix sublime à nulle autre pareille: Pati Pata... On oublie pour un moment les avanies du temps, les promesses de liberté et de justice qui se sont perdues, on oublie même nos artères fatiguées... Pati Pata... « Ses mélodies obsédantes ont donné une voix à la douleur de l'exil et à la dislocation qu'elle ressentit pendant 31 longues années ». C'est Nelson Mandela, un autre symbole qui le dit et il ne le fait pas pour la forme.

« Elle mérite le titre de Mama Africa. Elle était la mère de notre combat et de notre jeune nation ». Elle le méritait, car elle nous rendait des gens heureux, combatifs... et déterminés... Elle nous rendait meilleurs... Pati Pata... On pleure, Miriam Makeba. Pour elle-même, pour ce qu'elle fut, pour nous-mêmes, pour ce que nous ne sommes plus. Pour nos espoirs laissés en rade.

Pourtant, cette femme qui, en 2005, décidait d'arrêter de voyager, en faisant une tournée pour « dire merci et adieu », a encore repris la route. Pour faire ce qu'elle a toujours fait, combattre. Elle ne s'est pas arrêtée. Du combat contre l'apartheid à l'ultime tour de chant pour narguer la mafia italienne, Miriam Makeba n'a pas baissé le bras, ni la voix... Pati Pata...

Bouge-toi donc mon fils, bouge-toi ma fille, ne te résigne pas... Pati Pati, ne baisse pas les bras... La voix de l'Afrique ne s'est pas tue... Elle continue à résonner dans nos têtes, comme en ces jours lointains où tous les espoirs étaient permis... Pati Pati, l'espoir n'est pas sans voix... même s'il a de la peine à trouver sa voie. Mais il faut bouger mon fils... Et si tu as de la peine à le faire, réécoute la voix...

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. www.quotidien-oran.com. Par K. Selim. Le 11 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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