Algérie - La guerre d'Algérie revisite son histoire maritime
En pleine controverse sur l'agenda des commémorations mémorielles, la France se saisit d'un énième corpus sur la guerre d'Algérie. Originale celle-là, cette séquence s'attaque à la page maritime des «Evénements d'Afrique du Nord».
Pendant deux jours: le 13 novembre à Perpignan et le 14 à Montpellier, un colloque thématique s'efforcera de faire parler «la mémoire maritime du rapatriement d'Algérie». A l'origine de cette idée, l'Association «French Lines» entend visiter, avec le concours scientifique des historiens, une page plutôt absente dans la profusion de travaux sur l'Algérie d'avant-1962.
La double journée portera sur le rapatriement, au sortir de la guerre d'indépendance, de milliers de rapatriés. Dans le discours des institutions officielles françaises, en charge de la mémoire, ce qualificatif recoupe les pieds-noirs et les harkis. Selon les estimations les plus concordantes, quelque 900.000 personnes issues de ces deux communautés ont quitté l'Algérie entre la signature des Accords d'Evian, le 18 mars 1962, et la proclamation de l'Indépendance.
La majorité a regagné la France par voie maritime à bord des paquebots de la Compagnie Générale Transatlantique, de la Compagnie de navigation mixte et d'autres compagnies desservant, à l'époque, les rivages de la Méditerranée. Association de type «Loi 1901», «French Lines» a été créée en septembre 1995, à l'initiative d'entreprises maritimes françaises, dont la Société Corse Méditerranée (SNCM).
Reconnue d'utilité publique, elle est chargée, en accord avec les pouvoirs publics français, à «assurer la pérennité du patrimoine historique» des armateurs et autres transporteurs maritimes français.
Créditée d'une multitude de colloques et d'expositions sur la France et le monde maritime, «French Lines» a jugé utile de verser au crédit de son «manuel maritime» un chapitre algérien.
«Fidèle à notre mission, nous nous focaliserons sur le voyage en mer qui est le domaine de compétence de l'Association «French Lines», précisent les organisateurs, en guise d'avertissement. Une manière de limiter les débats attendus à Perpignan et à Montpellier à la seule traversée en mer. En ces temps de «saignement mémoriel» autour de la séquence coloniale, les organisateurs cherchent visiblement à éviter un glissement de la discussion vers d'autres questions parmi les plus douloureuses de la guerre d'Algérie.
Pour tout objectif, «French Lines» vise à collecter des souvenirs et des témoignages de traversée «en vue d'offrir un travail approfondi» sur cette page.
Histoire «souvent évitée», ce chapitre de la guerre d'Algérie nourrit, depuis quelques années, des travaux scientifiques à partir de témoignages et d'archives. Historien spécialiste du monde rapatrié (pieds-noirs et harkis), Jean-Jacques Jordi s'est déjà intéressé à la question. Ce qui lui vaut de collaborer à l'organisation de ce double colloque avec le statut de conseiller scientifique.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Le Correspondant du Quotidien d'Oran A Paris: S. Raouf . Le 12 Novembre 2008.