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Algérie - Tlemcen: 400 radars à l'horizon 2009

Tlemcen : 400 radars a l'horizon 2009 Les usagers de l'axe routier Chetouane-Saf-Saf via Aïn Defla ont été désagréablement surpris, jeudi dernier, par la présence inopportune d'un radar de surveillance routière (mobile), installé à hauteur d'un barrage de gendarmerie (ESR) «armé» de herses et de balises. Le bas-côté de la route était littéralement bondé de voitures qui étaient tombées dans les mailles du filet ou plutôt la nasse du radar. Et pour cause.

Le flash a fait son effet. « Vos papiers, la vitesse est limitée à 50 km/h en agglomération », expliqua l'officier à un conducteur visiblement décontenancé. Et de dresser le PV sur le porte-bagages de la moto. Outre la contravention (amende de 800 DA), il est notifié, séance tenante, à l'automobiliste le retrait immédiat de son permis de conduire avec effet suspensif de la capacité de conduire, en application de l'article 01/71 de la loi 14-01 du 19/08/2001 (modifiée et complétée par les nouvelles dispositions de la loi n°4-16 de novembre 2004 relative à l'organisation, à la sécurité et à la police de la circulation routière), ainsi que l'article 24 du décret exécutif n° 04-381 du 28 novembre 2004 fixant les règles de la circulation routière.

A noter que le contrevenant est autorisé à conduire (sans PC) pour une durée n'excédant pas les 48 h à compter de la date du PV sous peine de poursuites judiciaires. La notification se «décline» à travers l'écrit et le (procès) verbal ne se limite qu'à l'interrogatoire relatif à l'affiliation du présumé contrevenant. Le permis de conduire est envoyé au wali au titre de la saisine (aux fins de suspension ou d'annulation), dans un délai ne dépassant pas les 15 j et une copie du PV adressée au procureur de la République territorialement compétent ainsi qu'aux différents services de sécurité (cette dernière procédure ne figure pas en N.B sur le PV, n.d.l.r).

Ceci pour le côté cour (loi) ; quant au côté jardin (terrain), autrement dit les conditions dans lesquelles ce barrage «radariste» a été dressé, nous avons relevé deux anomalies (une réglementaire et une autre topographique). En effet, pas l'ombre d'un panneau de signalisation, en l'occurrence de limitation de vitesse, n'existe dans les parages, avons-nous constaté sur place. «Ces plaques ont disparu suite à des actes de vandalisme malveillants» (qui seraient le fait d'automobilistes «prudents ?!»), tentera de nous expliquer un officier de la voie publique auprès de la Sûreté de daïra locale, esprit de corps oblige. A ce titre, cette carence devrait être assumée, si besoin est, par l'APC, en l'occurrence celle de Chetouane. Ceci pour le motif de l'«infraction».

Quant à l'argument massue de l' «agglomération», il faut savoir d'une part que l'accès à Aïn Defla s'effectue par la zone industrielle (route parallèle), sachant que le secteur bordant l'axe en question est squatté par les transporteurs publics et autres citerniers. En sus, à partir de Chetouane, soit via le rond-point en direction de Saf-Saf, on n'entre pas dans l'agglomération en question, mais on en sort plutôt (donc ne tombant pas sous le coup de la loi). Au fait, dans quelle catégorie est classé l'axe en question ?

S'agit-il d'une route nationale ou d'un chemin de wilaya ? (sur un PV que nous avons eu à consulter, il est mentionné à ce sujet : « au niveau de la RN Chetouane » (une route nationale « immatriculée » géographiquement ?...). Notons au passage que les services de la brigade de sécurité routière (BSR) se sont distingués à cette occasion, par une célérité troublante en adressant le jour même (le jeudi 30/10/ 2008) les dossiers au cabinet du wali (B.O), faisant abstraction du week-end et du jour férié (1er Novembre), selon une source proche de la wilaya.

Revenons au radar. N'était-ce l'uniforme (de la maréchaussée) de ses « encadreurs » embusqués sous un figuier au lieu-dit Méchernène (en référence aux lotissements de l'ancienne ministre), on croirait qu'il s'agit de topographes manipulant leur tachéomètre (qu'il serait « maladroit » de confondre en l'occurrence avec son paronyme espion, le (télé) tachymètre). L'appareil « témoin » supervisé par deux gendarmes spécialisés (formés à cet effet) était installé (perché) sur un trépied, en contrebas de la route.

A quelques encablures, nous avions assisté incidemment au même scénario, cette fois-ci « animé » par la police motorisée, qui se déroula quelques jours après, soit le dimanche dernier, dans la direction opposée (vers Koudia) sur cet axe routier identifié par l'officier précité comme étant la RN 22 : radar dissimulé sous un eucalyptus (encore un arbre complice) au niveau de la Cité des 270 Logts et barrage installé à un virage à hauteur de la station d'essence (Belarbi).

Un environnement différent, voire diamétralement opposé. Qu'on en juge. Une plaque de limitation de vitesse, en l'occurrence « 30 km/h » avec en prime un panneau « Attention radar ». Là aussi le même décor. Une brochette de voitures sur le gril nommé radar. L'agglomération ici est représentée par la présence de la station d'essence, la cité de la gendarmerie, la résidence de filles, la Faculté des sciences et la cité de l'ex-DNC. Curieusement et à quelques mètres de la première plaque un tantinet restrictive, se dresse une autre plus permissive affichant ostensiblement ses... 80 km/h. Au niveau du chef-lieu, d'autres points sensibles seront «visités», notamment la Rue Khedim Ali, l'Avenue de la Soummam, le Boulevard de l'ALN, le Boulevard des 24 Mètres, la route de Kebassa.

A noter l'absence patente de panneaux de limitation de vitesse au niveau de l'axe menant vers la zone industrielle (Sidi Saïd) appelé, à juste titre, la route de la mort. Le dernier accident tragique dans lequel un ressortissant chinois trouva la mort remonte au Ramadan dernier. Un point noir qui avait fait l'objet, faut-il le souligner, d'une visite d'inspection d'une commission ad hoc de la CNPSR, à la faveur de la semaine d'information sur la prévention routière organisée en 2003 à la MCT.

Une station d'essence à risque, lieu de prédilection et point d'approvisionnement favori des hallabas qui infestent les parages, est implantée au niveau du lotissement dit terrain Guellil. Il faut signaler que pour le seul mois d'octobre, 70 retraits de permis de conduire via le radar ont été opérés, assortis de 458 amendes forfaitaires à l'issue de 18 opérations effectuées par la brigade mobile de la police à travers la wilaya (Tlemcen, Maghnia, Hennaya, Remchi, Chetouane, Mansourah, Nedroma, Ouled Mimoun, Sebdou).

Cette structure sécuritaire ne dispose que de trois radars seulement, pour couvrir son champ d'intervention, pardon de dissuasion. Lundi dernier, vers 10h, une équipe s'apprêtait à partir en mission hors chef-lieu. Un agent tenait le radar caché dans un boîtier et un autre portait le trépied qu'ils ont déposé dans un fourgon. Le convoi s'ébranla vers sa destination extra muros, sûr de ne pas revenir bredouille de cette partie de chasse un peu particulière.

A noter que l'exploitation des données fournies par le radar nécessite un volume de travail assez conséquent. Aussi, est-il utilisé de façon ponctuelle et de manière rationnelle, soit deux ou trois fois par semaine à raison d'une ou deux heures par jour, nous indiquera un officier chargé de la voie publique, qui insiste sur le caractère dissuasif, plutôt que répressif de cette technologie de pointe (Laser et Doppler de marque allemande coûtant la bagatelle de 500 millions de centimes l'unité).

A ce titre, le cliché fourni par cette caméra de surveillance routière infaillible (réglée préalablement sur une limitation de vitesse donnée) constitue une véritable pièce à conviction irréfragable, en ce sens qu'il comporte toutes les données relatives aussi bien au conducteur qu'au véhicule « flashé » ainsi qu'à l'environnement y afférent (photo du véhicule, type, vitesse, date, heure, localité, voie, direction...) à la différence du tachymètre qui ne signale, lui, que l'excès de vitesse. A noter que le flash « trahit » même le défaut de port de la ceinture de sécurité, le cas échéant. Comme quoi, la sécurité constitue un « pack » à prendre ou à laisser.

« Il faut que les chauffards sachent qu'ils sont acculés dans leurs derniers retranchements », nous fera remarquer le DRAG avec une pointe de rigueur. Pour lui, seul le retrait définitif du permis de conduire pourrait atténuer un tant soit peu l'hécatombe qui sévit sur nos routes, un leitmotiv qui revenait sur le bout de ses lèvres.

Afin d'imposer le respect du Code de la route et réduire, de facto, le nombre de tués sur l'asphalte, la voie de la répression est désormais envisagée. C'est ce qui ressortait en tout cas, de la réunion de Tlemcen organisée, en mai 2008, par le bâtonnat de la capitale des Zianides au sein de la BCI et à laquelle avaient participé le président de la Commission de transport à l'APN, M.Benhamou Mohamed, et M.Boutalbi El-Hachemi, directeur central au ministère des Transports.

En effet, le représentant de l'APN avait annoncé, à la faveur de cette rencontre, qui porta sur «la prévention des accidents de la circulation », qu'un projet de loi pour la refonte du Code de la route est présentement en étude à l'Assemblée populaire nationale. Un projet qui résulte, selon M.Benhamou, du constat alarmant relevé en matière du nombre d'accidents sans cesse croissant, malgré les modifications apportées, en 2004, au Code actuel; d'autant plus que l'on relève encore plus de 4.000 décès, causés par le terrorisme routier en 2007.

Alors que 790 morts ont été dénombrés durant le premier trimestre 2008, conséquemment à des accidents de la circulation. Le projet qui sera débattu prochainement par l'APN portera, selon le président de la Commission APN, sur l'introduction du permis à points. Une option que confirme M.Boutalbi El-Hachemi, directeur central au ministère des Transports, qui abonda dans le même sens, en soulignant qu'« un projet de refonte du Code actuel est en cours afin de l'adapter aux normes internationales ». Le but visé est de « réduire au maximum le nombre d'accidents de la circulation qui constituent une véritable hécatombe causée, en premier lieu et à 90 %, par l'élément humain ».

Le ministère des Transports, avait encore signalé son représentant, entend réactiver les volets répressifs du Code de la route. Ces actions portent sur la promulgation de lois précises et rigoureuses, afin de permettre aux services de sécurité de remplir « adéquatement » leur mission, outre leur dotation en équipements modernes dont les radars de contrôle (seulement 120 radars de surveillance des différents corps de sécurité, police et Gendarmerie nationale, pour un réseau routier de près de 11.000 km, en attendant l'acquisition par ces deux institutions de 400 autres à l'horizon 2009 et qui fonctionneraient H24) et les caméras de surveillance.

Néanmoins, avait reconnu M.Boutalbi, le Code actuel a permis de réduire, selon les statistiques de 2005, de « 10 % le nombre des accidents, de 15 % le nombre de décès et de 13 % celui des blessés ». Il ressort qu'en termes de nombre, les 4 wilayas les plus touchées sont Alger, Sétif, Constantine et Tlemcen. Par contre, en termes de décès, le classement fait ressortir dans l'ordre Batna, Alger, Oran, Msila et Sétif.

S'agissant de l'impact du dispositif de prévention mis en oeuvre et qui reste loin d'atteindre les objectifs assignés, il faut savoir qu'au cours du premier trimestre 2008, la moyenne quotidienne d'accidents a été de l'ordre de 97, alors que l'année écoulée, elle n'était que de 93. Les autres indicateurs sont également au rouge et montrent que la courbe est toujours ascendante avec plus de 8.300 accidents, soit plus de 500 cas de plus relativement à la même période de 2007, soit une augmentation de près de 5 %. Quant au nombre de blessés, il a été relevé de 10,8 %, au moment où celui des décès a connu une hausse de plus de 13%.

Quant au parc automobile, il est en nette croissance (5,5 millions de véhicules) crédit à la consommation aidant. Dans ce contexte, il est nécessaire de situer la responsabilité des pouvoirs publics dans cette hécatombe, bien que le facteur humain reste déterminant à 90 %.

L'état du réseau routier avec des tronçons complètement éventrés, le manque de signalisation routière ainsi qu'un éclairage public défaillant, en plus du non-respect de certains aspects comme c'est le cas des temps de conduite fixée aux professionnels de la route à 6h, alors que certains chauffeurs vont, besoins financiers obligent, à rester rivés à leur siège jusqu'à 10h, sont autant de carences qui relèvent directement de la responsabilité des services publics concernés. La solution salutaire passe inéluctablement par le développement des transports collectifs et l'ouverture à la circulation de l'autoroute Est-Ouest et plus tard, celle des Hauts Plateaux, afin de délester le réseau routier actuel et diminuer, un tant soit peu, la motorisation individuelle, selon un cadre des Transports.

En 2007, les services de la gendarmerie de la wilaya ont procédé au retrait de 3 767 permis de conduire, soit 765 de plus que l'année précédente, pour des infractions au code de la route. A mentionner que 80 % des causes sont imputées à l'excès de vitesse, entre autres. 267 accidents de la circulation routière ayant causé 7 morts et 334 blessés ont été enregistrés au cours du premier semestre de l'année 2007 au niveau de la wilaya de Tlemcen, selon un bilan établi par les services de la Sûreté de wilaya. Les causes de ces accidents sont l'excès de vitesse, la conduite en état d'ivresse, le non-respect des distances de sécurité.

Il ressort du bilan du plan Delphine, inhérent à la saison estivale passée (2008), 257 accidents de la route qui trouvent leur origine dans l'excès de vitesse, le dépassement dangereux, le défaut de maîtrise... Relevons dans ce contexte, que sur les 16 RN soit 827.146 km que compte le réseau routier de la wilaya, 15 sont classées points noirs, notamment les RN 22, 07, 98, 35... Par ailleurs, lors d'une journée d'études consacrée à la sécurité routière qu'avait initiée l'ex-CIAJ en février 2005, à la veille de l'entrée en vigueur du nouveau CDR, un représentant de la direction des Transports avait indiqué alors, que 45 % du parc automobile ont plus de 20 ans (soit 800 000 véhicules).

Rappelons que cette journée avait été sanctionnée par une série de recommandations visant à lutter contre ce fléau appelé, à juste titre, « terrorisme routier », à savoir la multiplication des contrôles, l'application effective de la loi (en l'occurrence celle n°4-16 de novembre 2004), la coordination entre les services (GN. SW, PC, SAMU, UMC), l'implication de l'école (RSE), l'inscription du groupe sanguin sur la CNI (piéton et/ou passager) à l'instar du permis de conduire (automobiliste)...

Enfin, il convient d'indiquer que la commission de retrait de permis de conduire, présidée par le DRAG, siège régulièrement au niveau de la wilaya, pour statuer sur les dossiers qui lui sont soumis (100 à 120 traités lors d'une audience au cours de laquelle comparaissent les contrevenants convoqués dans ce cadre). Sont représentées au sein de cette instance disciplinaire d'exception, la Gendarmerie nationale, la Sûreté de wilaya, la Justice, la direction des Transports (service des PC, examinateur, auto-école), la direction des Mines, la direction des Travaux publics. La CWRPC se réunira pour ce mois de novembre suivant les dates des 10, 17, 19 et 24, selon une source sécuritaire.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Allal Bekkaï. Le 12 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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