Algérie - Le ministère de la Communication remplacé par un secrétariat d'Etat: Une disparition structurelle
Si, structurellement, la disparition du ministère de la Communication introduit inévitablement un allègement de l'arsenal politique, qui a canalisé jusque-là l'information, la création d'un secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre pour s'en charger doit répondre d'une logique politique, dont l'étroitesse en matière de liberté et de droit devrait faire peur.
« Je suis le rédacteur en chef de l'APS », avait rétorqué un jour, tout à fait au début de son premier mandat, le Président Bouteflika, pour montrer à quel point il tenait à ce que l'information soit préalablement contrôlée avant d'être diffusée.
Il faut croire que si le système politique avait décidé à la fin des années 80, de lâcher quelque peu la bride en matière de communication pour en partager la sphère entre le secteur public et celui privé, il a fait en sorte qu'elle reste sa chasse gardée en usant de subterfuges parfois absurdes. L'information n'a, ainsi, jamais réussi à s'émanciper du joug de ses officines en faction.
Celle diffusée par les médias publics est restée totalement entre leurs mains avec tout ce que cela lui implique comme teneur rebutante, rébarbative, rétrograde et arriérée.
C'est ainsi que les médias lourds sont toujours coincés dans l'ère des marches spontanées, des discours pompeux et de l'allégeance pour le plus fort. Pour l'information des supports privés, celle-là est pour les mêmes raisons, très souvent tenue de tempérer ses ardeurs. Il se trouve dans ce domaine que des plumes refusent de se mettre à la disposition de ces pouvoirs.
C'est ce qu'on qualifie, d'ailleurs, d'électrons libres. Mais, dans un pays où les libertés et les droits sont péniblement négociés et lourdement conditionnés, leur élan s'apparente incontestablement à un faire-valoir que le pouvoir politique, notamment, tient en main pour pouvoir, si besoin est, se targuer de l'ouverture.
En l'absence d'ouverture politique concrète et soutenue, l'on se retrouve à dire pourvu que ce souffle continue d'exister...
La disparition structurelle du ministère de la Communication de l'organigramme du gouvernement prêterait d'ailleurs, au pouvoir politique des velléités de libérer quelque peu l'information de son carcan.
Il est connu que les grandes démocraties de par le monde n'ont pas gardé de structure aussi lourde pour gérer ce secteur, sensible soit-il. L'exemple le plus proche des yeux est celui de la France, où le ministère de la Communication a cessé d'exister depuis longtemps. Il existe des autorités qui surveillent le respect de l'éthique, comme c'est le cas du Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Quand à la presse écrite, en cas de dépassement ou de diffamation, elle est comme tous les citoyens, justiciable. Elle doit donc répondre de ses actes devant la justice.
L'on s'estime heureux chez nous, si l'on n'est pas resté au temps des tribunaux spéciaux et des chambres spéciales presse qui jugeaient les journalistes.
Comme ce fût le cas durant les années 90. Il est dit aussi que le temps des comités de censure, siégeant dans les imprimeries, est révolu. Ou presque, puisque le secteur de la presse et les rédactions, en général, fourmillent d'agents des renseignements généraux pour que tout ce qui se fait et se dit soit rapporté aux officines. L'imprimatur reste aussi de mise tant des initiatives de création de journaux ont été étouffées dans l'oeuf.
Pis, l'acte d'écrire n'a jamais été dépénalisé. L'aspect architectural du paysage médiatique, entendre par là presse privée, est souvent tracé selon les exigences d'un pouvoir politique qui n'aime pas être contredit. La création d'un secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication rapproche étroitement de cette thèse. Elle rapproche surtout la communication du premier décideur du pays en braquant sur elle l'oeil vigilant de son Premier ministre.
Il faut admettre que la conjoncture actuelle ne permet aucune dérive.
Elle semble contraindre à se plier à un commandement qui doit sa force, en plus de la courtisanerie, à son recours à divers moyens de persuasion ou de dissuasion, c'est selon. Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN a bien reconnu que la corruption a pris de l'ampleur dans les milieux politiques.
C'était lors des législatives de novembre 2007, où des masses d'argent ont été dépensées pour pouvoir faire partie du premier cercle des courtisans. L'élection présidentielle n'étant pas loin, la communication se doit de discipliner notamment sa plume et son verbe.
« Si vous voulez punir ceux-là (les terroristes ndrl.), punissez donc ceux qui tuent quotidiennement par la plume et par le verbe, soyez justes », a soutenu le président de la République le 30 octobre dernier, lors de son discours inaugural de l'année judiciaire. Humainement, il est permis de ne pas entrevoir dans ces propos, des velléités de muselage du verbe ou de la plume, qui continuent de croire que tout n'est pas perdu.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par Ghania Oukazi . Le 17 Novembre 2008.