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Algérie - Avec les compliments du FMI...

Avec les compliments du FMI Avons-nous réellement appris quelque chose de nouveau des commentaires des experts du FMI sur l'économie algérienne ? Constatons d'abord que le style ne change pas, il est toujours celui des fatwas « technicistes » avec le même jargon qui est la marque de fabrique de l'institution.

Sur le fond, rien de nouveau non plus : la mission de ces employés du libéralisme dans sa version monétariste est d'évaluer et d'apprécier la capacité de l'Algérie à faire gagner de l'argent aux banques internationales et au marché des bons du Trésor américain.

Si le diagnostic ne surprend pas, les conclusions s'apparentent à l'acte de défoncer des portes ouvertes. Ainsi, il faudrait ralentir l'investissement public et réduire les importations pour demeurer liquide à l'extérieur si la baisse des prix du pétrole venait à perdurer et à rogner l'excédent de la balance des paiements.

En passant, il faut éviter de réévaluer le dinar pour décourager l'importation. L'économie réelle, le marché intérieur et leurs rapports à la crise, ce n'est pas vraiment l'affaire du FMI. Son business, c'est la finance mondiale... Et de veiller à ce que les pays qui font appel à son office soient en position de rembourser leurs créanciers et le FMI lui-même. Nos économistes officiels devraient hésiter avant de pavoiser devant le contentement du FMI.

Ces experts en mission pédagogique nous «informent» que nous ne sommes pas «directement» affectés par la crise financière, alors que l'évidence a été ressassée jusqu'à la nausée. Ils nous confirment également que nous risquons de pâtir d'une baisse durable du prix du pétrole en raison de la récession économique mondiale, ce qui n'est pas vraiment une découverte fulgurante.

Pour le reste, on peut se rengorger et faire mine d'enregistrer une sorte de satisfecit global : dinar stable, réserves de change bien « placées », même si nous risquons de ne pas voir la couleur des intérêts. Et bien entendu, ils nous « avertissent » que le programme d'investissement public devra être révisé à la baisse si le pétrole continue son plongeon.

L'éloge du FMI est conventionnel, néolibéral, classique, idéologique et déconnecté de la réalité. Dans la grande tradition des compliments mielleux auxquels le pays est habitué depuis qu'il s'est structurellement ajusté avec des résultats dont on parle nettement moins.

Nos économistes non officiels tiennent, et c'est tant mieux, des discours moins lénifiants. Derrière les bons points décernés en fonction des critères néoclassiques du FMI, ils s'inquiètent de la stagnation de l'économie et de sa totale dépendance à l'égard des recettes d'hydrocarbures. Leur optique est très naturellement différente, pour ne pas dire aux antipodes de celle des experts du FMI.

Etre en mesure de couvrir ses importations pendant deux ou trois ans n'est pas automatiquement un critère de bonne santé, surtout si cela dépend de la seule exportation des hydrocarbures. C'est même de ce domaine précis que l'on doit s'inquiéter. Avec un taux de chômage très important, pas d'investissements productifs, nous importons tout et donc on exporte des capitaux.

Il ne faut pas s'attendre à ce que l'expertise du FMI, qui a contribué à la dévastation d'économies autrefois prospères, suggère les voies et moyens de produire sur place pour importer moins, créer de la richesse et de l'emploi. Il serait plus sage de paraître trop satisfaits du satisfecit des experts du FMI. En le lisant entre les lignes, c'est notre fragilité qui apparaît...

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com


D'apres Le Quotidien d'Oran. www.lequotidien-oran.com. Par K. Selim . Le 17 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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