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Algérie - Les clignotants au rouge dans divers secteurs : Le front social en voie de radicalisation

le front social Finies les grèves de deux ou trois jours. L’Intersyndicale autonome de la Fonction publique (IAFP) opte, comme d’autres entités syndicales, pour le durcissement. « Les débrayages de courte durée ne rapportent rien.

Nous en avons déjà fait l’expérience et vu que cela pénalisait les fonctionnaires contestataires qui subissaient à chaque grève des ponctions sur salaire sans que cela ne fasse avancer pour autant leurs revendications », souligne Mohamed Salem Sadali, secrétaire général du SATEF, lors d’une conférence de presse de l’IAFP tenue hier au siège du SNAPAP à Alger.

Ce constat pousse l’Intersyndicale à revoir son plan d’actions futures. « Les militants syndicaux veulent passer à un niveau supérieur. Certains d’entre eux insistent pour qu’on aille vers une grève illimitée. D’autres suggèrent la radicalisation du mouvement de contestation. Une chose est sûre : aucun militant de base ne veut la poursuite de ces grèves cycliques d’une ou deux journées », indique-t-il.

Pour décider de la forme et du ton à donner à sa prochaine action, l’Intersyndicale va retourner vers sa base militante. En premier lieu, elle compte soumettre à l’approbation de la base une « charte d’actions », qui comporte plusieurs points dont l’organisation de rassemblements régionaux dans toutes les wilayas du pays. Mais le point focal reste la rencontre prévue le 28 novembre à Alger, qui permettra à ce regroupement syndical de fixer ses actions futures, selon le vœu de la base. Dans la « charte d’actions », il est prévu également l’organisation d’un sit-in devant le Palais du gouvernement.

Cela parce que les animateurs de l’Intersyndicale savent qu’ils ne peuvent rien arracher en s’adressant aux différents ministères dont ils dépendent. « La question des salaires ne relève plus d’un ministère. C’est la responsabilité du gouvernement », explique Idir Achour, chargé de la communication au sein du CLA. Pour amener tout un gouvernement à écouter leurs revendications, les membres de l’IAFP tablent sur l’unité de leurs rangs. « Notre seule arme est de renforcer notre solidarité syndicale. Nous ne voulons pas de batailles entre syndicats.

Les portes de notre organisation restent ouvertes à tout syndicat crédible », soutient le représentant du CLA. Le SG du Satef, M. Sadali explique cette « prudence » par ce qui s’est passé dernièrement au sein de l’autre entité syndicale, à savoir la Coordination autonome de la Fonction publique qui, selon lui, a été parasitée des « syndicats clonés qui ont été créés et gérés par le secrétaire général du ministère de l’Education nationale ».

L’Intersyndicale affirme qu’il n’y aura pas de trêve sociale ni de répit. « Nous allons continuer notre contestation jusqu’à l’aboutissement de notre plate-forme de revendications », affirme M. Sadali. Parmi les points relevés dans la plate-forme de revendications, il y a la revalorisation des salaires, l’abrogation de l’article 87 bis, la révision à la hausse du point indiciaire et son indexation sur un pouvoir d’achat viable. « Avec l’inflation qui risque d’atteindre, en 2009, les 7%, la situation est des plus inquiétantes.

Car une forte inflation se traduit par baisse du pouvoir d’achat », affirme Messaoud Boudiba, chargé de la communication au CNAPEST. L’intersyndicale affirme que la situation ne présage rien de bon. Les fonctionnaires sont confrontés à des lendemains incertains. Pour le représentant du CNES-section, Saïd Goussam, ce qui se passe en Algérie est atypique.

« Citez-moi un seul pays au monde où les députés touchent 40 fois le SNMG. Aucun, sauf le nôtre. C’est scandaleux ! », fulmine-t-il. En dénonçant les dernières augmentations salariales accordées aux députés qui perçoivent désormais une mensualité de 300 000 DA, M. Goussam souligne la précarité dans laquelle se trouvent les fonctionnaires tous corps confondus.

« Il y a des enseignants qui n’ont pas perçu leurs salaires depuis 5 ans », indique-t-il, déplorant par là même le démantèlement du tissu économique national. « Le dernier coup en date est celui des terminaux à containers cédés aux Emiratis », relève-t-il.

De son côté, Idir Achour tente d’illustrer la précarité des enseignants et autres travailleurs de l’éducation en livrant quelques chiffres. « La majorité des lycées a de 5 à 10% d’enseignants en préemploi et 50% d’agents administratifs en emploi de jeunes. Leurs salaires varient entre 2500 et 8000 DA », atteste-t-il, précisant que les salaires appliqués actuellement permettent à peine aux fonctionnaires de subvenir à leurs besoins pendant les 15 premiers jours du mois.

Ce constat dramatique est partagé par les autres membres de l’intersyndicale. Dans ce sillage, Smaïl Hadji, secrétaire général du syndicat des professeurs en paramédical (SNPEPM), dénonce la politique du deux poids, deux mesures. « Pourquoi l’austérité s’applique-t-elle uniquement aux simples fonctionnaires ? Qu’ils commencent d’abord à l’appliquer sur eux », note-t-il.

Outre les prochaines actions de l’IAFP, le puissant syndicat des dockers a appelé à une grève nationale dans les ports, les 24 et 25 du mois en cours. Aussi, la Coordination autonome de la Fonction publique envisage-t-elle d’autres journées de grève, n’ayant rien obtenu à son dernier débrayage de trois jours observé la semaine dernière. Les adjoints de l’éducation ont, de leur côté, fait grève ces derniers jours. Les vétérinaires comptent, eux aussi, reprendre la voie de la contestation. Les semaines à venir risquent d’être « explosives ».

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com


D'apres El Watan. www.elwatan.com. Par M. A. O . Le 18 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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