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Algérie - La télé malade du pouvoir

la tele malade du pouvoir S’il y a une institution en parfaite osmose avec l’autorité, c’est bien l’ENTV. Tous les régimes politiques, depuis 1962, ont mis à profit sa capacité à toucher, partout et à tout moment le plus grand nombre de gens attirés et fascinés, par tradition, par la force de l’image.

Ces dix dernières années, l’ENTV a veillé scrupuleusement à ce que le discours officiel du régime incarné par Bouteflika soit répercuté et amplifié à l’extrême, ne s’embarrassant d’aucune éthique journalistique au moment du traitement de l’information politique : l’opposition n’a accès aux écrans que lors des campagnes électorales, ses propos soigneusement filtrés.

Les JT quotidiens ont la double fonction de valoriser l’image du président de la république et d’étaler dans ses moindres détails l’activité gouvernementale. En ne regardant que les écrans de l’ENTV, le citoyen ne sait rien de l’Algérie réelle, des souffrances populaires, des luttes syndicales, des confrontations politiques, des difficultés du pays, etc. L’Algérie, selon ce média lourd, est un long fleuve tranquille qui s’écoule en un matin calme. De ce fait, la démission ces jours-ci de son directeur général, Habib Hamraoui Chawki, fait perdre au pouvoir un de ses plus fidèles serviteurs.

En réalité, HHC n’y a apporté qu’une bonne dose de zèle, n’étant en rien responsable de l’orientation stratégique du média qu’il dirige depuis dix ans. L’information télévisuelle a toujours été pensée par l’entourage même du président de la république et souvent directement par ce dernier.

A ses détracteurs, HHC a toujours opposé l’argument du « cahier des charges » qui le lie au gouvernement. C’est pourquoi, il ne faut pas s’attendre à ce que son successeur soit en mesure de changer quoi que ce soit dans la ligne dure de l’ENTV, d’autant que l’entreprise est appelée, dans les prochains jours, à prendre en charge la campagne politique et électorale du président de la république une fois rendue publique sa décision de briguer un troisième mandat. Abdelkader Eulmi, le nouveau patron, apportera, tout au plus, sa touche personnelle au niveau de la forme.

Idem pour le nouveau directeur général de l’ENRS, Tewfik Khelladi, qui vient de remplacer Azzedine Mihoubi, promu secrétaire d’Etat à la communication, encore que la radio a toujours disposé d’une certaine marge de manœuvre.

C’est, à l’évidence, dans la rupture du lien qui les lie au pouvoir politique que les médias lourds et ceux de toute la presse publique trouveront leur salut. Mais ce ne sera possible que dans un bain réellement démocratique.

L’Algérie a connu un épisode de l’ouverture de l’audiovisuel public à la fin de la décennie 89 - début 90. La parenthèse a vite été fermée par l’irruption de la violence islamiste et le retour graduel de la pensée unique, celle-ci se réinstitutionnalisant dès 1999. La presse indépendante qui a réchappé à ce double fléau n’arrête pas, elle, de payer durement sa velléité de faire tout simplement son travail d’informer.

Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com

D'apres El watan. www.elwatan.com. Par Ali Bahmane. Le 20 Novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 

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