Algérie - LE CRéDIT DE L'OPEP
Le pétrole est repassé, hier, au dessus du seuil des 50 dollars. Par un abus de langage qui ne manque pas d'humour, les agences de presse ont parlé de «rebondissement». C'est que la veille, jeudi, le cours était passé au-dessous du «seuil symbolique» de 50 dollars. Pourquoi symbolique ?
Là également, c'est un abus de langage lié à la recherche d'un repère dans un contexte économique mondial très volatile.
Il est donc utile de rappeler que le pétrole a perdu les deux tiers de sa valeur depuis juillet 2008, où il avait atteint la barre des 147 dollars le baril. Le mot «rebondissement» n'a guère de sens quand on assiste à un réel effondrement du prix du pétrole. Rien n'interdit de penser, au vu des mauvaises nouvelles qui s'accumulent pour l'économie, que les prix ne vont pas continuer leur plongeon.
A plus forte raison quand l'Opep, sous hégémonie saoudienne, ne parvient pas à prendre des mesures substantielles de compression de l'offre pour enrayer la baisse des prix.
Idéalement, face à l'effondrement continu des prix (moins de 60% par rapport à juillet), l'Organisation devrait prendre des décisions le 29 novembre prochain au Caire. Mais apparemment, il faudra attendre la réunion d'Oran, le 17 décembre prochain.
Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep, a parlé, sans donner de détails, d'une «décision importante» qui sera prise à Oran.
Pourquoi attendre le 17 décembre ? Le ministre algérien a expliqué que la réunion du Caire sera une «consultation» car les pays membres n'auront pas des données «suffisantes pour permettre une décision réaliste». A l'évidence, ce ne sont pas les données du marché qui manquent, mais les données politiques avec une Arabie Saoudite, producteur prépondérant au sein de l'Organisation, qui traîne lourdement des pieds pour appliquer les réductions déjà décidées.
Certes, elle a fini par aviser ses clients d'une réduction de 5% de ses exportations, mais elle y a mis tellement de temps que cela est devenu un signal négatif pour les marchés.
Le ministre algérien n'a pas tort de relever que si on n'a pas «rempli les premiers engagements et qu'on décide d'une autre réduction, l'Organisation ne va pas être crédible».
Apparemment, c'est la raison qui explique qu'une «décision importante» ne sera prise que le 17 décembre, le temps de s'assurer, non des données du marché - elles sont aisément lisibles et dans un sens inquiétant -, mais de la disponibilité politique de l'Arabie Saoudite à agir sur l'offre.
En attendant, il faut bien constater que d'une réunion «extraordinaire» à une autre, le crédit de l'Opep a déjà été entamé et sa capacité à agir efficacement mise en doute.
Car si les prix baissent encore davantage, les investissements dans la prospection et l'exploitation de gisements complexes ne seront plus rentables. De nombreux projets d'investissement pourraient être annulés. La production risque de baisser et ferait craindre un risque de pénurie. Les prix pourraient alors augmenter. L'Opep n'y sera pour rien. Et apparemment, ce scénario, risqué et peu sûr dans un contexte de récession, ne déplaît pas aux Saoudiens qui ne manquent pas de fonds. Si l'Opep rate encore sa « décision importante» à Oran, son crédit ne pèsera pas plus lourd qu'un baril dévalué...
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Le Quotidien d'Oran .www.lequotidien-oran.com. Par H. Saaïdia. Le 22 Novembre 2008.