Algérie - «Fier d’avoir relevé le défi de Mexico-86»
Que devient Belkacem Mokdadi?
J’observe à l’heure actuelle une halte volontaire après avoir récemment drivé la sélection nationale des moins de 17 ans. Je garde tout de même un œil attentif et interessé sur notre fooball, que je servirai peut-être encore à l’avenir. Aussi je vous signale que je suis retraité du MJS en tant que cadre de l’enseignement du sport, faisant partie de la première promotion avec les Bourouiba, Benmansour, Kribiche, Badani, Bourboune.
Pouvez-vous nous rappeler votre itineraire sportif ?
Mes débuts, je les ai faits à Médéa durant la saison 1957/58. C’était dans le cadre des activités sportives du lycée Bencheneb. J’étais cadet 2e année, et je prenais juste le palisir de mépanououir en jouant au ballon. Avec mes qualités intrisèques, j’attire l’attention des responsables du club de Cherchell la Cesarienne sportive qui ont tout fait pour m’engager. Je ne peux, du fait de l’ordre imposé par le FLN, céder à leur sollicitation.
Dès le lendemain de l’indépendance, je suis l’objet de convoitises de bon nombre de clubs, dont le Mouloudia de Cherchell, mon patelin de naissance. A 18 ans à peine, je deviens d’emblée un titulaire à part entière, tantôt milieu offensif, tantôt ailier gauche. A Cherchell, je serais un fidèle serviteur de 1962 à 1968.
Remarqué par certains dirigeants de l’USMA, dont le regretté entraîneur Abdelaziz Bentifour, Mahieddine Allouache et Yacef Saâdi, j’opte pour le club algérois dont je porterais les couleurs de 1968 à 1970 avant de retourner à Cherchell où je passe une autre saison avant de suivre une formation d’entraîneur de haut niveau au célébre institut international de Lepzig en Allemagne. Avec Zerar, Belabidi, Benyelles, Belayachi, Maghfour et Bellil.
Dès mon retour au bercail, je deviens directeur technique régional à Alger et fomateur de cadres et entraîneurs des 1e, 2e et 3e degrés. De 1974 à 1976, j’entraîne l’O Médéa qui accéde en division 2. Avec l’avénement de la réforme sportive, je retrouve l’USMA comme entraîneur cette fois. De 76 à 78, j’ai eu l’honneur d’encadrer des joueurs particulièrement talentueux à l’image des Keddou, Abdouche, Bouaïchaoui, Branci, Derouaz, Guedioura, Slimani, Amenouche, Lala, Zeribet, Laroui, Akli... Je reprends du service avec l’O Médéa, que je dirige de 78 à 80. A Médéa, je suis également chargé de diriger l’OPOW, complexe sportif.
En 1984, je suis désigné par le MJS entraîneur de l’équipe nationale A en compagnie de Saâdane. Une lourde résponsabilité, d’autant que c’est dans des conditions particulièrement difficiles que Saâdane et moi avions accepté de relever le défi. Nous avons réussi dans notre entreprise puisque l’équipe nationale s’est brillanmment qualifiée à la phase finale de la coupe du monde 86 de Mexico. La saison d’après, je fais une virée en Arabie Saoudite où je dirige le club de Demmam qui évolue en division 2 et où activait également Aziz Derouaz comme entraîneur de l’équipe de handball.
De 1988 à 1990, j’occupe le poste de DEN à la FAF dirigée alors par Belaïd Lacarne. Avant de retourner en Arabie Saoudite où j’entraîne cette fois-ci de 93 à 95 l’équipe de division 2, El Djabaline, je passe trois saisons - 90 à 93- au CRB présidé par le regretté Hamid Aït Igrine. De 1995 à 1998, je suis entraîneur DTS de l’USMA, du CAB et de l’O Médéa. Avant d’être DTN et entraîneur de l’EN des - 17 ans, je dirige l’équipe libyenne de 1ère division El Beïda durant la saison 98/99.
Une idée sur votre palmarès ?
«-La participation de l’EN à la phase finale de la coupe du monde 86 de Mexico. Les finales perdues alors que je dirigeais l’USMA (défaite par 1-0 en 76/77 face au CRB) et le CAB (battu par 1-0 en 96/97 par l’USMA), l’accession en division 2 de l’O Médéa, la finale de l’EN A perdue en 72/73 devant le Maroc dans le cadre des championnats maghrébiens joués à Casa ainsi que la victoire en l’équipe nationale junior remportée au tournoi de Gant en Belgique, avec les Guedioura, Zidane, Teldja Ali Messaoud, Boumaraf, Bencheïkh....
Le meilleur souvenir de votre carrière ?
La participation de l’EN à la phase finale de la coupe du monde 86 à Mexico restera à jamais gravée dans ma mémoire. Les deux finales de coupe d’Algérie que je n’ai pu hélas gagner, constituent des souvenirs impérissables.
Votre plus mauvais souvenir ?
«Je l’ai vecu à la veille du déplacement avec l’équipe nationale junior à Gant durant la saison 72/73. Ayant suspendu 3 ou 4 joueurs du NAHD pour absence au regroupement, j’ai été menacé par certaines sphères qui ont tout fait pour m’éloigner de l’équipe. Malgré cela, notre équipe a remporté haut la main le tournoi en question en présence de sélections particulièrement huppées telles que l’Angleterre, l’Allemagne, la France, la Hollande.
Une affaire d’honneur pour nos jeunes joueurs qui visitant la ville de Gant la veille du tournoi, avaient aperçu de nombreux écriteaux interdisant l’accès à certains endroits, aux Arabes, Noirs et animaux. A notre retour à Alger, j’ai constaté avec beaucoup de fierté que ceux qui ont été derrière mon procès d’intention se sont fait malgré leur stature tout petits.
Quel a été votre entraîneur modèle ?
Le regrétté Abdelaziz Bentifour que j’ai connu à l’USMA. J’ai énormément apprécié ses grandes compétences professionnelles et son impressionant charisme.
Le dirigeant ?
Le regretté Boumezrag, le père spirituel de la glorieuse équipe du FN, que j’ai eu le privilège de connaître à la FAF, lorsque j’occupais le poste de DTN.
L’arbitre ?
J’avais beaucoup de respect et d’admiration pour Akacha qui officiait durant les années 60 et 70 et qui portait son fameux béret noir. Directeur de banque, il était intellectuel et avait un réel bon de la communication. J’ai également beaucoup apprécié le savoir-faire et l’honnêteté de Belaïd Lacarne et Mohamed Hansal.
Avec quel coéquipier aviez-vous eu le plus d’affinités ?
C’est avec Hamid Bernaoui qui était mon coéquipier à l’USMA que je me sentais le plus proche. Nos relations étaient réellement fusionnelles.. C’est toujours avec le même plaisir que je le rencontre de temps à autre. Hamid est resté quelqu’un de généreux et très sympa.
Quel est le défenseur que vous craigniez le plus ?
A vrai dire, techniquement je n’avais peur de personne. Je détestais les défenseurs au jeu carrément agressif et dangereux.
Que pensez-vous de l’apport des techniciens étrangers ?
Je suis pour ceux qui ont fait leurs preuves et contre ceux qui viennent comme de réels mercenaires. Il y a de très bons entraîneurs locaux qu’il faut encourager et aider.
Vos principales qualités tant sur le terrain qu’en dehors ?
Le dribble rapide et efficace, celui qui me permettait de tirer ou de passer était ma principale arme. Dans ma vie courante, je reste quelqu’un de simple et humble à la fois.
Vos défauts majeurs ?
J’avais tendance à ne pas beaucoup utiliser le pied droit. En dehors du terrain, je reconnais être exagérément gentil et un peu solitaire.
Que vous a apporté le football ?
Le football a été pour moi une réelle fenêtre ouverte sur le monde. En choisissant le métier de footballeur et d’entraîneur, je me suis énormément formé sur le plan humain.
Quelle comparaison faites-vous entre le football de votre génération et celui de ces derniers temps ?
A notre époque, le football était plus efficace. De nos jours, les joueurs ont tendance à jouer pour plaire au public. Souvent ils cherchent beaucoup plus la difficulté et non le geste facile et simple. La différence réside je pense à ce niveau.
Quels sont vos joueurs préférés ?
Le gardien de la grande équipe du CRB et de l’EN Mohamed Nassou, un réel félin, qui pouvait jouer dans n’importe qu’elle équipe professionnelle de l’époque. Il avait réellement la dimension mondiale. Avec lui, je citerai également Ahcène Lalmas qui pouvait lui aussi être un des meilleurs attaquants au monde s’il était un peu plus discipliné.
Que pensez-vous de la montée de la violence ?
C’est simple. Pour l’éradiquer, il faut faire en sorte qu’il y ait plus jeunes sur le terrain et à l’entraînement et plus de personnes âgées sur les gradins. C’est du moins ma vision des choses.
Avez-vous un quelconque passe-temps favori ?
La pêche à la ligne et la chasse sont mes principales activités que je pratique avec beaucoup de plaisir à Cherchell.
Qu’appréciez-vous le plus chez l’homme ?
J’ai beaucoup de respect pour quelqu’un qui fait preuve d’un réel engagement pour le pays.
Ce que vous détestez le plus par contre ?
J’ai horreur de quelqu’un qui parle pour ne rien dire. Etre efficace et ne pas perdre de temps, c’est ma philosophie à moi.
Etes-vous branché politique ?
Pas spécialement, même si je souhaite vivement voir l’épanouissement et le développement de tous les secteurs d’activités du pays.
Un homme politique préféré quand même ?
Yacef Saâdi que j’ai connu et approché à l’USMA m’a fortement impressionné par son humilité et son énorme milantisme.
Votre plat de cuisine préféré ?
Les poissons, j’en raffole.
Quelque chose à dire pour conclure ?
Avoir une jeunesse digne de nous représenter à tous les niveaux et surtout d’une manière engagée.
Synthèse de l'article - Equipe Algerie-Monde.com
D'apres Horizons-dz . www.horizons-dz.com . Entretien réalisé par Abdenour Belkheïr. Le 28 Novembre 2008.